Pas de monotonie dans les romans de Sarah Lark, la suite s'avère bien différente, même si certains thèmes demeurent.
Nous allons suivre pendant quatre ans de nouveaux personnages, mais bien entendu retrouver aussi les anciens.
Le personnage central est ici Deirdre / Dede, fille de Nora et Akwasi, mais qui a été élevée par sa mère et Doug son mari, sans jamais revoir son père.
Deirdre qui bien que métisse en un pays et une époque où il ne fait pas bon l'être, vit comme si elle était blanche, grâce à sa beauté et à l'influence de son beau-père.
Son mariage l'amène jusqu’en Hispaniola. Elle va côtoyer des pirates, dont nous partageons la vie quelques moments, des esclavagistes pire que ceux de son île natale, des "marrons", et même croiser François Macandal, personnage réel, à la fois sauveur d'esclaves, et illuminé vivant comme un gourou de secte si l'on en croit le roman.
Une fois de plus, je n'ai pas pu lâcher ce roman, et j'ai du mal à passer à autre chose, les personnages m’habitent encore.
Cependant, je n'ai pas eu le gros coup de coeur du premier. Probablement pour deux raisons :
D'une part, raison personnelle, vu ma situation actuelle j'ai besoin de lectures légères, et ces périodes d'esclavage sont vraiment dures à supporter. Même si les héros de l’histoire ont de belles positions, avec lesquelles on ne peut qu'être d'accord, et osent les défendre malgré les difficultés et les dangers, je trouve très difficile de lire ces horreurs et ces absurdités. On se sent totalement démunis face à des planteurs qui pas une seconde, n'imaginent qu'un adoucissement des conditions auraient un effet plutôt bénéfique sur le travail, au lieu de toujours augmenter les punitions et la maltraitance. Même quand ils ont sous les yeux une autre plantation où, en étant moins féroces avec les Noirs, le résultat est plutôt positif.
Mais j'ai regretté aussi d’avoir moins de personnages positifs forts.
Dans le premier volume, c'est bien entendu Nora qui porte toute l’histoire, à la fois forte, attachante et tellement humaine. Mais il y a aussi Doug, et d'autres personnages secondaires forts, comme la "Reine" Nanny, voire la cuisinière.
Deirdre n'a certes pas l'envergure de sa mère. À part sa beauté, pas grand chose ne la distingue, et elle semble même parfois un peu inconsciente de sa situation.
Son mari est plein de gentillesse et de courage, mais un peu pâlichon quand même.
Jefe odieux avec tout le monde en tout temps.
Finalement, j'ai apprécié Ameli. Et étonnamment, la petite Bonnie, tellement effacée et insignifiante, va s'avérer peu à peu une des plus intéressantes.
J'ai apprécié aussi voir arriver Nora et Doug, ils me manquaient un peu !!
Bon, je m'attarde un peu sur les personnages parce que je n’ai pas trop envie de les quitter en fait.
Il y aussi beaucoup de coïncidences un peu inespérées.
Mais comme je le disais, c'est très addictif.
Et on découvre une époque et une culture assez surprenantes pour nous.
Par exemple ces nobles (même s'ils ont acheté leur titre de noblesse) qui n’envisagent pas de sortir sans perruque et sans tenue extrêmement apprêtée, et absolument pas adaptée au climat de ces îles.
Ce tome peut être lu séparément, les éléments essentiels étant rappelés au fil des pages. Je pense cependant qu'il est plus agréable de le lire à la suite du premier, en connaissant tous les détails et les péripéties qui ont amené les personnages jusque là. Mais des lecteurs argueront que justement, certains protagonistes ne connaissent pas (ou ne se souviennent pas, étant trop jeunes) ce qui s'est passé auparavant, et donc ne pas avoir lu le tome précédent nous permet de découvrir les faits en même temps qu'eux, pas avant.
Si vous n'avez pas lu le un, à vous de choisir !
Extraits :
Incipit
- En réalité, nous ne devrions pas cautionner cela...
[...]
- Tu ne parles pas sérieusement, dit-il d'un ton nonchalant, un rien moqueur. Bouder une fête chez les Fortnam uniquement parce que le motif de cette fête te déplaît ? Dois-je te rappeler que Nora et Doug ont la meilleure cuisinière et la plus belle salle de danse de la région, qu'ils engagent toujours les musiciens les plus doués et que la jeune fille est ravissante.
- C'est une métisse, répondit son épouse d'un air pincé. Une mulâtresse ! Sa place est dans les logements des esclaves. Elle n'a pas à être la "fille de la maison" et à fêter sa "majorité".
Traduit de l'allemand par Jean-Marie Argelès
Titre original : Die Insel der roten Mangroven 2012)
Éditeur : l'Archipel (4/06/2020) NOUVEAUTÉ
462 pages - 23.00 €
Résumé Babelio
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