Encore un excellent petit roman de Catherine Fradier.
Il se lit sans le lâcher tant l'histoire est prenante, mais comme toujours chez cette autrice, on ne perd jamais son temps en la lisant, tant sa documentation est précise jusque dans le moindre détail.
En outre, j'ai remarqué encore plus que d'habitude une très belle écriture, un sens du détail, phrases fignolées, synonymes égrenés, le fond est rude mais l'écriture délicate.
Après Une petite chose sans importance, j'ai pris grand plaisir à retrouver Sacha.
D'autant que ce que j'ai appris depuis me permet de voir sous un autre angle cet autiste si attachant !
Ce tome peut très bien se lire indépendamment du premier, il s'agit d'une histoire distincte, dans un autre pays. Je pense cependant qu'il a plus de saveur si on a déjà découvert Sacha, ses "petites manies", ses peurs, et son côté surdoué. Puisqu'on va le retrouver ici très rapidement au milieu de la vie foisonnante et polluée de Dacca et ses bidonvilles.
Encore un beau plaidoyer de Catherine Fradier, qui cette fois s'attaque avec brio à la pollution, aux conditions de vie misérables pour les plus pauvres, au travail des enfants, et aussi à la condition animale, des abattoirs aux tanneries.
Moi qui ne lit presque que des choses légères, j'ai suivi avec plaisir (quoique parfois un peu d’appréhension !!) le courageux parcours de Sacha pour aider Sultana et son frère.
Je ne pense pas avoir tout à fait la même notion de lecture jeunesse que l'autrice ! Contrairement à la plupart des romans que je chronique, celui-ci est à réserver aux plus grands.
Mais il est si percutant qu'il est vraiment à lire, et je pense qu'il est à conseiller aussi aux adultes.
Probable qu'après cette courte lecture, il nous sera difficile de regarder de la même façon les vêtements et objets fabriqués ailleurs, mais aussi le beefsteak dans notre assiette, et ne parlons pas des crevettes !!
Et aussi peut-être remettre en cause que nous sommes nous "normaux" parce que neurotypiques !
Extraits :
Je ne crois pas en Dieu. Il n'y a aucune preuve scientifique que Dieu existe vraiment. Je pense que c'est, à l'origine, une invention des rois et des puissants pour inciter les millions de pauvres à accepter leur triste condition en leur faisant croire qu'après leur mort il bénéficieront d'une retraite dorée dans un paradis pourvu de toutes les choses qui leur ont manqué quand ils étaient en vie.
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Je ne ris pas, sans doute car je suis moi-même handicapé. Je sais ce que l'on peut ressentir lorsque les autres rigolent si on n'a pas fourni la bonne réponse ou pas adopté le comportement approprié .
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Il faut dire que j'ai parfois du mal à comprendre les blagues des neurotypiques, c'est à dire les gens qui ne présentent pas de troubles du spectre autistique.
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Apprendre à décoder les émotions des autres est bien plus complexe que de retenir les décimales de pi.
Editeur : Au Diable Vauvert 12/10/2017 NOUVEAUTÉ
173 pages
Résumé Babelio
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