mardi 20 février 2024

Enquête et Charleston : Une Américaine à Paris - Mélanie Bantignies

 

Très beau coup de coeur que ce roman. J'ai tout aimé, il y a longtemps que je n'appréciais plus autant un roman adulte.
Les personnages sont intéressants, très attachants pour certains, et on aime en détester d'autres ! L'époque est bien décrite, on découvre tout un monde, sans que ce soit jamais pesant, bien au contraire. 
Les peintres, la mode, l'ambiance parisienne. Et l'intrigue est dense, imprévue, et terriblement bien menée.
Un roman policier comme je les aime, qui ne se complait pas dans les détails atroces, bien que nous soyons plongés dans des affaires bien tristes.

Résumer un roman aussi parfait avec mes pauvres mots est un peu inconscient, mais je dois tout de même vous en parler !
Il y a juste un siècle, Madeleine, jeune franco-américaine richissime, vient d'apprendre l'horrible décès de sa seule amie, et elle revient, d'abord pour lui rendre hommage, puis pour essayer de comprendre ce qui lui est arrivé. 
Obligée d'essayer de passer inaperçue si elle veut être efficace, elle se crée une nouvelle identité, qu'elle a bien du mal à assumer, mais qui en même temps, lui offre une liberté lui permettant de voir le monde et la vie autrement.
Essayer de rendre justice à son amie l'entraîne à découvrir de bien noires affaires, et courir quelques dangers.
Heureusement à défaut d'une famille, sur qui elle n'a jamais pu compter, elle est bien entourée par du personnel qui lui est plus proche que sa propre famille.
J'ai aimé l'humour du chauffeur et de la gouvernante, s'habituant plus difficilement à la vie française que Madeleine, et même parfois plus snobs qu'elle.
J'ai aimé m'immerger totalement dans la vie parisienne du début du siècle passé, et j'ai apprécié que la grande érudition de l'autrice ne soit jamais pesante, mais au contraire aussi légère qu'une bulle de champagne, tout en nous faisant découvrir bien des choses.
Apprécié aussi l'empathie envers les professeurs et enseignants !
Les violences envers les femmes sont abordées par plusieurs côtés, et même si c'est historique, c'est aussi parfois très actuel hélas.

J'ai adoré certains personnages, John et sa Joséphine, Edgar Dieu. Et j'ai versé quelques larmes d'émotion sur un cadeau inattendu. 
J'ignorais que "l'invention" de la canne blanche datait du tout début des années 1920.
Sans doute aussi ai-je autant aimé ce roman parce qu'on voit Madeleine évoluer de façon si intéressante. La jeune fille du début, qui ne se préoccupait guère que d'elle-même, fait peu à peu place à une personne bien plus sympathique, qui s'inquiète pour son entourage.
J'ai été étonnée de retrouver ici Joséphine Baker, dont je viens justement de lire une courte biographie.
Je voudrais vous parler de plein d'autres choses que j'ai aimées dans ce roman, il est si riche. 
Mais je ne sais pas en parler assez bien. J'ajouterais juste que je regrette de l'avoir terminé si vite, j'ai beaucoup de mal à quitter les personnages, ils me manquent à présent.

N'hésitez pas à les découvrir par vous-mêmes. Dès que j'ai la version papier, je vais les retrouver !
Un premier roman qui en appelle d'autres !!

Extraits :

Madame Rolland refusait dorénavant de se fournir chez l'épicier depuis qu'elle l'avait vu lire  Le Nouveau Siècle. Il lui était impossible d'acheter des tomates à un admirateur de Mussolini. Elle préférait se passer de légumes plutôt que de trahir les opinions politiques qu'avait défendu, toute sa vie, feu son mari. 

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Marthe gagnait sa vie en nettoyant les maisons des autres, à genoux, récurant les parquets des riches habitants du village, ces privilégiés dont elle-même faisait partie. La jeune femme n'éprouvait aucun  mépris pour elle,  mais ayant  grandi entourée de domestiques, prêts à satisfaire le moindre de ses caprices, elle avait toujours peiné à la considérer comme une personne à part entière. 

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John Adams était le chauffeur de la famille Hardwick depuis plus de 30 ans. Il avait tout d'abord été cocher jusqu'à ce qu'une nouvelle invention révolutionne à la fois les transports et sa vie : l'automobile. Depuis, c'était l'amour fou. Il avait chéri toutes les voitures qui lui avaient été confiées. Sa dernière   conquête s'appelait Joséphine, une Cadillac bleu nuit, baptisée ainsi en hommage à la merveilleuse Joséphine Baker, qui illuminait à la fois ses oreilles et ses rêves.

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- Elle était capable de créer des scandales ! On la disait incapable de se tenir correctement en société… Les journaux parlaient souvent d'elle, comme d'une personne un peu folle. On disait qu'elle était hystérique ! 
 - C'est habituellement de cette façon que l'on désigne les femmes à forte personnalité !

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apprendre à faire des choix, à vivre en se souciant des autres, était un apprentissage difficile pour elle.

City éditions - 21 février 2024 - NOUVEAUTÉ
400 pages - 19.90 €
Version numérique : 11.99 €
 

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