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mercredi 3 avril 2024

La cuisinière des Kennedy - Valérie Paturaud

 
Très gros coup de coeur pour ce roman (qui n'en est pas un).
De la Drôme à Boston, deux endroits qui me sont chers, ça m'a attirée. Mais c'est la qualité d'écriture qui m'a retenue.
J'ai tout aimé. J'ai particulièrement apprécié le début, la vie de cette fillette de l'Assistance dans les villages reculés de la Drôme provençale.
Mais la deuxième partie, vie avec les Kennedy, m'a aussi vivement intéressée. 
J'ai bien entendu quelques souvenirs des évènements marquants de cette période. Et j'ai vu à Boston la maison "des Kennedy". Sans imaginer combien les parents étaient rigides, et si déterminés à la réussite de tous leurs enfants, aimables avec le personnel, mais si durs avec leur famille.
Mais y vivre "de l'intérieur" est autre chose !

Andrée est une enfant "trouvée", née à Marseille en 1907, puis envoyée en famille d'accueil dans la Drôme provençale. C'est là qu'elle grandit, sans connaître ses origines, trimballée de famille en famille au gré des contraintes de l'administration. Outre un talent pour la cuisine, qu'elle va peu à peu se découvrir, son caractère volontaire la conduira bien plus loin qu'on ne s'y attendrait. Jusque donc à cuisiner pour la famille Kennedy, mais aussi à s'occuper de certains des enfants, qui ne l'oublieront pas.

En lisant le début, je me disais : que de changements en un siècle ! Alors que dans cette campagne haut perchée dans la Drôme du sud, la vie semblait quasi immuable depuis les siècles précédents.
(Toute la famille mangeant au coin du feu, les grands-pères avec les petits-enfants, huit sans compter ceux de l'assistance...). Puis d'un coup, tout s'est accéléré.

Andrée, après des débuts dans la vie bien difficiles, croisera beaucoup de personnalités connues, d'une place à l'autre. Avant même les Kennedy, elle nous fait rencontrer les artistes du début du 20e siècle, Camus et Gallimard, la famille Berliet à Montchat (où encore maintenant, des rues et des lieux évoquent leur souvenir), et même les Lumière. On verra aussi le début des "mères" lyonnaises.
Il sera question encore des horreurs de la Libération, qui n'a pas été qu'un temps de joie et de liesse. Mais aussi celui des règlements de compte, parfois sommaires. Je lis ça juste après Trop humain, et le sujet revient.

Et puis, l'Amérique des Kennedy, les grands évènements qu'on connait et l'intimité d'une famille qu'on connait moins. Andrée, enfant abandonnée, et qui a elle-même dû abandonner sa fille en France pour suivre ses employeurs, se sent presque comme en famille dans cette nombreuse tribu. Et l'inverse est vrai aussi, puisqu'ils ne l'abandonneront jamais vraiment.
Car même romancée, c'est une histoire vraie, et la fin nous explique un peu plus.

Je ne suis pas particulièrement friande de récits touchant des personnes célèbres, mais l'écriture de l'autrice est si prenante qu'on se passionne pour ces gens-là !
Une écriture qui fait que, en lisant les premières années d'Andrée à la ferme, j'étais totalement avec eux. Plus dans ma cuisine mais dans celle des Ormeaux, au début du siècle précédent dans la Drôme du sud !

Valérie Paturaud (par ailleurs il me semble autrice de la série scolaire Daniel et Valérie) s'est appuyée sur les récits des petits-enfants d'Andrée pour nous narrer sa vie au plus près de la réalité. Une vie qui est vraiment un roman !!
Et nous avons même droit à quelques recettes à la fin. Y compris la Bombine drômoise.

J'ai l'impression que la couverture retenue n'est pas celle qui nous était proposée dans l'édition non corrigée, et je le regrette, je la préférais. (Ma préférée est celle que j'ai mis en tête de ma chronique).

Extraits :

Andrée a déjà beaucoup cuisiné. Elle a, au fil du temps, compilé les recettes dans plusieurs carnets. Chacune a le goût d'une maison, d'une famille, d'un moment dans la vie d'Andrée. Derrière chaque page, un sourire, une larme, un souvenir.

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Le nom jusqu'alors inconnu de l'île de Chappaquiddick a franchi l'Atlantique et occupe les rédactions.

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Éditeur : Les Escales - 4 avril 2024 - NOUVEAUTÉ
360 pages - 21.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.





Un petit article sur Marius Berliet.

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