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mardi 25 septembre 2018

600 heures dans la vie extraordinaire d'Edward Stanton - Craig Lancaster

Quel chouette roman, je suis passée du sourire aux larmes, et je quitte Edward à regret.
Ces 600 heures sont passées beaucoup trop vite !

Au début, j'étais un peu hésitante.
D'une part, parce que Edward, plein de T.O.C., répète chaque jour les mêmes gestes, et plusieurs fois par jour les mêmes phrases. Je craignais de trouver ça un peu lassant.
Je repensais comme le texte de Catherine Fradier, avec un héros Asperger aussi, était dense et passionnant (Une petite chose sans importance, et Dacca Toxic) et je craignais de m'ennuyer un peu ici.
D'autre part, c'est un livre drôle, ce qui est toujours agréable, et j'ai souvent souri, mais ça me gêne un peu puisque ce qui fait sourire, c'est tout de même les réactions d'Edward liées à sa maladie.

Mais tout ça, c'était au tout début.
Ensuite, j'ai été emportée par ce texte.

Edward est un garçon adorable, fragile, et qui se raccroche à ses habitudes, sa vie réglée à la minute près. (Voire à la seconde).
Un père parfaitement odieux et qui ne le comprend pas, une mère totalement et curieusement absente.
Et puis soudain, son jeune voisin s'immisce dans sa vie, et c'est pour lui qui se tenait à l'écart de tout, un profond bouleversement. D’autant que la maman du garçonnet, sans vouloir "envahir sa vie" va avoir besoin de lui. Difficile de choisir entre sa gentillesse profonde et son désir d'aider, et sa difficulté à tout rapport humain.



J'ai aimé plein de choses dans ce roman.
L'évolution d'Edward, sa gentillesse, sa profonde intelligence malgré sa difficulté  à dépasser le premier degré. Il est terriblement attachant.
La personnalité de la psy, qui semble avoir toujours le mot juste et la bonne réaction, et qui l'aide énormément.
Finalement, ce qui au départ semblait risquer d'être ennuyeux, devient un leitmotiv qu'on attend, comme une petite comptine en randonnée.

Même l'énumération des épisodes de Badge 714, chaque soir à 22 h précises, apporte quelque  chose à l’histoire, puisqu'on découvre pourquoi Edward aime tant cette série, quel est le point intéressant de chaque épisode, et en quoi à la fois il se retrouve dans le héros, et il aimerait  lui ressembler / l’avoir comme père.
J'ai un peu hésité sur le détail de ses dix matches préférés, le football, américain ou pas, n'étant pas vraiment ma tasse de thé. Mais finalement, là aussi, ça participe à l’histoire, avec des détails qui font entrer dans la vie d'Edward.

J'aime beaucoup aussi qu'il utilise des mots un peu rares, ou qui sonnent bien, en nous précisant chaque fois "j'adore le mot ..." Et je suis souvent d'accord avec lui pour adorer ces mots.
Comme pénultième (mon préféré à moi ! ) compendieux, cataclysmique ...

J'aurais juste un petit bémol sur les personnages des parents, il m'a semblé que ce n'était pas totalement cohérent. Pour le père, cette superbe lettre versus son attitude de chaque jour.
Et pour la mère, son absence presque totale de la vie de son fils, qu’elle se conforme ainsi aux desiderata de son mari, sans jamais tenter d'outrepasser. (Je ne précise pas plus ma pensée pour ne pas trop spoiler).
Je me demande aussi si les réactions d'un autiste, imaginées par quelqu'un qui ne l'est pas, sont toujours réalistes.

Mais au final, peu importe tout cela, j'ai vraiment aimé cette lecture. Seul regret, l'avoir terminée trop vite !

Merci aux Editions Milady et à Babelio Masse Critique pour cette belle découverte et ce superbe moment passé en compagnie d'Edward.

Extraits :

Je n'aime pas les suppositions, je préfère les faits.

***
[Après que Donna, la voisine, soit venue sonner chez lui, lui qui ne reçoit jamais personne]
Je ne pense pas m'être déjà senti tourneboulé à ce point. Je ne peux pas vérifier, qui plus est, car je n'ai jamais compilé ce genre de données.
Je ressens comme un vide lexical dans mon idiolecte pour définir ce qui vient de se passer ...

***
Après deux minutes qui m'ont semblé durer une éternité - c'est amusant,  cette faculté qu'a le temps de mêler certitude et illusion

***
Je n'aime pas les estimations, je préfère les faits.

***
Je suis bientôt prêt pour mon rendez-vous de 19 heures.
Il est 10h 57.

***
En terme de chronométrage pur, notre attente n'est pas si longue, mais elle me semble interminable. Une fois de plus, je me fais cette remarque troublante que le temps est tout à la fois une question de perception et un fait très précis.

***
quelqu'un qui s'intéresse autant que moi aux faits ne peut qu'avoir du mal à s'intéresser de près ou de loin à la politique. Les candidats à la présidence semblent préférer aux faits ce que j'appellerais la subjectivité opportuniste, soit la distorsion des faits de façon qu'ils leur soient favorables. En politique, il s'agit même d'une  approche fort valorisée ; d'un art à part entière, oserais-je dire.

Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Cédric Degottex
Titre original : 600 Hours of Edward (2012)
Editions Milady (Bragelonne) 16 août 2018 - NOUVEAUTÉ
Collection Feel Good books - 411 pages
Résumé Babelio

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