lundi 17 octobre 2022

Le Buveur de Lait du Crépuscule - Pascal Ruter

Joli coup de coeur pour cette adorable histoire. 
Des sorcières, des transformations en animaux, une ode à la lecture, et Le Petit Prince en fil rouge.
Je sens que ce roman va enthousiasmer mes jeunes lecteurs.

Ce livre m'a attirée à cause de l'auteur, parce que j'ai beaucoup aimé tout ce que j'ai lu de Pascal Ruter. Mais je ne m'attendais pas du tout à un tel roman. À la fois léger, drôle, palpitant et à la portée de tous.

Ernest et ses deux meilleurs amis font partie du Club des lecteurs contagieux.
Les sorcières, qui n'apprécient pas les livres les présentant de façon fort négative, vont s'en prendre à eux et à la bibliothécaire. Et aux livres haïs aussi.
Rendre les livres terriblement addictifs pour transformer ensuite les lecteurs en l'animal qu'ils détestent le plus. Original et inquiétant.
C'est délicieusement bien écrit, à la fois plein d'humour et de réflexion. Les enfants, ceux de l'histoire et les autres sans doute, ne verront plus d'un même oeil certains animaux.
En touches légères, on nous montre une famille où les parents sont des geeks complets, travail comme loisirs, méprisant un brin leur fils toujours plongé dans les livres. Peut-être s'achemine-t-on vers ce type de famille à mesure que les générations passent ? Le grand-père lui a transmis l'amour des livres, et des bibliothèques. Et il le retransmet à son tour autour de lui, puisqu'ils sont des lecteurs contagieux !

Avec en prime une adorable sorcière diaphane qui veut qu'on lui dessine un mouton !

Même les titres de chapitres sont originaux et drôles (voir sommaire)

Une histoire de sorcière à mettre entre toutes les mains ! (attention aux petits doigts !!) et qui j'en suis certaine va plaire à tous, ceux qui aiment lire comme ceux qui aiment avoir peur.

Extraits : [J'avais envie, plutôt que de vous parler de ce livre, de tout le citer ! Alors, exceptionnellement, voici de longs extraits]

[Incipit]
Cher lecteur qui pourrait bien être une lectrice, je ne sais pas ce qu’il en est pour toi mais moi, je suis fou des bibliothèques. Je préfère les bibliothèques aux plages, aux pistes de ski, aux piscines, aux parcs d’attractions, à n’importe quel restaurant ou magasin de bonbons, évidemment à n’importe quel stade de football et même, MÊME, à mon lit que j’adore pourtant. Pour résumer, c’est l’endroit que je préfère au monde. Non, franchement, je ne vois pas ce qu’il peut y avoir de mieux qu’une bibliothèque. En une après-midi à feuilleter les derniers livres que Mme Blanchard vient de recevoir, je voyage des tropiques au pôle, de la mer de Chine à la Manche, je traverse l’Atlantique, le golfe du Bengale et le désert de Judée, je croise des ours, rencontre des loups, nage avec des marsouins, échappe à des lions, des anacondas, des méduses et toutes sortes de créatures qui piquent, mordent, déchirent, paralysent. Tout ça sans risquer d’être piqué, mordu, déchiré, paralysé, bien au chaud entre les gros coussins de la bibliothèque. 
Je voudrais bien savoir ce qu’on peut demander de plus à l’existence que d’en vivre mille autres en une après-midi. 
Sans compter que c’est incroyable le nombre de gens célèbres que vous êtes amené à fréquenter dans une bibliothèque. Un jour, au détour d’un album, j’ai même croisé Dieu. Il était jeune et ressemblait à Victor Hugo et Stromae à la fois. 
Je sais bien que je ne fais pas partie de la majorité et que pour la plupart des enfants de mon âge – je précise que j’ai dix ans deux tiers –, une après-midi dans une bibliothèque équivaut à une longue, très longue, une interminable séance de torture. Pire qu’une visite chez le dentiste. 

