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mardi 19 juin 2018

La libraire de la place aux Herbes : Dis-moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es - Eric de Kermel

Rarement roman m'aura autant agacée ... mais aussi intéressée, selon les passages.

D'abord, la narratrice est une femme, et curieusement, j'ai été gênée par le fait que l'auteur soit un homme. Ce n'est pourtant pas la première fois que je lis un livre où l'auteur écrit pour l'autre sexe. Mais ici, très souvent j'imaginais que c'était un homme qui parlait, avant de me souvenir que non, c'est Nathalie. Ça m'a dérangée presque tout le long.

Ensuite, j'ai trouvé ça un peu méli-mélo. On passe de la vie (intime) d'un lecteur, à celle de la libraire et de sa famille, avec un détour par le gros intérêt des livres et de la lecture. On découvre un habitant, et avant de finir son histoire, pof, Nathalie nous parle de son couple à elle, ou de sa fille. Puis revient à ce lecteur.
Certaines des histoires évoquées sont passionnantes, et j'ai regretté qu'on quitte à la fin de chaque chapitre des personnes intéressantes pour passer à autre chose, et ne plus en entendre parler.

Pour certaines, il m'a paru que la libraire outrepassait vraiment son rôle d'une part. Et d'autre part, ça semble tenir du miracle qu’elle connaisse toujours précisément LE livre qui va correspondre à une personne qu'elle ne connaissait pas un instant avant.
Et bien entendu, elle l'a en rayon.
Je n'ai pas eu l'occasion d'échanger avec mes libraires sur ce roman, je serais curieuse de le faire.



C'est parfois un peu trop bavard à mon goût pour persuader des bienfaits de la lecture, avec pas mal de clichés.
Et par moments, j'ai trouvé ça très parisien débarqué dans le sud. Les descriptions du marché et de ses utilisateurs notamment m'ont paru très "touristiques", comme tous ces gens qui découvrent les charmes de la campagne et du sud. Impossible d'y croire pour moi.

Quant à la critique de la lecture numérique, je suis fatiguée de lire toujours ce genre d'absurdités.
Mes enseignants de primaires ne voulaient pas qu'on utilise le stylo bille. Elles ont perdu, plus grand monde n'écrit à l'encre. Mais ça n'empêche pas qu'il y a toujours des gens qui ont plaisir à écrire.
Pourquoi toujours confondre le contenu et l'objet ?

A part ça bien entendu, comme tout le monde j'ai beaucoup aimé un livre qui parle de livres. J'ai aimé découvrir des titres et en retrouver certains.
Justement je veux lire Virginia Woolf depuis plusieurs lustres, et je viens juste de dénicher d'occasion Mrs Dalloway.
J'ai aimé découvrir les dessous d'une librairie.
Et certaines rencontres m'ont fort émues.

Bref, un roman qui ne m'a pas laissée indifférente.

J'ai été surprise de découvrir que ce roman est édité par Eyrolles. Dans mon autre vie, où j'étais prof côté technique, Eyrolles était une référence pour nos livres d'enseignement.
Et j'ai ignoré jusque là qu'ils éditent aussi des romans.

Oh, j'allais oublier de parler d'Uzès. Pourtant, quand on y est allé ne serait-ce qu'une fois, Uzès est inoubliable. Et donc quel plaisir de déambuler dans la ville sur les pas de la libraire.

Un autre point de vue : la chronique de Maeve

Extraits :

Et de même que nous, êtres humains, sommes différents les uns des autres, de même aucun livre ne ressemble à un autre. Tel qui chamboulera l'un, fera bâiller l'autre. A chacun son enthousiasme. Chaque lecture est un voyage et un amour. (Préface d'Erik Orsenna)

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La Seconde Guerre n'a pas seulement tué des hommes et des femmes, elle a tué les lettres au profit des chiffres, l'instituteur au profit de l'ingénieur. (p 4)

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un peu égocentré parfois, mais c'est le cas de bien des architectes. Ils ont le sentiment d'être indispensables à la bonne marche du monde. Certains sont de vrais visionnaires, d'autres des dangers publics qui imaginent des maisons pour les autres dans lesquelles ils ne pourraient pas vivre.. Les pires sont ceux qui évaluent leurs réalisations à la tonne de béton coulée ! (p 9)

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Ce que je ne savais pas, c'est qu'en devenant libraire, j'allais aimer autant les lecteurs que les livres. (p 13)

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Quand on a grandi à l'étranger, on intègre rapidement que celui qui est différent c'est soi-même... (p 67)

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Cela me touche que quelqu'un s'intéresse à moi. Il n'y a que les profs pour s'intéresser aux enfants des autres. (p 177)

Illustrations de Camille Penchinat
Préface d'Erik Orsenna
Éditeur : Eyrolles 2017 - 215 pages
Résumé Babelio

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