Oh la la, quel roman !! Nous passons d'une ambiance victorienne à une aventure assez folle et pleine de suspense, des personnages tout en nuances, ou pas, une traversée de l'Europe par tous les moyens de locomotion, de la réflexion et de l'action.
Matthieu Sylvander, c'est toujours un bonheur de lecture, toujours étonnante. Mais là, c'est vraiment inattendu d'un bout à l'autre.
Des soeurs, des demi-frères, de la noblesse, des bouges et des bateaux. Eliza quitte sa campagne du Lincolnshire pour découvrir de façon très traditionnelle la "season" à Londres, en compagnie de sa soeur en âge de se marier. Accompagnées d'une tante qui ne lève pas les yeux de sa broderie. Jusqu'à sa rencontre avec un clergyman !!
Mais Eliza n'est pas du genre à se satisfaire de bals et de réceptions. En plus des mathématiques, l'aventure l'attire. Qui aurait pensé que la "season" la retrouverait sur un bateau en compagnie d'un noble et d'un journaliste ? Shocking ;-) On croisera même un anarchiste. Et ce comte valaque avec sa cape noire diffère bien de celui auquel il nous fait penser ! Même si on le suit jusqu'en Europe centrale.
Les surprises des lectures successives :
Après Sous les étoiles de Bloomstone Manor (1898), je retrouve ici une jeune fille qui aime la science (les mathématiques cette fois) et qui déplore qu'en cette fin de 19e, il soit interdit aux filles de suivre des études, et de montrer leur intelligence.
Nous sommes en 1878, dix ans après Les Lettres du Kansas, où, si l'ambiance était complètement différentes, campagne profonde d'Amérique v/s petits nobles d'Angleterre les regrets et attentes des héroïnes se ressemblent vraiment.
(Je poste ma chronique beaucoup plus tard, mais j'ai bien enchaîné ces trois lectures, aussi différentes que possible sur des thèmes qui se recoupent.)
J'aime tous les romans de Matthieu Sylvander, je trouve qu'on ne parle pas assez de lui car ses histoires sont toujours drôles, atypiques et bien écrites.
Ma préférée reste Manoel le liseur de la jungle, histoire d'un tatou et d'un Kipling. Mais La saison des disparus le suit en bonne place, malgré une fin un peu violente.
Et j'avais bien aimé aussi : Béatrice l'intrépide, et l'inénarrable Vladimir Sergueïevitch.
Extraits :
Les compétences en ballet de Victor étaient sans doute plus sommaires, mais il ne se débrouillait pas si mal pour un jeune homme contraint de gagner sa vie. Sans doute était-ce dû à son sang français. Les Français sont un peuple de danseurs, c'est bien connu, du moins quand ils ne font pas la révolution.
***
Victor n'avait pas eu son mot à dire, il était déjà bien beau qu'un représentant d'une telle engeance soit accepté dans leur entourage. Non seulement il était français, mais de surcroît il n'avait pas de chapeau.
***
- La jambe est cassée, Mrs Morwood.
- Cela, je le vois bien, docteur, ce que je veux savoir, c'est jusqu'à quand.
- Eh bien, madame, jusqu'à sa guérison, dirais-je.
***
Les professeurs de mathématiques sont en principe des animaux à sang froid,
Éditeur : L'École des Loisirs - 24 mai 2023
Collection : M+ ; 459 pages ; 17.50 €
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