mercredi 14 février 2018

Paris est tout petit - Maïté Bernard

Un livre dont on en sort pas indemne.
Un petit bijou où chaque mot compte, facile à lire, facile à aimer.

D’abord une belle histoire d'amour partagée, surprenante mais évidente.
Et soudain ... 13 novembre 2015,  le Bataclan. Qui vient détruire bien au-delà des personnes présentes ce soir-là.
C'est bien sûr l’essentiel de la trame de l’histoire.
Mais autour de ça, on a une merveilleuse découverte, de Paris, Paris intime, Paris hors des circuits touristiques, Paris et toutes ses beautés.
Mais ce n'est pas tout ce que Gabin va faire découvrir à Inès.  Il y a aussi toute une culture assez étonnante, puisqu'ils vont passer des films "de cinémathèque" à la musique en tout genre, des albums de Tintin aux Comics. autant de découvertes pour une fille qui jusque là, dans son besoin de se cultiver pour les études qu’elle ambitionne, s’était surtout cantonnée aux lectures classiques.
Malgré le sujet, c'est toujours léger, agréable à lire.
Tout est analysé très finement, sans parti-pris ni haine.
La difficulté de la rencontre entre deux mondes,  une jeune fille musulmane, d'une commune peu favorisée, avec les gens plus riches, plus cultivés, de Paris intra-muros. Dit comme cela, ça semble un peu caricature, et ça ne l'est vraiment pas, on réfléchit avec chacun, on admire la force et la volonté d'un côté, la gentillesse et la tolérance de l'autre.
Beaucoup de personnages sont sympathiques et émouvants.
Et les réflexions sur l’après attentat sont terriblement importantes, toutes en délicatesse et en vérité.

Je crois que la phrase qui m'a le plus marquée est :
"Marie-Castille est morte dès les premières minutes et nous l'avons aimé vivante jusqu'au lendemain."
Je la dédie aux parents de Matthieu.

Matthieu dont j'ai appris qu'il était au Bataclan par les appels sur Internet, qui disaient qu'on ne le trouvait pas, mais que des personnes l'avaient vu, oui, il était forcément vivant, caché ou blessé, mais on espérait puisque il était certain qu'on l'avait vu.
Hélas non, il n'y avait plus rien à espérer.
Je ne connaissais pas Matthieu, je connaissais ses parents, je ne connaîtrai sans doute jamais ses enfants, même sa fille née quatre mois plus tard, mais je ne les oublierai pas, et je remercie Maïté Bernard de donner à tous ces disparus une vraie présence, au-delà de l’émotion des premiers jours, des chiffres et de la colère.

Je me suis un peu attardée, ce livre remue tellement de choses, mais passé le choc des attentats, ce n'est pas un livre triste, mais un texte vraiment superbe, à lire absolument.

Merci Ramettes !
Allez lire sa chronique, elle traduit bien mieux que moi ce que j'ai ressenti en lisant cet extraordinaire roman.

Extraits :

Comment peut-on être intelligente en classe et aussi bête dans la vie ? Je suis ridicule !
Voilà, je me suis remise à ma place.

***
Plus vous serez clair avec vos émotions, avec vos raisons d'être ici, avec votre projet futur, plus vous aurez de chances de réussir. Vous êtes tous intelligents, travailleurs, intéressants. La différence se fera sur ...

***
Il m'interrompt :
- "Mais Paris est tout petit pour ceux qui, comme nous, s'aiment d'un aussi grand amour."

***
Même quand ça s'arrête trop tôt, l'amour des parents est une force pour la vie.


Syros 1/02/2018
NOUVEAUTÉ ; 370 pages
Résumé Babelio

1 commentaire:

  1. C'est vrai que ça remue. C'est écrit avec pudeur... Merci pour ton témoignage.

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