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dimanche 22 avril 2018

Les Pâques du commissaire Ricciardi - Maurizio de Giovanni

Un vrai bon roman policier comme je les aime : une énigme véritable, une ambiance très importante, un enquêteur, récurrent, au fort caractère et à la vie pas si simple, pas mal de personnages sympathiques... et les autres.

Côté énigme, un meurtre, horrible, mais pas détaillé de façon sanglante, et une enquête qui va nous tenir en haleine (ou pas !) jusqu'aux dernières pages.
Le commissaire, que je découvre dans ce roman mais qui a déjà vécu plusieurs saisons d'aventures, ne s’oublie pas facilement : d’une empathie poussée à l'extrême, puisqu'il a le "don" de voir les morts à l'emplacement de leur mort violente, accompagnés de leur dernière parole. Et ce même des mois après qu'ils aient disparu, ce qui, si ça l'aide dans ses enquêtes, ne lui facilite pas les déplacements dans sa ville !
Autour de lui gravitent des personnages très bien campés, pas juste des noms mais des personnalités. Que ce soit les proches du Commissaire, qu'on doit retrouver dans chaque roman, ou les personnages "de passage" dans celui-ci.
Comme la plupart des séries policières avec héros récurrents, je suppose qu'on apprécie de les lire dans l'ordre, pour suivre la vie du commissaire. Mais aucun problème à lire ce volume sans rien en connaître.

Quant à l’ambiance, alors là, on est gâté !



D'abord, le meurtre a lieu dans un bordel, donc tout ce qui tourne autour de ce lieu, avec quelques personnages hauts en couleurs.

Et puis, nous sommes dans l’Italie de 1932, Naples sous la botte du Duce, et des chemises noires.
J'ai rarement eu l'occasion de lire sur cette période, et j'ai apprécié de découvrir la vie à cette époque. D'autant que ça a ici une réelle incidence sur l’histoire.

Et surtout, nous sommes dans la semaine sainte. Et la Semaine Sainte à Naples, c'est quelque chose ! Surtout à cette période : nourriture, célébrations, processions, jeûne, j'ai adoré les passages retraçant toutes ces coutumes.
"Signori', il faut que ce soit bien clair : le plus important dans un repas de Noël du Cilento, c'est le premier plat. Tout le monde est capable de cuisiner un beau morceau de viande ou un gigot d'agneau [...] mais le premier plat est, comme on dit, capital. Et il doit être soigné jusque dans les moindres détails.
[...]
... par conséquent, poursuivi Rosa, le choix de la pâte qui doit se marier au ragù est d'une importance capitale. Vous pouvez prendre des cavatelli ou des fusilli, la consistance est la même. Certes, les cavatelli sont plus faciles à manier mais mon signorino préfère les fusilli, donc je vous conseillerais de choisir ceux-là."
Même si le terme ragù, typiquement du sud, n'était pas utilisé chez moi, ça me fait trop penser à ma maman. Les pâtes du dimanche midi ... tellement plus importantes que la suite du repas !

J'ai apprécié combien l’auteur sait nous montrer la noirceur et le danger, sans descriptions horribles, tout en légèreté et en poésie. mais on tremble avec le commissaire et ses amis pour la vie de ceux qui osent parler librement.

J'ai donc aimé énormément de choses dans ce roman, mais sans être pour autant emportée par sa lecture. J'ai pu l'abandonner pour lire un roman jeunesse, ce qui n'arrive pas en général. Beaucoup de plaisir mais pas vraiment un coup de coeur, sans que je sache trop pourquoi..
Les courts passages énigmatiques entre deux chapitres coupent un peu le rythme, et font réfléchir sans dévoiler grand chose, mais c'est trop bref pour être vraiment gênant.

Cependant, j'ai très envie de lire les autres aventures du Commissaire; Je m'aperçois que je ne connais presque rien de cette période. Qui pourtant a eu une certaine importance pour quelques membres de ma famille. (Même si nous sommes tous d’Italie du Nord, et que Naples pourrait sembler sur une autre planète, tout en étant très proche).
Et puis, découvrir Noël à Naples me tente fort !

Un grand merci aux Éditions Rivages pour m'avoir permis de faire connaissance avec cet étonnant commissaire.

Extraits :

[À propos du chien]
Nous sommes amis, je ne suis pas son maître. Il est avec moi parce que ça lui fait plaisir et, quand il en aura envie, il partira de son côté. On devrait tous faire ça, en amour, en politique. Laisser le choix.

***

Peut-être même qu'un jour, je commettrai un délit gravissime, genre pied-de-nez ou pet à la santé de votre duce

***
Mais aujourd'hui, j'ai compris qu'une femme aussi belle, elle devrait pas naître dans un endroit comme celui-là. C'est pas sa place. La beauté, commissaire, il faut pouvoir se la permettre.

***
C'est en cela que consistait sa malédiction : l'impossibilité de se renfermer dans ce cocon d'égoïsme que tous recevaient à la naissance en cadeau de bienvenue. Tous, sauf lui.


Série Les saisons du commissaire Ricciardi
Traduit de l’italien par Odile Rousseau
Titre original : Vipera 2012
Rivages - 21/03/2018 NOUVEAUTÉ
16 x 23 cm - 329 pages
Résumé Babelio

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