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jeudi 3 février 2022

La vie selon Hope Nicely – Caroline Day

J’ai eu quelques bien jolies lectures avec cette collection Instants Suspendus, mais je n’ai pas accroché avec celle-ci. 
Pourtant un thème intéressant, une histoire prenante et des personnages touchants. D’ailleurs, j’avoue avoir versé des larmes (d’émotion) sur la fin. 

Pendant quelques jours, nous allons voir le monde à travers les yeux d’Hope. Elle souffre de TSAF (trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale) et peut donc être tour à tour très attachante et très agaçante, voire parfois violente. Abandonnée à la naissance, elle vit seule avec sa mère adoptive, une femme extraordinaire. Elle est cependant perturbée de ne pas connaître sa mère biologique, et espère naïvement qu’écrire un livre sur sa vie lui permettra de la rencontrer.
Vont graviter autour d’elle des personnages hauts en couleurs, et assez souvent bienveillants.
L’histoire est intéressante, et peut aussi constituer une mise en garde contre la consommation d’alcool pendant la grossesse.

Pourquoi alors mon manque d’enthousiasme ?

D’abord, je l’ai trouvé très triste pour une collection qui se veut « feel good » et bulle de tendresse.
Dans un autre contexte, ça m’aurait sans doute moins gênée, mais là, je m’attendais à des moments plus gais, à moins de douleur. Et franchement, même si elle est entourée de quelques personnes bienveillantes, la vie d’Hope s’annonce bien sombre. Mis à part quelques derniers chapitres (et encore !)

D’autre part, j’ai trouvé qu’on se dispersait beaucoup. Toute une partie sur les conseils pour écrire un livre. Plutôt intéressants d’ailleurs, mais vraiment très détaillés, c’est assez surprenant dans un roman dont ce n’est pas le but premier. Un autiste Asperger qui parle pendant de très longs moments sur les sujets très pointus qui le passionnent, et auxquels on ne comprend pas plus que la pauvre Hope, sauf quand ses connaissances lui servent à assener des statistiques sur le peu de chance de s’en sortir en bon état après certains accidents de la vie. Les digressions sur les divers romans qu’élaborent les participants au groupe d’écriture.
J’ai trouvé cela très long et parfois lassant.
Déjà, la maladie d’Hope fait qu’elle ressasse et redit sans cesse les mêmes choses. C’est le cœur du roman, même si ça parait parfois un peu long.
Mais je me suis surtout ennuyée à suivre les ébauches de romans des écrivains en herbe, qui n’apportent rien au sujet central. Ainsi que le délire verbal de Connor, c’est long…

Une fois terminé, je m’aperçois que les personnages m’ont marquée et que leur histoire m’habite encore, mais pendant la lecture, j’avoue m’être demandé de temps en temps si j’arriverai au bout.

Raisons assez personnelles, n’hésitez pas à le lire pour vous faire une idée.

Extraits :

Les chiens, c’est bien mieux que des amis parce qu’ils font attention à nous.

***
Le fait est que la fiction doit être beaucoup plus crédible, beaucoup plus réelle que la vie.

***
Je me demande ce qui peut se passer dans une tête complètement vide. Parce que dans la mienne, il y a des mots, des mots, des mots qui essaient tous de sortir en même temps. Mais s’ils n’étaient pas là ? Si elle était complètement vide ? Est-ce que je serais encore Hope Nicely ? Ou bien quelqu’un d’autre ? Ou même pas, puisqu’il n’y aurait plus rien dedans ?

***
Si quelqu’un te donne l’impression de devoir changer, cette personne ne mérite pas d’être avec toi.

***
nos sensations ne passent pas seulement par notre cerveau – notre corps les éprouve aussi. On ne devrait jamais avoir honte de son corps, mais on doit penser aux autres gens. C’est-à-dire se respecter les uns les autres.
C’est très important.
Mon corps m’appartient.
Le corps des autres leur appartient.
Bas les pattes.
On ne touche personne sans son accord.
Le corps des autres peut les mettre mal à l’aise.
Laisser l’espace d’un bras entre soi et les autres peut aider les gens à se sentir plus à l’aise.
Certaines parties de mon corps sont privées. Pas mauvaises, juste privées.
Elles sont privées car on ne doit pas les montrer ou les toucher devant d’autres gens.

***
- Et quand ils voient un autre chien, ils remuent la queue, parfois ça veut dire qu’ils ont envie de jouer, mais pas toujours, parce que les chiens remuent aussi parfois la queue en pensant à autre chose, même à se bagarrer, pas juste quand ils sont contents. Et…
- … la sécrétion de cellules neuroendocrines facilite le passage dans les tissus partout à travers le corps. Mais le plus intéressant, ce sont le neuropeptide Y et le récepteur…
- … les poils de leur cou se dressent et aussi, quand ils ouvrent les lèvres sur leurs dents serrées en faisant grrr avant de grogner, et qu’ils vous regardent les yeux comme…
- … la formation de liaisons peptidiques humaines dépend d’un certain nombre de facteurs neurophysiologiques, et il faut réfléchir à son implication dans les processus du système nerveux central et périphérique avant de commencer à…
C’est une sorte de conversation mais pas trop car, avec Connor Flynn, on parle en même temps sans vraiment se poser de questions.


Titre original : Hope Nicely’s Lessons for Life (2021)
Traduit de l'anglais (Royaume-Uni) par Isabelle Saint-Martin
Éditeur : L'Archipel - 27 janvier 2022 - NOUVEAUTÉ
Collection : Instants suspendus
450 pages ; 20.00 €
Lu en numérique via NetGalley
  
Mes lectures de la collection "Instants suspendus" :


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