Ses enfants partis de la maison, Annie s'aperçoit peu à peu que le mariage l'a dépossédée de tout ce qu'elle est ou voudrait être, y compris son prénom, puisqu'elle doit à présent répondre à celui d'Anne.
Besoin d'air, et de soleil. Alors qu'elle a toujours fait ce qu'on attendait d'elle, elle décide subitement de partir au Burkina Faso, rencontrer Fatou, qu'elle parraine dans un orphelinat sans la connaître.
Ce voyage changera sa vie, pas forcément dans le sens où on s'y attendrait.
La première partie du roman nous plonge dans le monde de l'humanitaire en Afrique, de façon agréablement légère.
Annie débarque sans rien y connaitre dans un monde de blancs qui viennent ici aider, pour des motifs variables, et chacun selon son caractère. J'ai apprécié de découvrir avec l'héroïne cette ambiance assez dépaysante pour nous.
L'autrice nous dépeint, avec humour et une certaine tendresse, ce microcosme. On sent que contrairement à son personnage, elle connait bien.
Tout au long du roman, des souvenirs se mêlent au présent.
De façon très claire (en italique) les pensées d'Annie rappellent des épisodes de sa vie, qui ressemblent à ce qui se passe à présent. Des beaux souvenirs, mais souvent aussi ceux des moments où elle ne s'est pas sentie à sa place.
J'ai énormément apprécié ce parallèle qui, par petites touches, nous fait mieux comprendre les réactions d'Annie. Et qui aussi nous met face à nos propres questionnements.
Cette lecture m'a surprise, pour deux raisons.
D'une part, j'ai lu, et énormément apprécié, une dizaine de romans jeunesse de Pascale Maret, c'est la raison pour laquelle j'ai souhaité découvrir celui-ci. Des romans ado qui portent la plupart du temps sur des sujets durs et forts (mines de jade, familicide, secte, drogue dans les cités...)
Je craignais qu'un texte pour adultes ne soit plus violent, ce qui m'a fait hésiter. Et pas du tout, il s'agit au contraire d'un roman plutôt tendre et bienveillant, tout en empathie, et j'ai eu vraiment du bonheur à le lire.
D'autre part, si la première partie est originale, nous faisant découvrir un petit coin d'Afrique et d'humanitaire, la suite pourrait être plus banale, une femme face à son mariage qui part à vau-l'eau, qui se pose des questions sur sa vie. Le genre de récit qu'habituellement j'évite. Sauf qu'ici, l'écriture de Pascale Maret en fait un petit bijou. J'aurais volontiers fait encore un bout de chemin avec Annie.
Un roman qui à la fois nous fait passer un agréable moment de lecture, mais nous fait aussi réfléchir, en douceur, sur la vie, sur les souvenirs, sur le passé et l'avenir.
J'ai aimé aussi l'humour, la Provence, certaines petites notes ironiques, le rapport à la religion.
Mais en fait, j'ai tout aimé !
Difficile d'en parler, j'écris moins bien que l'autrice (!), lisez-le !
Et ce livre m'a en outre permis de découvrir les éditions d'Avallon, une intéressante maison d'édition à but non lucratif. À suivre de près !
Extraits :
« Vivre, c’est pas une obligation ; si ça te plaît pas, si ça te paraît trop dur, rien te force à continuer. Mais si tu penses que ça vaut le coup, alors vis avec courage et bonne humeur ».
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les femmes, c’est comme les tomates, elles ont besoin d’être au soleil pour être épanouies, je le sais !
***
Il faut arrêter d’évoquer le passé : c’est toujours douloureux, soit que le souvenir des bonheurs envolés vous poigne le cœur, soit que la conscience des erreurs commises vous le ronge. Dans tous les cas l’exercice est stérile.
***
On vit dans une société qui voudrait éliminer tous les risques, mais vivre, c’est ça le risque majeur. « Fumer tue », oui, mais c’est à force de vivre qu’on finit par mourir inévitablement.
***
Malgré l’inconfort du lieu, elle se soulage avec délices : faire pipi quand on en a très envie devrait être compté parmi les joies de l’existence,
Éditions d'Avallon - 27 avril 2022 - NOUVEAUTÉ
202 pages - 16.00 €
Version numérique : 4.99 €
Lu en numérique, grâce à l'éditeur que je remercie.
Site des éditions d'Avallon |
Sur ce blog, je n'ai parlé que d'un autre roman de Pascale Maret :
Mais j'en ai lu bien d'autres, que j'ai autant aimés :
Et ceux que je n'ai pas chroniqués :
Le monde attend derrière la porte (sans doute mon préféré en junior)
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