Longtemps que je ne vous avais pas présenté un Exprim', mais un roman d'Émilie Chazerand pas question de le rater, après l'inénarrable Falalalala.
C'est ici une autre famille tout aussi émouvante, aussi drôle, tourmentée, et tellement humaine, qui nous est racontée, à trois voix.
Au milieu de la famille, il y a Annie. Annie et son chromosome en plus. Annie qui prend toute la place, Annie qu'on adore pour sa gaieté, sa bonne humeur perpétuelle, mais aussi, surtout, sa fragilité. Annie qu'on déteste aussi quand on ne voudrait que l'aimer. Parce qu'elle ne passe jamais inaperçue, et que la vie de la famille ne peut que s'organiser autour d'elle, depuis dix-sept ans.
Avant elle, il y a eu Harold, qui n'a eu qu'une petite année pour profiter de son statut d'enfant unique, avant que sa soeur ne vienne prendre toute la place. Harold qui a des soucis bien plus importants que les majorettes en ce moment. Deux choses à avouer à sa famille, mais comment en trouver le courage, sachant que les réactions risquent d'être violentes ?
Et après, il y a Velma, Velma l'invisible aux yeux de tous. Velma qui s'exprime en strophes poétiques, et par des listes, elle liste tout, ce qu'on ne peut qu'aimer, ce qu'elle aimerait faire, les couleurs indescriptibles, ce qui la rend heureuse... Toujours 20 occurrences, plus une : Annie.
Les autres membres importants de la famille, nous ne les connaitrons qu'à travers ce qu'en disent les trois narrateurs. Mais ça ne les empêche pas d'être bien campés, importants et souvent inattendus.
Les parents bien sûr, mais aussi la tante, et une grand-mère assez étonnante.
Annie aime tout, beaucoup de choses la réjouissent, même si d'autres la paniquent très fort, l'amenant à des crises d'angoisse difficiles à canaliser.
Mais ce qu'elle aime par-dessus tout, c'est son groupe de majorettes, son costume, la perspective de participer à un grand défilé.
Alors, quand l'entraîneuse se résout à l'exclure du groupe, chacun s'attend au pire.
Toute la famille est d'accord : il faut trouver une solution. Tous sont prêts à faire n'importe quoi pour qu'Annie soit heureuse. Enfin, en théorie. Quand il faut passer à la pratique, forcément, on devient plus hésitant.
Avec une fin un brin loufoque et tellement émouvante, un superbe roman sur les liens familiaux, empli de tendresse, mais très réaliste aussi.
Quel défi, brillamment relevé par l'autrice, de parler par la voix des trois personnages, et particulièrement de nous faire vivre la réalité à travers les yeux d'Annie.
Mais aussi d'accompagner Harold dans ses interrogations, avec des réponses de la famille assez surprenantes finalement (Je m'attendais un peu à ce que ce soit l'inverse, sur ce qui est accepté et ce qui pose vraiment problème).
Bien entendu, comme dans tout roman d'Émilie Chazerand, l'humour est toujours présent, malgré des situations pas faciles. Humour et tendresse.
J'ai adoré que l'amie imaginaire d'Annie soit Dalida !! Grand plaisir de retrouver ce personnage hors du commun, et ses airs qui restent en tête "Comme le disait la Mistinguett" ...
(Et si vous avez oublié à quoi va ressembler la tenue de scène des Barjorettes 😉 :
https://www.youtube.com/watch?v=YIncquNGoPI)
Qui en parle ? hashtagceline
Extraits :
D'ailleurs, je suis plus grand que Papa. Y a un truc qui coince, qui cogne et meurt, quand on peut voir le sommet du crâne de son père.
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La famille, c'est le meilleur des gilets pare-balles.
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Mais je suis une adolescente de quinze ans. Pas le dalaï-lama.
Je n'ai pas encore atteint l'âge d'aimer être moi.
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L’habitude, c’est quand un truc, même horrible, recommence tous les jours, et petit à petit, tout doux, on oublie c’est horrible. Ça fait moins peur et un matin on trouve ça normal. Et ça, c’est encore plus horrible : l’habitude du horrible ! Je veux pas avoir l’habitude des disputes.
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Collection : Exprim' ; 302 pages ; 17.00 €
Mes autres chroniques d'Émilie Chazerand :
En Exprim' : Falalalala
En Pépix (pour les plus jeunes) :
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