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vendredi 8 janvier 2021

Parler comme tu respires - Isabelle Pandazopoulos

Un livre d'Isabelle Pandazopoulos, on ne peut pas en parler, il faut le lire, c'est une merveille, un petit miracle chaque fois.

Vous raconter l'histoire ne donnera aucune idée sur la beauté de cette écriture, l'empathie et l'émotion que dégage ce roman.

Sibylle, bégaie, et ça lui pourrit à la vie à un point inimaginable. Car comment vivre avec les autres, et non à côté des autres, quand on ne peut jamais exprimer ce qu'on a envie et même besoin de dire.
Sibylle, on l'appelle Sissi, car c'est tout ce qu'elle arrive à dire de son prénom.
Elle a 15 ans, des parents aimants, protecteurs, qu'on lui envie. Un peu trop protecteurs pour une ado ?
Peu à peu, elle se doute qu'un grand secret se cache derrière leur attitude. Mais ira-t-elle mieux, ou pire, si elle parvient enfin à connaître la vérité ?
Sissi est fille unique, et si son souhait profond ne correspond pas à l'orientation que ses parents souhaitent pour elle, comment pourrait-elle envisager de suivre ses désirs, et de leur faire de la peine. Ils sont là pour la protéger, mais savent-ils mieux qu'elle ce qui lui convient ?

On va découvrir avec elle le rude apprentissage des tailleurs de pierre, et les doux émois d'une très jeune adolescente.  Avec elle, on va s'apercevoir que quels que soient nos problèmes, les autres en ont aussi, et la vie n'est pas forcement plus facile pour eux, même si c'est moins visible.

Je crois que ce qui rend ce texte si émouvant, c'est en partie parce qu'elle va croiser, même si elle a du mal à s'en rendre compte, beaucoup d'amitié et de gentillesse, des gens qui l'apprécient, alors qu'elle pense que c'est impossible.

J'ai aimé qu'on découvre avec elle la technique et les instruments utilisés pour travailler la pierre, de façon précise mais sans que ce soit jamais complexe ou ennuyeux quand on n'y connait rien.
J'ai tout aimé en fait dans ce roman. Sauf qu'il se termine !
J'aimerais tant faire encore un bout de chemin avec Sibylle, même si je sais que c'est absurde. Isabelle Pandazopoulos n'écrit que sur les moments les plus forts de l'existence, les moments où tout bascule. 

Quand j'ai eu la possibilité de lire ce roman (Merci Netgalley, merci Rageot) j'avoue que j'ai un peu hésité, j'ai tant besoin de douceur et de lectures faciles et drôles en ce moment, je savais que celle-ci me remuerait. Mais impossible de passer à côté d'un roman de cette autrice, qui écrit toujours merveilleusement. Et je ne regrette vraiment pas, il est si beau d'un bout à l'autre.

Il n'y a ici absolument rien qui fasse écho à ma propre vie, contrairement à Trois filles en colère, et pourtant, j'ai été totalement happée par ces personnages, j'ai fini en larmes d'émotion.

J'ai l'impression que cette autrice est assez peu connue, et ça me surprend, tant chacun de ses romans (j'ai lu aussi La Décision) aborde des sujets importants avec une écriture extraordinaire.

Extraits :

Je ne sais pas comment faire avec les séparations. Ça fait trop mal, ça fait trop peur, ça me fait disparaître dans un trou noir, angoisse à l'état brut. 

***
Mais Balthazar se contente de hausser les épaules une fois que Yanis lui a fait part de leur inquiétude. Il est à l'atelier, malaxe un énorme bloc de terre rouge, la chauffe avec ses mains, le tord, le serre, enfonce ses doigts dans la matière qui cède peu à peu du terrain et commence à s'amollir. 
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? 
C'est bizarre, ils ont tous eu la même réaction. Tous les trois démunis face à la détresse de cette fille qu'entre eux ils appellent « la petite sauvageonne ». Avec elle, il ne s'agit jamais d'un petit problème à résoudre, d'une simple question technique. Elle fait de chaque empêchement une impasse, du moindre grain de sable une catastrophe, incapable de prendre du recul, tout est toujours une question de vie ou de mort. Pas moins. Jamais moins. Évidemment ignorante de l'admiration qu'elle suscite, et de cette grâce qui est la sienne quand elle se met à tailler la pierre. 

***
... et je comprends enfin que nous fuyons ensemble, ce quelque chose qu'il sait et que j'ignore encore, mais que nous portons tous les deux, tous les trois, un secret, sans doute, un cauchemar. 
Cette petite flamme qui brûlait au cœur de Notre-Dame ? 

Éditeur : Rageot - 6 janvier 2021 - NOUVEAUTÉ
320 pages ; 14.90 €
Lu en numérique grâce à NetGalley que je remercie.






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