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mercredi 27 mai 2020

Les enfants des Feuillantines - Célia Garino

Quelle famille, mais quelle famille !!!
Tellement dingue et tellement attachante.

Sept cousins, revenus vivre dans la maison de famille à mesure que les parents n'étaient plus en mesure de s’occuper d'eux, morts ou disparus. Leurs trois mères, triplées orphelines à huit ans, sont toutes devenues plus ou moins folles ou bizarres, et c'est Désiré, l'aînée des cousines, qui, à 24 ans, se voit attribuer la charge de cette famille inhabituelle. Ce qu'elle fait avec beaucoup d'énergie, beaucoup d'énervement, du plaisir aussi souvent, mais parfois un peu la nostalgie de la vie qu’elle devrait avoir à son âge, plus de copains, plus de sorties, peut-être même un travail.
Chacun a ses soucis et ses tristesses, les adolescents essayent de se faire une place, les plus petits assumant aussi difficilement le manque de parents.
Sans oublier  le cochon nain, le lapin bélier, le perroquet et les cinq bébés chats... Et Granny, l'arrière-grand-mère. J'ai pensé au début qu’elle aidait un peu Désirée. Avant de lire son âge ... 106 ans !

Un peu de mal à parler de ce roman, qui est une chronique de la vie de la famille, même si cette famille est très atypique. Il y a donc beaucoup de sujets abordés, comme dans la vraie vie. Le harcèlement scolaire, l'amour, la difficulté de celle qui remplace la mère de famille à gérer tout le monde, les courses, les sorties d'école, les repas. Le grand âge et les tout-petits, l'amitié et la jalousie, l'ami imaginaire, la folie et l'hérédité, l'école, le sport, l'adolescence, etc.



Au départ, ça m'a un peu rappelé les 4 soeurs de Malika Ferdjoukh. Le côté vieille maison et la soeur qui s’occupe de tous. Sauf qu'ici, c'est bien plus qu'une fratrie, et l’histoire familiale est vraiment pire.
Ça n'empêche pas de sourire souvent aux mésaventures de cette drôle de famille.
Car l'histoire n'est en principe pas drôle du tout, que de malheurs dans cette famille, que de situations difficiles. Mais il y a aussi tant de vie, d'humour, d'inattendu, qu'on sourit presque tout le temps.
Des dons culinaires de certains à la pitchoune qui creuse jusqu'en Californie, en, passant (surtout) par les animaux familiers assez inattendus.

Le sujet du harcèlement scolaire n'est pas classique car vu aussi du côté de la harceleuse, elle-même harcelée. J'ai trouvé très tristes ces passages, car comme trop souvent, aucun adulte ne semble en prendre conscience. Le collège est apparemment une zone de non droit. Et comme on le retrouve souvent dans les romans, je crains qu'il n'y ait hélas une grosse part de vérité. Et je lis ça difficilement. Certainement parce que je m'inquiète pour mes petits-enfants et les jeunes générations. Cette maltraitance, et le fait qu'en général, ce sont les plus fragiles, donc ceux harcelés, qui  se font punir quand ils finissent par se révolter.

La chanson d'Hugues Aufray, Céline, m'a toujours mis la larme à l'oeil, sans raison personnelle (à part que j'ai beaucoup aimé ce chanteur poète, un des rares que j'ai vu sur scène). Dans le contexte du roman, chantée à tour de rôle par chaque enfant, je crois qu'elle m'a fait autant pleurer que celle à qui elle est destinée !!

L'histoire (et la maison) sont bien ancrées sur les falaises normandes, près de Caen et des plages du débarquement. De quoi donner des idées de vacances !
Cependant, cette maison de gardien de phare m'a irrésistiblement évoqué celle où nous avons logé à Mendocino, en Californie du nord.

Je voudrais vous raconter encore tellement de choses au sujet de ce roman, si riche, si tendre et émouvant, si drôle aussi.
 Je me demande s'il y aura une suite, c'est un peu dur d'abandonner les personnages, si attachants et qui vivent des moments pas faciles.

Lu en numérique, j'ai recommencé à le lire sitôt reçu l’exemplaire papier, tant j'avais envie de retrouver Désirée, Brunehilde et Hermeline, les jumeaux Isidore et Honoré, Warren l'incompris, et les si attachantes Calliope et Pernelle, sans oublier Granny Perrette. Et Justin, Fricassée et Pirate !!

Décidément, Exprim' a des familles vraiment surprenantes, et/ou des parents souvent pas à la hauteur. Mais les romans de la collection, eux, sont toujours à la hauteur, toujours un bonheur de lecture.
Un excellent roman ado, apprécié aussi des adultes, et qui à mon avis peut même être lu par les plus jeunes.
Avec, comme toujours dans la collection, une bande-son extrêmement variée.

Qui en parle ?
L'Ado accro aux livres 
HastagCéline
L'éternel ado



Extraits :

- Je vois. Brunehilde Mortemer ne laisse rien paraître,   mais à l’intérieur, c'est tout dégringolé.

***
Tu vas rire, je brode des insultes et j'en fais des broches et des cadres. Ce qui se vend le mieux, c'est le "FUCK YOU". Les ados adorent.

***
De toute évidence, le tunnel n'avançait pas beaucoup; Calliope creusait un peu plus chaque jour, mais la Californie était beaucoup plus loin qu'elle ne l'avait pensé.

***
C'était une des plus belles scènes d'amour que j'aie jamais pu voir. On a perdu beaucoup d'assiettes.

Autrice : Célia Garino (jeune écrivaine née en 1997 et dont c'est le second roman)
Éditeur  : Sarbacane - 27 mai 2020 - NOUVEAUTÉ
Collection Exprim' - 468 pages - 17.00 €
Résumé Babelio

Les autres romans Exprim' dont je vous ai parlé :

Tu seras partout chez toi
Comme des images

Rien à voir avec le roman, j'avais juste envie de mettre ici la maison du gardien de phare de Point Cabrillo (CA). C'est mon blog, je fais ce que je veux ;-)





Le phare
Et la falaise !



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