lundi 4 août 2025

Obscure et céleste - Marco Malvaldi

Oh que j'aime l'humour et l'écriture  de Marco Malvaldi.
Je ne peux pas prétendre avoir absolument tout compris, moins à cause des parties un peu techniques que parce que la numérisation, une fois de plus, est un peu "en vrac". On ne sait jamais quand on change de partie, et donc d'interlocuteurs, les notes censées de bas de pages sont n'importe où au milieu etc, ça rend la lecture un peu ardue. Mais je me suis vraiment régalée avec ce roman.

De façon amusante, je passe de Les Héritières de Deverill, où il est question d'un lointain descendant de Barberini pape Urbain VIII à ce même pape dans son époque.

Nous découvrons Galilée, au soir de sa vie, dans une intrigue qui nous mène au couvent où sont enfermées ses deux filles.
Un meurtre, des intrigues politiques et religieuses, une épidémie de peste et un pendule, des sœurs parfois un peu inattendues. Et bien sûr, un côté scientifique, on est avec Galilée !

J'avais un jour avec des collègues, assisté à une pièce de théâtre sur la Vie de Galilée, et nous avions trouvé cela si indigeste que, les dates s'affichant à chaque scène, nous nous étions demandé quelle était l'année de sa mort, espérant arriver plus vite au bout de cet ennuyeux spectacle.
Rien à voir ici, entre l'humour, le suspense, les personnages bien campés, on ne s'ennuie pas une seconde.
L'auteur s'amuse, en nous interpellant par des commentaires et des réflexions très actuels sur cette époque lointaine. Il compare avec notre présent, notamment en rapprochant l'épidémie de peste de notre récent confinement.

La longue liste détaillée de personnages présentée au début aide à ne pas se perdre, mais en  numérique, ce n'est pas très pratique.

Un roman historique que j'ai bien apprécié, entre biographie, polar et humour. 

J'avais déjà beaucoup aimé Le mystère de Roccapendente, je vais essayer de lire les autres romans de Marco Malvaldi.

Extraits : 

La contribution de l'Église à la diffusion de la peste avait été, sans conteste, importante, néanmoins, il était difficile de déterminer si elle l'avait ralentie ou accélérée.
[...]
La peste étant une punition divine [...] Le prélat avait donc ordonné que toutes les cloches de la ville sonnent vingt fois à des heures préétablies de la journée. En les entendant, quiconque, pauvre ou riche, devrait s'agenouiller où qu'il se trouvât et réciter le De Profondis.

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Depuis la nuit des temps et depuis que les pandémies existent, les mesures sanitaires sont impopulaires, et une certaine partie du pouvoir ne manque jamais d’en tirer profit.

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Nous autres pécheurs 3.0 avons réussi à supporter le confinement grâce à une longue série de subterfuges et de passe-temps : certains se sont adonnés à la pâtisserie, d'autres ont organisé des apéritifs sur Zoom, nous disposions de mille distractions à domicile. Au couvent de San Matteo, bon nombre de ces possibilités étaient objectivement exclues.

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Quoi qu’il en soit, elles quitteraient définitivement leurs cellules ou leur dortoir à l’aube pour se consacrer à leur occupation principale : la prière. En l’occurrence, à l’aube, les laudes. Pour quelle raison ces pauvres filles devaient-elles louer un Être dépourvu de nom, qui exigeait d’elles, par l’intermédiaire d’une bande de cardinaux opulents, une pauvreté absolue, une clôture très sévère et une dévotion assidue ? Il est difficile de le dire : de même que la gravité existait depuis des centaines de millénaires avant que sir Isaac Newton ne la découvre, de même le syndrome de Stockholm était de toute évidence né bien avant que les ouvrages de psychologie ne le décrivent.

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Les relations que Galilée entretenait avec Piera, sa servante, étaient simples : il lui était impossible de vivre sans Piera, il lui était impossible de vivre avec Piera. Cuisinière hors pair, cancanière insupportable, d'une fidélité canine et d'une stupidité bovine, qui s'occupait de la maison comme si elle lui appartenait, et de Galilée également.

***
Et si nos mamans, qui nous aimaient pourtant beaucoup, enrageaient autant que des sangliers en janvier quand elles trouvaient une paire de chaussettes au salon, imaginez comment réagissait un général des jésuites quand on ôtait la Terre du centre de l'univers.
Exactement ce à quoi s'employait Galilée dans son nouveau livre.

Titre original : Oscura e celeste
Traduit de l'italien par Nathalie Bauer
Éditions du Seuil - 2 mai 2025
Collection : Fiction étrangère - 352 p. - 22.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.


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