Pages

mardi 9 novembre 2021

Les messagères - Christophe Lambert

Oh quel superbe roman !!
Intéressant, addictif, avec de superbes personnages.

Ceux qui me suivent, savent que j'ai toujours beaucoup de mal avec la cruauté, donc certains passages, bien qu'écrits sans insistance, m'ont un peu bouleversée. Mais c'est cependant un roman que j'ai lu d'un trait, sans le lâcher.

J'ai beaucoup aimé découvrir l'histoire des ces bibliothécaires itinérantes mises en place par Roosevelt, je n'en avais jamais entendu parler.
Et tout autant aimé suivre les aventures de Nettie.

Nettie est femme, noire, et indépendante. En 1936, ce sont des qualificatifs difficiles à accoler !
Elle est aussi en fuite, et erre depuis quatre ans sans pouvoir se poser.
Trouver à Wooton (Kentucky) une communauté sympathique, prête à l'adopter, va changer sa vie.

Quel plaisir, malgré des passages un peu durs, de voir Nettie s'épanouir au contact de cette communauté bienveillante, d'oser peu  à peu vivre, sourire, aimer.
Quel plaisir de la suivre et d'aller à la rencontre de tous ces gens qui attendent les livres, ou pas. Villages isolés, familles vivant à l'écart de tout. Quotidien déjà ardu rendu encore plus difficile par la grande dépression. Racisme et découverte de l'étranger, de celle qui est différente. 
J'aurais envie de parler de tous et de chacun, mais je vous laisse découvrir. Il y a un vrai suspens, on tremble avec Nettie, on se demande ce qui va l'attendre, et nous attendre à chaque détour d'un sentier de montagne, à chaque rencontre.
Et de si beaux passages avec le loup, si émouvants.

Christophe Lambert est décidément surprenant, que de beaux textes dans des genres très différents. (même si je suis trèèèès loin d'avoir lu tous ses romans !!)

Extraits :

- Vous êtes toujours aussi optimiste, mon révérend ?
- Je veux croire en l’humain.
Puis il ajouta, avec un demi-sourire :
- Soyez-en sûre, c’est un boulot à plein temps !

***
Les moustiques, c’est plus vicelard ! À se demander de quoi se nourrissent ces bestioles quand elles n’ont pas une bibliothécaire à se mettre sous la dent.

***
- J’ai jamais vu une Noire aussi blanche, dit-il en guise d’accueil. Enfin, j’me comprends… Z’êtes pâle comme la mort, m’dame.

***
Une personne de son âge, de son sexe et de sa couleur de peau, capable de vivre sa vie sans un mari sur le dos, ni même un père ou un patron pour lui dire quoi faire, c’était plutôt rare, dans les années 1930, aux États-Unis.
« Celui qui me domptera, il est pas encore né », se promit-elle.

***
Contrairement à l’immense majorité des représentants de l’humanité, les bêtes ne connaissaient pas la duplicité, le double jeu. Elles se donnaient tout entières ou pas du tout. Comme Nettie.

***
- c'est une belle profession que la nôtre, dit-elle, une noble profession... Apporter la culture, le savoir, à tous ces gens. Je n'échangerai ça pour rien au monde.
- on n'apporte pas que le savoir, hein ? Le rêve aussi, ça compte.

***
Le révérend lui présenta les autres membres de son équipe : ses fameuses messagères. Il y avait tout d’abord Fiona, une fille boulotte, timide, un peu plus âgée que Nettie mais paraissant plus jeune, presque adolescente. La deuxième bibliothécaire itinérante s’appelait Hillary. Elle avait le physique type de l’institutrice : visage fin, petites lunettes, avec un air doux et bienveillant. La dernière, Rachel, était une brune nerveuse, aux gestes brusques et à la voix grave. Elle parlait vite, usant d’un vocabulaire coloré que Nettie ne comprenait pas toujours.

Illustration de couverture : François Roca !!
Éditeur : Slalom - 7 octobre 2021 - NOUVEAUTÉ
336 pages - 15,95 € - À partir de 13 ans
Lu en numérique via NetGalley


Relecture par Kanelle Valton
Diplômée de Sciences Po Paris
Spécialiste de l’histoire afro-américaine
et des questions raciales

Note de l’auteur
Le révérend Deaton mis à part, les principaux personnages de ce roman sont inventés, mais les bibliothécaires itinérantes du Kentucky ont réellement existé. Merci à Xavier Mauméjean d’avoir attiré mon attention sur l’existence de ces femmes extraordinaires le jour où il a relayé, sur un réseau social bien connu, un article les concernant.

Mes autres chroniques de Christophe Lambert :
L'Agence Pendergast (2 titres lus)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire