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jeudi 27 janvier 2022

Les mots entre mes mains - Guinevere Glasfurd

Quel roman superbe. Superbe mais poignant.
Les mots, si importants, si dérisoires aussi parfois.
Mais aussi la vie des femmes au 17e siècle, de malheurs en malheurs, si peu considérées, si maltraitées.
Et un petit aperçu de la vie de Descartes, grand philosophe, grand scientifique, mais un homme aussi, on n’y pense pas forcément.

1635, République des Provinces-Unies des Pays-Bas.
Helena doit partir vers un ailleurs inconnu, quitter Amsterdam pour Deventer, où personne ne l’attend.
Par des retours en arrière, on va vite comprendre le pourquoi de cet exil.
Et découvrir combien est dure la condition féminine de l’époque.
Car Helena n’a aucun droit, aucun. Elle doit servir, se taire, accepter, et quoiqu’il lui arrive, ce sera toujours elle la fautive. Jamais les hommes qui la maltraitent, se servent d’elle. Même de sa propre famille elle n’a rien à attendre.
J’avoue m’être prise à espérer une éclaircie dans sa vie. Elle est si touchante Helena
Mais même auprès de Descartes, qu’elle appellera toujours « Le Monsieur », elle n’est guère plus qu’une servante. On voit qu’il tient à elle, mais son œuvre, ses recherches passent avant tout, il n’est pas homme à se préoccuper des contingences matérielles et de la vie quotidienne.

Mais si ce roman est si poignant et si prenant, c’est grâce à Helena, qui malgré des conditions de vie bien difficiles, essaie de dépasser sans cesse ce qu’elle peut faire et comprendre, veut parvenir à lire et écrire. Et comprendre les mots, et au delà, comprendre les pensées, la philosophie et la cartographie. Elle souhaiterait même être éditée même  Alors qu'elle n'est qu'une femme ! 
Pas étonnant que « Le Monsieur » homme d’une intelligence rare, se soit attaché à cette femme, même si on aurait aimé qu’il soit un peu plus attentionné.

Bravo à l’autrice, à partir d’une femme dont on sait sans doute assez peu de choses, d’avoir su transcrire cette superbe ode au verbe.
Difficile d’en rendre compte, mais c’est vraiment un très beau roman. 
Il y a tant de choses dans ce roman dont j’aimerais vous parler, l’importance des mots, toujours. Je vous laisse le découvrir.

Je remercie énormément Ramettes qui m’a offert cette belle lecture. Allez voir sa chronique, elle en parle bien mieux que moi.

Extraits :

Si Dieu voulait qu’on écrive, il nous permettrait d’aller à l’école.
[…]
Sur le chemin du retour, je me remémore ce que j'ai dit. Les mots changent tout, même ce que je pense.

***
Je ne parviens pas à chasser de mon esprit ce que le Monsieur a dit : Les livres ont de la force. Ils ont des conséquences. Certains ouvrages sont brûlés et leurs auteurs emprisonnés, ou pire. Je suis stupéfaite qu’on puisse lui vouloir du mal. 

Qui en parle ? : Ramettes

Titre original : The Words in my Hand (2016)
Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Claire Desserrey
Éditeur : Le Livre de Poche – 2 septembre 2020 – 441 pages – 8.40 €
(Édition brochée : Prélude (2016) 15.90 €)





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