Alors, quand je découvre que Syros a l'excellente idée de rééditer les trois tomes en un seul volume, je me précipite bien entendu. Pour les lire d'un seul trait et pour les partager avec mes petits.
Et même si l'ambiance est assez différente d'un tome à l'autre, c'est du bonheur du début à la fin.
Le premier tome est très connu, il est souvent proposé aux enfants à l'école. Et nous sommes fières de l'avoir choisi, il y a 20 ans, bien avant que l'Education nationale en découvre les qualités, pour le proposer à notre "Prix Mélusine" (élèves de CM)
Les suivants ont sans doute été lus moins souvent, et pourtant quel plaisir de retrouver Momo et de suivre ce qu'il devient.
Momo, petit prince des Bleuets
(85 pages - 1e parution 1998)
Momo est un peu un "extraterrestre" dans sa famille : un petit garçon qui adore lire, qui aime le calme, et l'école. Une famille nombreuse, un père comme absent suite à un accident, une fratrie très diverse. Avec notamment une soeur aînée très bienveillante, qui a sacrifié ses études pour que les petits puissent manger. Et qui est toujours d'accord pour aider Momo.
Découvrir la bibliothèque, Souad et le bibliobus va grandement l'aider dans son amour de la lecture.
Mais c'est sa rencontre avec monsieur Édouard, un vieil homme un peu bizarre, qui va changer sa vie.
M. Édouard est parfois un peu fou, il sacre Momo petit prince des Bleuets, mais il l'aide à entrer en littérature !!
Très loin de tout ce que connaissait Momo, Édouard va l'entraîner dans un monde de rêve, de livres et de poésie. De tristesse aussi hélas quelquefois.
Au hasard des pages, on croise des titres de chouettes romans et ça donne envie de les (re)lire.
Mais celui qui parle le plus à Momo, c'est un roman "pour grands" : La vie devant soi, d'Émile Ajar/Romain Gary. Un garçon nommé Momo, une cité très mélangée, ce Momo-là le fascine.
Momo des Bleuets, c'est un petit garçon qu'on aimerait rencontrer, un très beau roman, très émouvant, qu'on ne se lasse pas de relire.
Extrait :
Souad comprend tout ce que dit et ressent Momo. Il n'a pas besoin de lui donner des tas d'explications comme il doit le faire avec Fatima ou Yasmina. Parce que Souad a lu tous les livres du bibliobus, comme monsieur Édouard.
Momo des Coquelicots
(102 pages - 1e parution 2010)
Plus de Monsieur Édouard hélas, et plus de Bleuets non plus, la barre doit être détruite, et il faudra toute la volonté d'une locataire pour que Momo et sa famille soit correctement relogés aux Coquelicots.
Ce deuxième livre est plus politique, moins poétique. Plus terre à terre. Et tout aussi intéressant.
Momo grandit, le voilà collégien. Il devient moins naïf mais a toujours aussi grand coeur. Il découvre que son père, qui semblait si "absent" a beaucoup pensé à lui.
Hélas, le grand frère, en se découvrant "chef de famille" ne s'améliore pas et tente de gâcher la vie de la famille toute entière.
Mais il y a aussi l'amitié grandissante de Momo pour Émilie, qui éclaire son quotidien.
Et son idée d'apprendre, dans l'ordre, tous les mots du dictionnaire et leur définition, est amusante et permet de découvrir avec lui plein de vocables.
Extraits :
En revanche, le mot sustenter, il ne risque pas de l'oublier. Monsieur Édouard l'utilisait toujours pour dire "manger", alors Momo a compris que les mots n'ont un sens que si l'on s'en sert.
***
Momo veut bien apprendre à écrire sur l'ordinateur même s'il confie à son amie :
- Moi, je préfère quand même écrire dans un cahier.
- Mais pourquoi ?
- Parce que les mots ne sortent pas pareil quand tu les dessines toi-même.
***
s'il aime ce mot, c'est parce qu'il est invariable. Et c'est drôlement rare, les mots invariables. La plupart prennent au moins un s quand ils sont plusieurs. Eh bien, pas celui-ci ! Et Momo trouve que c'est épatant un mot qui ne bouge jamais de la vie.
Des lauriers pour Momo
(172 pages - 1e parution 2012)
Changement de décor : vu les qualités de Momo, son collège lui propose d'intégrer un internat d'excellence.
Cruel dilemme : quitter toute sa famille, son décor familier et ses amis, mais pouvoir enfin étudier à sa mesure.
J'avoue que j'ignorais l'existence de ces établissements. J'ai été surprise de voir que Yaël situe l'action dans un collège existant réellement, et c'est bien intéressant.
Même s'il n'oublie pas sa famille, Momo va s'épanouir dans ce lieu propice aux études. Et surtout, il va s'apercevoir que chacun a ses problèmes, différents mais souvent aussi durs. Et il n'y est pas insensible. Fidèle à son grand coeur, sans oublier ceux qui l'ont aidés, il va à son tour tout faire pour ses amis.
J'ai beaucoup aimé ce tome-là aussi.
Extrait :
Ce que je préfère, à l'internat d'excellence, c'est qu'on a le droit d'être de bons élèves et que tout le monde a envie d'être le meilleur. L'année dernière, dans mon ancien collège, c'était presque une honte.
C'est vraiment un plaisir de relire toute la série d'affilée, de suivre Momo pendant quelques mois.
Pour les petits lecteurs qui hésiteraient à se lancer dans un gros livre, pourquoi ne pas commencer par la version mise en BD par Marc Lizano ? (Comme celle d'Un grand-père tombé du ciel)
Elle est d'ailleurs présentée à la fin de cette intégrale. Mais en petit format noir et blanc, c'est moins attrayant que la vraie B.D. !
Momo est né d'une vraie rencontre dans une bibliothèque d'Île de France, entre un gamin de 6e et une nouvelle autrice, il y a un quart de siècle.
Qui pourra aider Yaël Hassan à le retrouver ?
Éditeur : Syros - 25 mai 2023
Illustration de couverture : Beatrice Alemagna
367 pages ; 16.00 €
Mes autres lectures de Yaël Hassan chroniqués ici :
Tranquille comme Baptiste
Perdus de vue
Les Demoiselles des Hauts-Vents
Un roman d'aventures ou presque
Tranquille comme Baptiste
Perdus de vue
Les Demoiselles des Hauts-Vents
Un roman d'aventures ou presque
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