***
– Totor, c’est toi ? hurlai-je.
Un certain soulagement put se lire dans le regard de l’animal. Ses griffes se rétractèrent, l’ensemble de son corps quitta sa posture défensive. Puis il hocha la tête lentement, désolé et honteux. C’était la première fois que je me trouvais face à un copain transformé en chat, et croyez-moi, ça demande une certaine acclimatation. 
– Oh, mon pauvre Totor, que t’est-il arrivé ?
Je le surpris en train de lever les yeux au ciel. Je comprenais son agacement, c’est vrai que c’était une question un peu idiote puisque j’avais la réponse devant moi. Mais d’un autre côté, avouez que parler à un chat n’a rien de naturel. 

***
Les livres nous protègent, nous les humains ; ils nous protègent de l’ennui, de la bêtise, de la médiocrité, de la violence et de plein d’autres choses mauvaises, mais pour les sorcières c’est l’inverse. 

***
Car tu le sais bien, cher lecteur, sauver les bibliothèques, c’est sauver l’humanité.

***
Mais en dehors des charmantes nouvelles habituelles, telles que conflits armés, déraillements de trains, braquages à main armée, catastrophes climatiques et attentats divers, aucun événement particulier n’était signalé dans les bibliothèques. Cela n’avait rien d’exceptionnel : on parle rarement des bibliothèques.

***
– Mais pourquoi s’en prendre spécialement aux enfants ? demandai-je.
– Réfléchis un peu, bon sang : ce sont les enfants qui lisent le plus car ils ont du temps ; et un enfant qui lit est un adulte qui lira. 

***
il leur faut éliminer les risques de contamination :les lecteurs et bibliothécaires contagieux. Les professeurs viendront après car les enfants les écoutent moins. Voire pas du tout. 

***
– Si vous êtes méchantes, c’est que vous souffrez. Et si vous souffrez, c’est que vos âmes pourries sont privées de livres. Sans les histoires que racontent les livres, les esprits se dessèchent, se racornissent, la joie disparaît et seul le chagrin demeure. Un bon livre et vous oubliez vos soucis, l’ennui s’évapore et votre haleine embaume. 

***
– Que vont dire mes parents ? Ils m’ont quitté garçon et vont me retrouver demi-taupe.
– Tu as raison. Les parents ont souvent tendance à voir le verre à moitié vide.

***
Sommaire
Chapitre 1. De l’inconvénient de piquer un roupillon dans une bibliothèque
Chapitre 2. De l’avantage de ne jamais nouer les lacets de ses baskets
Chapitre 3. De l’inconvénient de ne pas savoir si on a rêvé ou non
Chapitre 4. De l’avantage d’avoir des notions en zoologie
Chapitre 5. De l’inconvénient de mener une enquête avec des animaux
Chapitre 6. De l’avantage d’aimer jouer au Scrabble
Chapitre 7. De l’inconvénient de détester les oursins
Chapitre 8. De l’avantage d’avoir un rat pour capitaine
Chapitre 9. De l’inconvénient de manger une bibliothécaire
Chapitre 10. De l’avantage d’avoir les clés de l’ascenseur
Chapitre 11. De l’inconvénient d’un tête-à-tête avec une sorcière
Chapitre 12. De l’avantage de savoir dessiner un mouton
Chapitre 13. De l’inconvénient d’être une taupe
Chapitre 14. De l’avantage d’avoir un plan bien ficelé
Chapitre 15. De l’inconvénient de ne pas savoir lutter contre sa nature
Chapitre 16. De l’avantage de se souvenir de ce qui n’a pas encore eu lieu
Chapitre 17. De l’inconvénient d’avoir terminé un roman

Editeur : Didier Jeunesse - 12 octobre 2022 - NOUVEAUTÉ
Collection : Mon Marque-Page +
À partir de 8 ans
160 pages - 12.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire