lundi 3 septembre 2018

Coeur battant - Axl Cendres

Alors là, je dis  Chapeau !! je crois qu'il y a longtemps que je ne m'étais pas autant amusée.

Arriver à faire rire et sourire tout le long, près de 200 pages, (et pourtant, je n'étais guère d'humeur à ça) avec une histoire de suicidants, j’avoue que je n'y croyais pas.
Il y a de la veine de Paasilinna dans cette histoire, mais en plus fin, plus délicat et plus tendre.

Gros coup de coeur pour ce roman. Je ne sais comment remercier l'autrice de me l’avoir envoyé, je ne l'aurais peut être pas découvert sans cela et je regrette d'être jusque là passée à côté de ses autres romans.
Je n'ai ni tablette ni liseuse, je l'ai lu sur mon téléphone en deux jours, tellement intéressant que je ne l'ai pas lâché.

Je parle d'humour, mais il y a aussi de la réflexion, de la tendresse, de l'amitié, la naissance d 'un amour. Beaucoup de réflexion(s) même.
Et une bande-son très éclectique pour accompagner la lecture.

Alex, le narrateur, est un jeune ado qui ne souhaite plus vivre, parce que vivre c'est aimer, et qu'aimer, c'est prendre le risque de voir disparaître ceux qu'on aime.
Il se retrouve dans une clinique, avec un petit groupe d'autres suicidants, très disparate.
Quelques soignants essaient de les aider, on a envie de dire "les malheureux", tant tout ce qu'ils ont à proposer tombe constamment à côté, et finalement, on sourit déjà beaucoup face à ce que leur imposent leurs "patients".

Cinq d’entre eux décident de fuguer, pour un suicide collectif.
Et nous voilà embarqués avec eux dans un road movie improbable et hilarant.
Avec une vieille dame très tendre qui a un aphorisme pour chaque instant, une phrase qui fait réfléchir pour chaque situation.
Grâce à Jacopo, le richissime italien, leur fugue s'avère fort luxueuse quoique détonante.
Axel, tout en faisant tout doucement le deuil de sa mère, s'intègre à ce petit groupe qui, avec la certitude d'un but commun qui approche, se sent finalement comme libéré de ses démons.

Un texte extraordinaire à découvrir au plus vite.
Je pense que je n'oserais pas le conseiller à quelqu’un très dépressif (quoique ce serait sans doute une bonne idée) mais il est vraiment à lire par tous, à tout âge.

Il y a tellement de phrases intéressantes qu'on voudrait toutes les citer, je vais me contenter de quelques-unes.

Extraits :

 j’ai croisé Colette, la vieille dame élégante.
Elle m’a arrêté en m’attrapant par le coude, avant de chuchoter :
« Je sais que les jeunes sont avides de nouvelles expériences. Alors… si jamais un soir tu as envie de m’étouffer avec un oreiller pendant mon sommeil, n’hésite surtout pas ! »
J’ai pas su quoi répondre à ça.
« Je suis à la chambre 44 », elle a conclu avec un clin d’œil.
Bienvenue à la Clinique de la Citadelle. (p. 16)

***
Et pourquoi voulais-tu mourir ? »
« Parce que je n’aime pas le concept de la vie. »
« Tu peux préciser ? »
« On est programmés pour aimer les gens, et les gens sont programmés pour mourir. » (p. 20)

***
« Le soleil est louche », a déclaré Marianne, « c’est quand même bizarre qu’il ne se laisse pas regarder en face… Derrière toute sa lumière, le soleil cache quelque chose ! » (p. 68)

***
« Aaah, OK! Suffisait de le dire avec des phrases normales au lieu de vos photophores! »
« Métaphores », a corrigé Alice en allumant son briquet. (p. 88)

***
Un enfant, ça se croit à l’abri du noir grâce à un ours en peluche ; et la fin de l’enfance, c’est comprendre que rien, absolument rien, ne vous protège du noir.

***
« Pourquoi on creuse des trous dans la terre pour que les morts soient enterrés ? Ce serait tellement plus beau si on creusait des trous dans le ciel pour que les morts soient enciélés ! »

***
Et merde, j'ai pensé. Parce que j'avais senti mon cœur battre. Ce foutu cœur que j'avais tout fait pour arrêter, il tapait vite et fort. Et j'ai compris ce que c'était : l'effet d'une réaction physiologique destinée à faire copuler deux individus d'une même espèce dans le but de se reproduire, ce truc que l'on appelle communément l'Amour. Je ne voulais pas de ça.

Prix Kezako de la littérature jeunesse 2019
Éditions Sarbacane 5/09/2018 NOUVEAUTÉ
Collection Exprim' - 192 pages
Lu en numérique.
Résumé Babelio





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