Deux soeurs, la septantaine bien entamée, vivent sans aucun changement dans la maison de leurs parents, pas d'eau, toilettes à l'extérieur, tout est immuable.
Quand soudain, émoustillées par l'arrivée d'un charmant voisin, elle se décide à changer, et se lancent même dans le commerce pour financer leurs envies de changement.
Et pas n'importe quel commerce : simplement une boisson aphrodisiaque !
Elles sont touchantes, Elidia et Tilda, toujours ensemble, toujours proches, se supportant gentiment, avec si peu de disputes et de discussions, ce qui est tout de même admirables au bout de sept décennies ! Comme deux jeunes collégiennes, elles ne se quittent même pas pour aller aux toilettes, papotant à travers la porte. Ce qui leur donne du courage les soirs d'hiver. Car les toilettes sont à l'extérieur, et jusqu'à présent, elles n'ont jamais songé à la possibilité de modifier. Mais ça pourrait bien changer cet été là.
Touchantes et timorées, mais finalement pas tant que ça pour se lancer dans leur grand projet.
J'avoue que je passerais volontiers encore un moment en leur compagnie, pour savoir comment elles vivent l'arrivée de la "modernité" dans leur maison, et le retour du cher voisin.
Extraits :
Les plats avaient toujours meilleur goût lorsqu'on avait de la compagnie.
***
Elles passaient quand même de bons moments lorsqu'elles s'attendaient l'une l'autre devant les toilettes. De nombreuses confidences y avaient été échangées au fil des ans. Des conversations sur leurs chagrins comme sur leurs joies. D'une certaine manière, c'était également devenu un confessionnal. Quand on se trouvait assise ainsi dans le noir, on osait parfois avouer des choses que l'on n'aurait peut-être pas osé évoquer dans d'autres circonstances.
***
- Blixt est mort. Lorsqu'il s'est couché hier soir, il était en pleine forme, mais quand il s'est réveillé ce matin, il était mort.
***
Leurs dents atterrissaient dans le verre à 20h15, lorsqu’elles faisaient leurs préparatifs de coucher. Elles estimaient toutes les deux que sucer les biscottes ramollies par le café était délicieux et procurait d’agréables titillations.
***
Il faut dire que leur vue s'était détériorée, mais "si longtemps que nous verrons la différence entre les groseilles à maquereaux et les framboises, nous ne changerons pas de lunettes", plaisantaient-elles toujours.
***
Au moment où Tilda et Elida emportèrent les derniers couverts, elles virent trois lapins dans l'herbe. En soi, cela n'avait rien d'inhabituel, mais l'un des rongeurs mangea quelque chose dans la jardinière qu'Alvar avait garnie de beaux pétunias... et patatras, il se produisit la même chose qu'avec le matou de Molin. Dans un premier temps, l'animal parut pétrifié, puis il s'ébroua avant de filer d'un trait. Tilda et Elida savait ce qui allait se produire - et cela se produisit. De fait, le lapin se jeta tour à tour sur ses deux congénères et les pilonna de coups de reins frénétiques. Puis il se remit à gambader avant de répéter la manoeuvre. Tilda et Elida restèrent médusées.
***
La poste était fermée depuis depuis plusieurs années, mais on avait désormais un facteur et le courrier arrivait directement sur la table de la cuisine, ce qui n'était pas pire, bien au contraire.
Traduit du suédois par Carine Bruy
Titre original : Potensgivarna (2004)
Éditions Mirobole (2016) - 251 pages - 19.50 €
Paru en version poche en 2017, éditions J'Ai Lu, 7.50 €
Couverture de la version poche :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire