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jeudi 16 janvier 2020

Le jour où mon père a disparu - Benoît Séverac

Quand secrets politiques et secrets de famille s'emmêlent.
Un roman assez étonnant, que je n'ai pas pu lâcher, je l'ai lu dans la journée.

Début un peu surprenant : la plupart des romans jeunesse commencent de façon très "dynamique", de l'action, du suspens, de façon à ce que le lecteur accroche immédiatement.
Ici, l’auteur pose le contexte politique.
Je pense que ça réserve ce roman aux bons lecteurs et pas aux plus jeunes, même s'il est facile à lire et terriblement prenant.

Etienne vit dans un petit village de l'Aude, comme ses parents et ses grands-parents avant lui. Fortement enracinés dans le terroir, et pourtant totalement parias.
Depuis des années, on l'évite au collège, on évite ses parents, il  n'a eu qu'un seul ami, un garçon qui venait d'ailleurs, et qui est reparti. Et même dans sa famille, il n'a plus le droit de voir ses grands-parents ni ses cousins, tous se détournent.
Sans qu'il ne sache bien la raison, ses parents refusant toujours les explications.

Et puis, alors qu'après le brevet il s'apprête à passer un été tranquille, un détenu s'évade de prison. Et sa vie prend un tournant totalement inattendu.



Comme dans Little sister, même si ici on n'a qu'un narrateur, on passe soudainement d'une ambiance à l'autre.
La plus grande partie du roman chez Etienne. Puis, il part en vacances et se changer les idées chez son ami. Le pays basque, le surf, les fêtes de Bayonne.  On se demande presque ce qu'on fait là ; quand soudain les histoires se rejoignent, hélas.
Triste pour Etienne, mais qui grandira grâce à ça.

Il va être question de régionalisme et de nationalisme. D'actions culturelles et d'actions violentes. D’appartenir à ses racines, et d'appartenir au monde entier.
Et comme toujours chez l’auteur, il y a à la fois des personnages forts et attachants, du suspens, des ruptures de rythme qui surprennent. De la réflexion sur des sujets importants. Une amitié entre ado puissante et utile. Une famille qui résiste, et qui réchauffe le coeur finalement malgré les aléas de la vie.
Et une écriture extrêmement addictive.
J'ai beaucoup aimé et je l'ai dévoré, mais il me semble  que le sujet va beaucoup moins attirer les ados que ses autres romans (comme Little sister, ou Silence).
Sans doute plus tourné vers un public young adult voire adulte. Même s'il se lit très facilement et qu'il peut vraiment être lu à tout âge.

Prix Margot 2021 (décerné par des élèves de 5e)

Qui en parle ?
L'ado accro aux livres
L'éternel ado
Ramettes (qui habite sur les lieux de l'action ou presque !)

Extraits :

- C'est quoi, les étrangers, selon vous ?
[...]
Au début, on faisait tous attention à ce qu'on disait parce que les propos racistes sont interdits en classe. Mais le prof nous a invités à nous exprimer librement, sans crainte de sanction.
- Tant que vous respectez la parole de l'autre, il a ajouté.
Rapidement, on s'est aperçus que nos définitions allaient de "Arabe" à "tout ce qui n'est pas né dans mon village".

***
On ne fait pas ça quand on est une mère responsable. Normalement, c'est nous, les ados, qui claquons les portes en hurlant.

Éditeur : Syros - 16/01/2020 - NOUVEAUTÉ
232 pages - 15.95 €
Résumé Babelio


Mes autres chroniques de Benoît Séverac :
Une caravane en hiver
Little Sister
Silence
Le garçon de l'intérieur
L'homme-qui-dessine

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