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dimanche 3 décembre 2023

Dernier gueuleton avant la fin du monde - Jonas Jonasson

Une si jolie vengeance : ce roman aurait dû s'intituler ainsi !
L'humour de Jonas Jonasson, on aime, ou pas. Moi, j'apprécie, alors que je suis assez difficile sur les romans adultes marqués humour. Je me suis régalée avec ce roman aussi surprenant que les autres.

Il nous fait rire sans méchanceté du malheur des autres, et des personnes moins futées.
Un mélange d'aventures individuelles (ou plutôt pour un joli groupe de personnes) et de politique aux opinions très affirmées.
Bon, j'ai été un peu perdue dans les histoires de mafia russe, même si je suis assez vieille pour que les noms de chaque dirigeant de l'URSS m'évoque quelque chose. Mais ça n'a pas grande importance pour le suivi du roman.

Réunissez, par le plus grand des hasards, un jeune homme un peu simplet, à qui le second degré échappe totalement mais qui fait des merveilles en cuisine même dans les pires conditions de confort ; une presque astrophysicienne, qui a su calculer la fin du monde, et elle arrive rapidement ; une jeune influenceuse septuagénaire qui voyage beaucoup mais n'a jamais quitté son village ; un frère odieux totalement dépourvu de scrupules. 
Ajoutez-y un peu de mafia, quelques dirigeants parfaitement amoraux, comme il se doit. Mais aussi Obama "sans R", et quelques autres personnages existant, et une banque suisse.
J'allais oublier un animal en voie de disparition, ou pas.
Comme je le dis au début, j'aurais préféré comme titre Une si jolie vengeance car si on mange beaucoup dans ce roman, il s'agit toujours de plats très raffinés même si parfois surprenants, grâce à Johan.

Un grand road trip de la Suède à Rome mais aussi dans des îles dictatures improbables, qui va pour chacun d'eux changer leur vie.
Johan découvre qu'il n'est pas que l'idiot que veut lui faire croire son cher frère. 
Agnès découvre le monde. Et Pétra, peut-être l'amour ? Au moins l'envie de vivre.
Et nous, nous découvrons (comme Obama sans R) le Västerbottensost, et ça me donne faim tiens !
Sans oublier que comme toujours avec Jonas Jonasson, on rit beaucoup, mais c'est plus profond aussi. Une belle critique de certains régimes, tout le monde en prend pour son grade, et ça fait réfléchir.

Une balade pittoresque et picaresque, qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin (et quelle fin !!).

Mais quel dommage que la numérisation, avec des titres et des chiffres qui se promènent au milieu des pages, ne permette pas d'apprécier pleinement la lecture. Une fois de temps en temps, ça passerait, ça n'empêche pas la compréhension. Mais quand ça se répète tellement souvent, sans cesse au fil des pages, c'est fatigant.
Exemple :

PS : Je m'aperçois en terminant ma chronique que le précèdent roman de l'auteur s'intitulait Douce, douce vengeance ; il est décidément en plein dans les idées de vengeance, mais je comprends que le titre que je proposais ne convenait pas.

Qui en parle ? Ramettes

Extraits : (Je sais, il y en a beaucoup, trop. Mais tellement de phrases m'amusent ici !)

Il ne faisait pas partie des ados les plus populaires de la classe car, comme elle, il faisait ses devoirs.

***
 Une fois à l’intérieur, ses derniers mots, avant de se rendormir tout habillée, furent :
 —  Je suis trop fatiguée pour me pendre maintenant. 
 On fera ça demain. 

***
 Aucun enfant ne vint bénir cette union. D’abord parce que ni le patron ni la patronne ne savait comment on les faisait. Quand ils découvrirent comment on s’y prenait, la patronne décida qu’elle ne voulait plus jamais recommencer. Du moins pas avec le patron. Et il n’y avait personne d’autre de disponible.

***
Ils dégustèrent ces merveilles autour de leur table de camping sur le parking d’Ikea Dietlikon, à un jet de pierre de Zurich.

***
Alexandre suggéra que l’Union soviétique copie tout bonnement la Constitution française, à l’exception des carrosseries cabossées, de l’ail et des escargots.

***
Qu’on se le dise une fois pour toutes, Johan était absolument imperméable à l’ironie.

***
—  Papa vient de m’expliquer comment fonctionne la politique. Le rôle du président est de veiller à ce que le peuple n’ait pas à manger sur la table, et à se chamailler avec le maximum d’autres pays. C’est comme ça que tout va pour le mieux.

***
En dehors de tout ce qui touche au vin, je ne connais que deux mots en français : Gérard et Depardieu.

***
Une conversation avec Agnès et Johan était aussi épuisante qu'une discussion avec un verre de lait et une assiette en carton.

***
Il raconta qu’il y avait eu beaucoup de monde, mais qu’il n’avait parlé quasiment à personne. Seulement à un certain Obrama et à son secrétaire Ban Ki-machin.
- Obama et Ban Ki-moon ? demanda Petra.
- Exactement.
- Tu te moques de moi ?
Johan sortit une carte de visite de sa poche poitrine.
- Qu’est-ce que ça dit ? s’enquit Agnes
- Je ne suis pas sûre, hésita Petra, mais je crois que j’ai le numéro de portable perso du président des Etats-Unis sous les yeux.
Johan confirma que oui, Obrama était probablement président américain.

***
Je suis Günther. Je suis chef de la police du pays avec le taux de criminalité le plus bas d’Afrique. Je suis prêt à accepter l’honneur d’être votre dirigeant. Tout en haut de mon programme figurent une baisse des impôts, une hausse des salaires, plus d’emplois et une météo plus clémente. Ensemble, nous ferons fleurir les Condors comme jamais auparavant.

Titre original : Profeten och Idioten (2022)
Traduit du suédois par  Laurence Mennerich
Éditeur : Presses de la Cité - 5 octobre 2023 - 384 pages - 23.00 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.






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