J'aime vraiment beaucoup l'écriture de Jennifer Ryan. Elle sait nous parler des épisodes les plus graves mais tout en douceur.
J'ai souri, j'ai ri, pleuré aussi, et vraiment, je ne voudrais plus les quitter ces dames.
Un roman choral autour de quatre personnalités aussi différentes que possible.
Au départ, on s'attache surtout à Audrey, mais bien vite les autres prennent leur place aussi.
Audrey, veuve de guerre, qui peine à faire son deuil, et aussi à élever ses trois garçons, à garder sa maison et à vivre tout simplement. Ses quiches et tartes lui permettent juste de survivre.
Et si sa soeur Lady Gwendolyne s'en mêle. Elle lui en veut toujours de l'injustice de leur mère, et à présent, elle a les moyens de se venger. Mais est-elle plus heureuse la lady ?
Zelda débarque à la campagne, et n'a qu'une hâte, retourner à Londres, débarrassée de tout fardeau.
Issue d'une famille horrible, elle est habituée à se débrouiller seule, quitte à écraser les autres, et personne ne pourra lui faire croire que la famille, ça pourrait être une richesse et le bonheur.
Et Nell, la plus touchante, la jeune orpheline qui s'est attachée à la cuisinière de la grande maison, Nell qui bégaie, n'ose pas prendre la parole et se laisse malmener par tous. On espère tellement le meilleur pour elle.
Quand elles se trouvent rassemblées pour un concours de cuisine de guerre, grâce auquel chacune d'entre elles espère s'en sortir, les étincelles ne sont pas loin.
Mais ces femmes ont de la ressource !
Au début, la rivalité entre les deux soeurs, en temps de guerre, me rappelle La Pension du bord de mer.
Prétendu effort de guerre pour les riches, qui aiment surtout se mettre en valeur, tandis que les pauvres se débattent comme ils peuvent dans de réelles difficultés, tout en aidant vraiment. Mais la suite en sera bien différente.
J'ai l'impression que la moitié des romans que je lis sur cette époque parle de Noël Coward !!
En France, je n'ai pas souvenir qu'on en parlait tellement.
En France, je n'ai pas souvenir qu'on en parlait tellement.
Il s'agit bien d'un roman, malgré le titre un peu surprenant, mais on a tout de même toutes les recettes citées dans l'histoire.
Recettes de temps de guerre, avec des ingrédients parfois surprenants ou pas faciles à trouver.
Mais en cette période d'économies, ça peut donner de jolies idées !
Je précise que je ne les ai pas testées, mon niveau en cuisine ne m'y incite pas trop. 😀
Vous remarquerez dans l'extrait ci-dessous comme ces conseils des années 40 peuvent presque tous s'appliquer maintenant !!
Puisque c'est mon blog, je me permets un petit aparté ! Croiser ces prisonniers de guerre italiens m'a renvoyée à une petite page de l'histoire de ma famille. Mon parrain est arrivé en France comme prisonnier de guerre italien. Resté pour épouser ma tante. Je n'ai jamais posé plus de question sur leur histoire, et je le regrette amèrement. Je les adorais tous les deux. Mais cette histoire d'amour ici m'a émue !
Extraits :
La Ménagère Avisée
1. Fait ses courses de bonne heure
2. Transporte ses propres paquets et fournit ses propres sacs et emballages
3. Économise le carburant, l’électricité et le temps
4. Veille a la bonne santé des membres de sa famille en leur servant au moins un légume cru et un légume cuit par jour
5. Utilise l’eau de cuisson des légumes pour cuisiner
Source : Brochure du ministère du Ravitaillement
***
Les femmes sont considérées comme des cuisinières, pas comme des chefs.
***
- Je n'ai pas voulu faire la guerre." Il ouvrit les mains et les regarda. "Ces mains, elles sont là pour faire la cuisine, pour servir, pas pour se battre. Je voudrais être chez moi mais je préfère être ici plutôt qu'au combat. C'était horrible de voir le mal que les gens peuvent se faire.
***
- les boîtes de corned-beef apparaissaient à tous les repas dans les rations des soldats. Les affaires de sir Strickland avaient bénéficié non pas d'une seule guerre mondiale - il avait été anobli après la première - mais de deux, et la seconde était survenue fort à propos, juste au moment où sa fortune risquait d'amorcer un déclin.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres.
***
Les hommes peuvent avoir la liberté ET des enfants, c'est vrai. Ils peuvent être artistes ou pilotes, et être aussi des pères. Ce sont les femmes qui doivent choisir entre les deux désirs de base : une carrière ou une famille.
***
C’est comme ça : des hommes qui n’ont jamais mis les pieds dans une cuisine nous disent ce qu’il faut faire, à nous autres femmes. Le ministère du Ravitaillement nous prend pour des travailleuses sans cervelle qui ont besoin d’une reine des abeilles. Ou d’un roi, en l’occurrence.
***
Les douves entourant la tour de Londres avaient été asséchées et sur le terrain ainsi récupéré, on cultivait choux et pommes de terre pour nourrir l’East End surpeuplé et maintenant surbombardé.
Titre original : The Kitchen Front (2021)
Traduit de l'anglais par Françoise du Sorbier
Éditeur : Albin Michel - 02/03/2022 - 508 pages - 22.90 €
Éditeur : Albin Michel - 02/03/2022 - 508 pages - 22.90 €
Mes autres lectures de Jennifer Ryan :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire