dimanche 11 avril 2021

La fortune sourit aux disparus - Stephen Spotswood

Encore un bon choix que ce roman policier. Un vrai bon polar comme je les aime, une atmosphère, des personnages bien typés, qu'on suit de près, auxquels on s'attache.
Et un duo d'enquêtrices que j'ai eu bien du mal à quitter.

Quand Willowjean, qui vit et travaille dans un cirque miteux qui représente toute sa famille, accepte un petit boulot de gardien de nuit, pour gagner quatre sous, elle ne se doute pas que sa vie va en être totalement changée. Car non seulement à l'issue de cette nuit, elle se retrouve en garde à vue pour meurtre, mais surtout elle rencontre Lillian Pentecost. Détective privée de grande qualité, mais que la maladie oblige à se faire aider. En bonne détective, Lillian détecte tout de suite les qualités de Willow, et malgré ses lacunes elle sait qu'elle pourra en faire une aide précieuse et efficace.

Quelques années plus tard, Willow retrace pour nous la première affaire importante qu'elles ont résolu toutes les deux. Et c'est passionnant.
Je me suis aperçue à la moitié du roman que je ne m'étais pas du tout demandé qui pouvait être coupable, tant j'étais prise par l'ambiance.
On suit ces deux détectives dans les méandres d'une enquête pas si simple que ça. Leurs vies et leurs recherches s'entremêlent, et on ne voudrait plus les quitter.
Tout m'a plu dans ce roman, y compris la couverture qui correspond bien au contenu.
Il est présenté comme un cosy mystery. Ça en est bien un dans la mesure où (comme j'aime) pas de description gratuite de violence, pas de scènes "gore" ni d'incursion dans les bas-fonds de la ville. Mais ce n'est pas non plus un polar où l'humour prime sur la résolution de l'énigme, et les détectives sont bien des "professionnelles". 
C'est réellement un vrai roman policier, qui nous conduit pas à pas vers la clé, avec des situations assez complexes, et un milieu / des personnages bien décrits. Je ne m'attendais pas à une fin aussi haletante.

Une liste des personnages est proposée avant le début. Je me suis empressée de la noter car ma mémoire n'est pas terrible. J'ai parfois du mal à m'y retrouver quand il y a beaucoup de personnages. Et je me suis aperçue avec ce roman, qu'en fait, quand c'est bien écrit, il n'y a pas de problème de mémoire. Ici, je n'ai jamais eu besoin de rechercher qui est qui. Quand on aborde un personnage, c'est assez précis pour qu'on retrouve immédiatement qui c'est. Donc, le problème ne vient pas de ma mémoire mais de l'écriture !! Bravo l'auteur !

Quelques autres petites notes tout aussi personnelles :
Ce qui m'a attiré dans ce roman au premier abord est, entre autres, qu'il se passe à New York.
Et il commence pile dans la rue où nous étions à l'hôtel !! Mais c'est le New York du temps de la 2nde guerre mondiale que l'on découvre ici !

Un des protagonistes se nomme McCloskey.
Je me suis demandée si c'était un nom courant aux U.S.A., ou si c'est un clin d'oeil discret à l'auteur du superbe album Laissez passer les canards (Make Way for Ducklings) qu'il faudra bien que je me décide un jour à chroniquer.

J'ai été bavarde car je n'avais pas envie de quitter ce roman, encore un vrai bon roman policier comme je les aime ! 

La suite doit paraître en anglais en décembre je crois. J'espère qu'elle sera traduite rapidement.

Extraits :

Après trois jours de nourriture carcérale et cinq ans de chow mein au cirque, le coquelet tenait plus du fantasme que d’un vrai repas.
— De fait, à part le régime draconien, j’espère que la police ne s’est pas montrée trop odieuse.
Je n’avais jamais rencontré les mots « de fait » et « odieux » dans une conversation courante, mais je me débrouillai pour traduire.
— Ils ont pas mal crié en me montrant du doigt et en me traitant de sale pourriture de menteuse, répondis-je. Mais ils n’ont pas utilisé leurs matraques.
Elle acquiesça.
— Bien. Je m’excuse du temps qu’il a fallu pour vous faire libérer. Tracasseries administratives, ou du moins, c’est ce qu’on a dit à mon avocat.
— Ouais, je crois qu’ils espéraient me faire craquer pour que je leur avoue que vous aviez planifié toute l’affaire. Quelle que soit l’« affaire » en question.
Elle leva la main comme si elle chassait une mouche.
— La police a parfois des lubies. Ils n’ont pas encore compris que corrélation ne signifiait pas causalité.
Mon traducteur interne déclara forfait.

***
Ce qui signifiait que notre meurtrier était un homme ou une femme d’une force inconnue et d’une taille indéterminée.
Excellent ! On pouvait éliminer les jeunes enfants et les comateux.

***
Une des choses que m’ont appris les cours de sténographie, c’est que la vie d’une secrétaire de direction est une vie de désespoir silencieux et que les potins sont de l’or en barre.

***
À vrai dire, je réussis effectivement à retrouver Abigail Pratt. J’en retrouvai même sept. Ma préférée étant l’immigrée écossaise de quatre-vingt-quatre ans à l’accent tellement marqué que je dus demander à Mrs Campbell de traduire. J’avais bon espoir que notre Abigail soit sa petite-fille, perdue de vue depuis longtemps. Pas de chance. Mais Mrs Campbell [leur cuisinière] en profita quand même pour récupérer une recette de farce à saucisses au passage.

Titre original : Fortune Favors the Dead (2020) 
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Estelle Roudet
Éditeur : Calmann-Levy - 3 mars 2021 - NOUVEAUTÉ
Collection : Noir ; 464 pages ; 17.50 €
Lu en numérique
 

PERSONNAGES 

WILLOWJEAN PARKER : Le bras droit de Lillian Pentecost, une femme qui a fait ses classes dans un cirque. Elle découvre les hauts et les bas du travail de détective.
LILLIAN PENTECOST : La détective privée la plus éminente de la ville de New York. Pas aussi assurée sur ses jambes qu’elle a pu l’être, mais c’est de son esprit à l’intelligence affûtée qu’il faut se méfier.
ALISTAIR COLLINS : Magnat de l’acier et patriarche sans pitié. Il y a un peu plus d’un an, il a mis un point final à sa propre existence à l’aide d’un pistolet.
ABIGAIL COLLINS : Matriarche de la famille Collins. Quelqu’un a fichu en l’air sa soirée d’Halloween en l’assassinant avec une boule de cristal.
REBECCA COLLINS : Fille d’Al et d’Abigail. Effrontée, belle, et bien plus qu’une simple jeune fille de la haute société.
RANDOLPH COLLINS : Frère jumeau de Rebecca. Il compte prendre la suite de son père là où ce dernier s’est arrêté, et s’imagine que cela inclue de veiller à ce que sa sœur reste dans le rang.
HARRISON WALLACE : Parrain de Rebecca et de Randolph et faisant office de directeur général intérimaire de Collins Steelworks. Il dit vouloir rendre justice à Abigail, mais ce ne sont peut-être que des paroles.
ARIEL BELESTRADE : Médium et conseillère spirituelle de l’Upper East Side. Elle prétend pouvoir communiquer avec les morts, mais laisse-t-elle des cadavres dans son sillage ?
NEAL WATKINS : Ancien enfant prodige de l’université, devenu assistant d’Ariel Belestrade. Jusqu’à quel point suit-il les traces de sa patronne ?
OLIVIA WATERHOUSE : Professeure au comportement discret qui se passionne pour les sciences occultes. Son obsession pour Ariel Belestrade pourrait dépasser le cadre académique.
JOHN MEREDITH : Chef d’atelier de longue date à l’aciérie, une armoire à glace de bagarreur couvert de cicatrices. Il éprouve une solide rancune et des idées bien arrêtées envers le clan Collins.
DORA SANFORD : Cuisinière des Collins depuis toujours. Plus que disposée à vendre la mèche.
JEREMY SANFORD : Majordome des Collins. Visage toujours impénétrable, il garde les secrets de famille soigneusement enfouis.
ELEANOR CAMPBELL : Cuisinière et gouvernante de Lillian Pentecost. Aimante, loyale, et avec qui on ne badine pas.
LIEUTENANT NATHAN LAZENBY : Un des enquêteurs les plus pointus de la police de New York. Si vous le sous-estimez, ce sera à vos risques et périls. Prêt à laisser suffisamment de latitude à Pentecost et à Parker pour qu’elles se cassent la figure. Ou mettent la main sur le tueur.














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