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vendredi 12 janvier 2018

Vivant - Roland Fuentès

Scotchée par ce court roman ! Tout simple et superbe.

Un prologue de trois pages qui nous met d'entrée de jeu à la fois dans l'action : 2 garçons se poursuivent, et ce n'est pas pour jouer, la tension monte.
Et aussi dans le décor : on reconnait tout de suite, avant même que ce ne soit nommé, ce coin du Midi, on a l'impression de voir se dérouler un film, en quelques mots.

Je remercie Rose Marie de m'avoir suggéré cette lecture, car j'avais déjà lu plusieurs romans enfants de l'auteur, mais rien qui ne m'avait particulièrement marquée. Je n'aurais donc sans doute pas tenté. Et ça aurait été bien dommage.

Un texte très simple, qui nous fait vivre quelques jours de vacances au plus près d'un petit groupe d'amis.
Lesquels ont prévu de se retrouver dans un gîte au bord des calanques, pour réviser dans la dernière ligne droite avant les examens, et en même temps entretenir leur corps "un esprit sain dans un corps sain" parce qu'arriver aux examens en forme est primordial.

Un groupe déjà rodé, étudiants et lycéens, des amis, des (presque) amoureux, ils se connaissent et se réjouissent de ces quelques jours de pause dans ce lieu idyllique.
Le "meneur" du groupe a concocté un programme assez rigoureux, tous sont d'accord, habitués à suivre ses décisions, et ravis de se retrouver.
Chacun a pu amener un ami s'il le souhaitait, la plupart se connaissaient, un seul nouveau, Elias, qui semble tellement consensuel et heureux que rien ne devrait se passer, même s'il est travailleur, pas étudiant.
Et tout va se déglinguer en peu de temps.



La construction est assez originale et agréable : en fil rouge, on suit la course d'Elias et Matteo, une course où pourrait se jouer la vie, une course où les enjeux ne sont pas forcément évidents.
Pendant ce temps, pendant que les amis s’inquiètent et essaient d'intervenir, chacun à tour de rôle va remonter le temps pour nous donner à voir le déroulé des événements depuis leur arrivée, voire avant.
Un beau roman choral donc.
J'ai apprécié que chaque début des courts chapitres précise le prénom de celui qui raconte.
J'ai regretté que les styles de chacun soient si proches que souvent, une fois tournée la page, je ne savais plus qui racontait (d'accord, je ne suis sans doute pas assez attentive, mais aucune différence dans le récit des uns et des autres)
C'est mon seul point négatif.

Peu à peu, ce récit choral se rapproche du moment où a commencé l’histoire, cette course-poursuite dans la garrigue, parmi les argéras (1)
Nous saurons ainsi tout, et même la suite.

Les deux seules voix qu'on n'entend à aucun moment sont celles des coureurs, ni Elias ni Mattéo ne s'exprimeront face à nous, ils courent !

La chute finale, on peut l’avoir deviné, ou ne même pas s'en être préoccupé, tellement pris par l'action. Elle est à la fois évidente et tellement importante.
Le livre était déjà excellent sans ça, là il est parfait !!!
Moins de deux cents pages sur lesquelles on peut réfléchir longtemps.

(1) Petite note finale : j'ai vérifié, si nous appelions ces arbustes des argélas dans mon enfance, ce n'est pas par erreur (je me demandais même si c'est moi qui entendait mal le terme, on le trouve rarement écrit), les deux formes sont utilisées.

Je vous conseille d'aller lire la chronique de Ramettes, qui est vraiment bien écrite !

Extraits :

Et puis, comment un couple survivrait-il à des surnoms aussi crétins que Lulu et Mimille...

***
Chaque jour de vie supplémentaire n'est-il pas une réussite ?

***
Du coin de l'oeil, je regardais Elias. Ce gars-là semblait en toutes circonstances épanoui. Si l'obscurité n'avait pas été totale la nuit précédente dans notre chambre, je suis sûr que je l'aurais vu sourire en dormant. Pour autant, il ne ressemblait pas au ravi de la crèche. Et son sourire n'était pas un rictus de circonstance, c'était autre chose. Ça venait de très loin, de très profond. Une façon d'être vivant, un souffle très puissant, une faculté qui normalement n'existe pas sur Terre.

***
Elias, par son sourire permanent, par le plaisir qu'il prenait à tout ce qu'il faisait, et par sa gentillesse, incarnait une certaine idée de la perfection. Et la perfection, on peut s'y brûler. Peut-être que sa force, sa très grande force, c'était la vie. Une capacité à vivre beaucoup plus fort que nous...

***
 Où qu’il soit, Mattéo s’impose dans le paysage. Il s’impose en chef, en figure admirée, en idole.


Editions Syros - NOUVEAUTÉ
11 janvier 2018 - 183 pages
Résumé Babelio

1 commentaire:

  1. Justement en ce qui concerne la fin je me suis posé la question sur le degré de drame... mais n'en disons pas trop ! On sent vire qu'il y aura un avant et après cette aventure. Contente qu'il t'ai plu.

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