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lundi 9 octobre 2017

Celle qui voulait conduire le tram - Catherine Cuenca

Encore un joli coup de coeur en lecture junior.
Après plusieurs livres sur la première guerre mondiale, Catherine Cuenca s'est penchée ici sur le sort des femmes, pendant cette période où l'on pense surtout aux combattants.
Des femmes qui pendant la guerre assument les métiers laissés vacants par les hommes. Parce qu'on a besoin d'elles, et parce qu'elles ont besoin de gagner leur vie.
Puis, la guerre terminée, les hommes rentrés (mais dans quel état) elles sont priés de regagner leur foyer, et de reprendre l’habitude d'obéir et ne plus prendre d’initiatives.

Certaines se révoltent de cette injustice.Mais défendre la cause des femmes n'est pas simple, et les attaques sont parfois bien basses.

Un très beau roman, facile à lire mais parfois difficile à supporter !

25 ans après, à la fin de la guerre suivante, Luce part sur les traces de sa tante Agnès, mystérieusement disparue.
1916, nous découvrons une jeune femme qui va d'abord apprendre à vivre seule, et pour cela se faire embaucher pour conduire les trams, raillée ou méprisée par beaucoup.

Puis, au retour des hommes de la guerre, il faut à la fois laisser son travail intéressant, retrouver l'atelier  où ses anciennes compagnes lui mènent la vie dure pour avoir voulu s'en sortir un peu mieux.
Et surtout supporter un mari rendu très amer, et alcoolique, par la blessure qui l'handicape.
La découverte que des femmes se battent pour avoir quelques droits va changer sa vie. Pas forcément comme on l'aurait souhaité.
Mais ces femmes nous ont ouvert la voie, et il est important d'en parler, et de les faire vivre.
Un excellent roman que Talents Hauts nous offre là, et qu'il faudrait faire lire absolument à tous les jeunes.
Un siècle à peine, les femmes n'avaient aucun droit ...
Trente ans plus tard, les femmes françaises vont enfin voter, moment important qui conclut le roman. (même si il faudra attendre encore longtemps pour pouvoir ouvrir un compte en banque sans l'accord de son mari !)


Extraits :

... la direction a autorisé, de manière contrainte et donc exceptionnelle, le recrutement de femmes sur les postes vacants. A mon sens, c'était un pari risqué : les métiers du transport requièrent une résistance et une maîtrise de soi dont  les femmes, par nature, sont incapables.

***

"Monsieur Martin a été démobilisé et il reprend son poste demain, avait-il annoncé sans même la regarder. Il est donc inutile de vous présenter au dépôt à six heures.

***
- Vous n'êtes qu'une poignée à vous agiter, comment peux-tu parler au nom de toutes les femmes ? soupire Célestin. Pourquoi tu ne peux pas te comporter comme les autres ? Comme une femme normale !
- C'est quoi, au juste, une femme normale ? Une boniche sans cervelle, une esclave que tu sonnes quand tu as besoin d'elle ?

- Ces saletés de gouines t'ont tourné la tête, ma parole !

***

Voter, c'est exister ! scande-t-elle, aussitôt imitée par Renée. Voter, c'est exister !


Editions Talents Hauts 2017
Collection Les Héroïques - 151 pages
Soutenu par Amnesty International
Résumé Babelio

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