Il se laisse lire tellement vite que je le croyais bien plus court.
La famille Bourgeois, entrepreneurs de Pompes funèbres de père en fils depuis 1854. C'est le travail du père. La mère est, parait-il, psychologue. Trois enfants : Cybèle, qui rêve de s'appeler comme les autres, alors qu'elle est issue d'un premier mariage, Vianney, le seul garçon, héritier donc "de père en fils", hélas terrifié par les cercueils et tout ce qui a trait à la mort. Et atteint du syndrome Gilles de la Tourrette.
Et Lilou, la petite dernière, qui aimerait bien qu'on la chouchoute, surtout à présent qu'elle a un plâtre.
Quand un garçonnet émerge d'un cercueil, à la grande frayeur de Vianney qui n'avait pas besoin de ça, on se demande si on va vers un roman d'épouvante, ou un roman drôle vu la couverture.
Ce ne sera ni l'un ni l'autre.
Ce petit garçon, muet et apeuré, va devenir comme un révélateur dans la famille. Dans un quotidien plutôt calme et habituel, chacun va se remettre en question et la famille se questionner différemment, face à ce bambin en détresse.
Lilou qui craint de perdre son statut privilégiée de petite dernière, juste au moment où elle pourrait "faire son intéressante" avec son "handicap".
Cybèle, dont on perçoit peu à peu les failles.
Vianney tout prêt à faire une place au nouveau venu, dans l'espoir d'échapper à ce qui est son pire cauchemar, devoir reprendre la succession de ce qui le terrifie.
La famille évolue, doucement, mais très positivement.
On devine très vite ce que cache l'attitude du petit "Hugo", même si personne ne semble s'en douter, même la mère, psychologue !
C'est d'ailleurs ce qui m'a perturbée dans cette lecture, que j'ai par ailleurs vraiment aimée : comment une mère, psychologue de métier, et donc de formation, si à l'écoute du petit bonhomme qui fait irruption dans leur vie, peut autant passer à côté de ses propres enfants, les laisser dans une souffrance dont elle ne semble même pas se douter. Toutes ses réactions vis à vis des siens m'ont choquées. Elle élude sans cesse leurs besoins. Ça fait chaud au coeur que le nouvel arrivant ait trouvé de l'aide, mais pourquoi au détriment des siens ?
Vianney terrorisé par la vie qui croit-il l'attend, personne ne pensant à le détromper.
Cybèle dont on n'écoute jamais la demande pourtant légitime. Et même Lilou, certes un peu enfant gâtée et très égocentrique, mais simplement parce qu'elle a peur de perdre sa place, il parait impensable que ses parents éludent toutes ses demandes au lieu de la rassurer.
Dommage car cette histoire est vraiment à lire.
Dans la lignée d'un autre roman de l'autrice que j'avais apprécié : Des parents de rechange.
Je n'ai toujours pas lu "Le mot d'Abel", mais il est dans ma liste !
Extraits :
Vianney tendit l’oreille. Il n’avait pas rêvé. Des sons étranges s’échappaient du coin des cercueils. Comme des petits coups.
Le cœur battant à tout rompre, il risqua un œil. Ne vit rien. Pourtant il ne se trompait pas, c’étaient bien des coups, il en était sûr à présent. Ils semblaient provenir d’un des nouveaux cercueils, un coffre en chêne clair. Comme si…
Non, ce n’était pas possible, ces cercueils étaient vides. Ils sortaient de chez le menuisier !
Les coups se firent plus nets, à la fois plus espacés et plus puissants.
Vianney restait planté au milieu de la pièce, tétanisé. Un cercueil habité ! Encore pire que dans ses cauchemars.
***
Non mais quel enfant normal avait pour plat préféré la langue de bœuf, franchement ?
Et en même temps, quel enfant normal jaillissait d’un cercueil ?
Éditeur : Rageot - 9 mars 2022
192 pages - 12.90 €
Lu en numérique via NetGalley
J'ai lu d'autres romans où les pompes funèbres jouent un rôle important, mais pour les plus grands :
Pour ados, la trilogie La Fille des Deux Mondes, de C.C. Hunter
Et pour adultes (ou ado) Service après-mort, d'Angélique Kateb (uniquement en numérique)
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