mercredi 19 juin 2019

L'île aux mille sources - Sarah Lark

Après mon coup de coeur pour Les rives de la terre lointaine, j'étais impatiente de découvrir le nouveau roman de Sarah Lark. Et je n'ai pas été déçue.
Toujours cette écriture qu'on ne peut lâcher, quel que soit le thème. D'ailleurs je l'ai terminé en deux jours. Et comme prévu, je regrette à présent de l'avoir lu si vite et de devoir quitter Nora.
Encore une superbe figure de femme forte et attachante. Mais d'autres personnages sont aussi intéressants ici. Je voudrais vous parler de tous, des esclaves, des blancs odieux et de ceux qui voudraient que les noirs soient mieux traités, des hommes d’églises qui justifient toutes les exactions, des filles qui subissent tant d’horreurs, fragiles et fortes, des enfants aussi, et des "marrons" parfois appelés nègres marrons, et qui prennent ici une grande importance.

Ce roman est assez sombre, puisqu’on est au coeur de l’esclavage, des tortures, souvent subies pour de fausses raisons, de la maltraitance des si jeunes filles noires.
Mais il est éclairé par l'écriture prenante de Sarah Lark, par ses personnages attachants et par l'espoir qui les conduit.
Je découvre un nouveau coin de la planète dont j'ignorais tout. Après plusieurs romans, l'autrice quitte la Nouvelle-Zélande pour La Jamaïque.
A peine terminé mon périple en République Dominicaine (L’Américaine) me revoici dans les Antilles, mais au 18e siècle.



1729 Londres : Nora est amoureuse de Simon, tous deux rêvent de partir au soleil de la Jamaïque soigner la mauvaise toux de Simon, malgré l’opposition du père de Nora. Hélas, la maladie ne leur en laissera pas le temps. Mais donnera cependant à la jeune femme l'occasion de s’affirmer et de montrer son courage.
Deux ans plus tard, toujours inconsolable, elle accepte d'épouser un planteur bien plus âgé qu'elle, pour partir réaliser le rêve qu'ils avaient eu.
Contrairement à d'autres, elle s'adapte vite au climat difficile, aux conditions de vie. Mais pas à la maltraitance des esclaves. Elle les aide tant qu’elle peut, essaie d’adoucir leur existence, mais se heurte à forte partie.
Puis sa vie va une nouvelle fois basculer. Après l'avoir accompagnée dans l'horreur de la condition des esclaves (parce qu'on a beau le savoir, on ne s'habitue pas à tant de cruauté) on va découvrir des côtés de l’Histoire qu'on connait sans doute moins. Les différences entre tribus africaines, les sorciers, les Ashantis qui avaient déjà des esclaves en Afrique, la vie des "marrons" en fuite, etc ...
Dans cette troisième partie, l'aventure est plus présente.

Malgré le côté très dur de la vie des esclaves, on sourit aussi parfois. Notamment à la vue de ces Anglais qui conservent jusque sous les tropiques leurs traditions les plus inadaptées, comme la tenue vestimentaire, perruques, maquillage, bas et chausses.

L'histoire est intéressante et j'ai particulièrement aimé certains personnages forts. Nora bien entendu, mais aussi Doug, qui a de belles idées et sait les mettre en pratique, malgré la difficulté d'être qui il est. Et des personnages secondaires comme Mama Adwe ou la reine Nanny.

Un roman que j'ai vraiment dévoré.
Comme je ne lis toujours pas les 4es de couv', je n’avais pas encore vu qu'il s'agit du premier tome d'une saga ! Contente de savoir que je vais les retrouver, mais ça va être long !
Mais je précise que ce volume se suffit à lui-même. En lisant la dernière ligne, je n'avais pas compris qu'il y aurait une suite !

Extraits :

- Oh, mon enfant, vous avez encore tant à apprendre. Sachez que si Dieu n'avait pas voulu que les Noirs travaillent pour nous, Il ne les aurait pas créés.

***
- Bien sûr que les esclaves se reposent. Ils ont une journée de repos à Noël et une demi-journée à Pâques, assistent un dimanche sur deux au service du révérend et ceux qui travaillent dans les champs s’arrêtent dès la tombée de la nuit.

***
Le froid de l'East End, et maintenant l'air étouffant de cette hutte de bambou en Jamaïque. Elle avait traversé la moitié du globe pour assister une fois encore à l’agonie de son bien-aimé.

***
Peut-être qu'au fond, les Noirs et les Blancs sont semblables, dit Nora. Tout dépend qui tient le fouet.
[...]
- Il y a des choses qu'un être humain ne devrait pas faire, nuança Nora. C'est une question de bien et de mal, pas de Noir et de Blanc.

Traduit de l'allemand par Penny Lewis.
Titre original : Die Insel der tausend Quellen
Éditeur : l'Archipel (5/06/2019) NOUVEAUTÉ
460 pages - 23.00 €
Résumé Babelio
Il semblerait que ce roman soit paru en 2018 chez France-Loisirs sous le titre "L'île des mille douceurs" ce qui me paraît une idée curieuse. autant les sources sont présentes dans le roman, autant je ne vois pas à quoi les douceurs font allusion !

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