mercredi 18 janvier 2023

Un Crocodile sur un banc de sable (Amelia Peabody 1) - Elizabeth Peters

 J'ai beaucoup aimé lire ce dynamique roman d'aventure, même si l'héroïne n'est pas particulièrement sympathique à mon goût. Mais quel caractère !!
Premier opus des aventures égyptiennes de Miss Amelia Peabody, 32 ans, à la fois très anglaise et totalement hors normes, raconté par elle-même.

Elle a les défauts de ses qualités : énergique et sans peur, mais elle décide sans se préoccuper des autres, et pense tout savoir, veut tout régenter. Pas facile d'être une anglaise "vieille fille" à la fin du 19e siècle, quand on a son franc-parler, et qu'on refuse de n'avoir droit qu'aux occupations "de dames".
Une rencontre avec une inconnue aux abois dans la capitale italienne, un départ pour l'Égypte et l'aventure arrive de tous côtés. Deux frères archéologues aussi différents que possible (ou pas ?), un ancien amant qui reparait malencontreusement, un cousin, lord so british, et une momie terrifiante, insaisissable, idéale pour effrayer ces demoiselles, mais surtout les autochtones qui les aident.

De l'humour, grâce à la fois aux deux personnages principaux, et au décalage entre les civilisations, même si on est dans les "défauts" de l'époque, racisme, mépris. Un rythme d'enfer, des personnages qu'on adore aimer ou détester. Mais aussi quelques explications sur les fouilles, sur les dégâts causés par les "creuseurs" sans scrupules, comme par les populations si pauvres.
L'autrice est diplômée en égyptologie et, en plus d'écrire des manuels universitaires de référence sur le sujet, nous permet à tous de découvrir ce monde via les romans policiers.
Je ne me suis pas ennuyée une seconde, et je suis heureuse de voir qu'il existe un tas d'autres tomes, et déjà trois dans ma "pal" numérique.

Série : Amelia Peabody 1
Je chronique séparément chaque roman, mais ils sont parus dans un double volume, pour deux fois plus de plaisir !

Extraits : 

Quand Evelyn et moi ressortîmes de notre tombe, en fin d’après-midi, la petite esplanade devant l’entrée s’était métamorphosée en un salon d’été.

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Sa foi n'était pas la même que celle de Michael, mais en Égypte les vieilles superstitions des religions païennes ne sont jamais très loin, en dépit de l'emprise de l'islam et du christianisme.

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J'avais vu des gravures de la Grande Pyramide et beaucoup lu à son sujet, mais je n'avais rien imaginé d'aussi gigantesque que le spectacle offert à nos yeux : une masse énorme brusquement surgie devant nous, alors que nous cheminions péniblement sur la piste qui conduit à la plate-forme rocheuse où elle est bâtie. Elle était tellement grande que le ciel en était obscurci ! Et puis, il y avait la couleur. Aucune gravure en noir et blanc ne pouvait rendre sa teinte chaude et légèrement ocrée. Un triangle d'or dans un écrin azur...

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Je devine que certains de mes lecteurs ont souri. Chercher une ombrelle au milieu de la nuit ! C’est ridicule. En fait, mon désir de me munir d’un tel accessoire ne devait absolument rien à la frivolité. Mon ombrelle n’avait rien de commun avec ses instruments légers et fragiles dont certaines demoiselles aiment à faire parade. Le manche est en fer, avec un bout pointu, et je l’avais choisie avant tout pour sa solidité. Dans ma main, elle pouvait devenir une arme redoutable.

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Une momie qui marche, Mademoiselle Peabody ? J'en suis fort aise ! Vous n'allez tout de même pas reprocher à un pauvre gars immobilisé depuis trois mille ans d'avoir envie de prendre un peu d'exercice ?

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Dieu vienne en aide à la pauvre momie qui aura le malheur de vous rencontrer, Peabody ! déclara-t-il en levant les yeux au ciel. Je me demande si nous ne devrions pas lui offrir un pistolet afin qu'elle soit au moins à armes égales.

Titre original : Crocodile on the Sandbank 
Traduit de l'anglais par Louis de Pierrefeu
Éditeur : Le Livre de Poche - 8 juin 2022
Fait partie du recueil comprenant aussi La Malédiction des Pharaons (704 pages, 14,90 €)
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.


Note de l’autrice

Bien que les principaux héros de cette histoire soient totalement inventés, quelques personnes connues y font de brèves apparitions. Aux alentours de 1880, Maspero, Brugsch et Grebaut collaborèrent avec le Service des antiquités de l’Égypte, et sir William Flinders Petrie commençait alors sa brillante carrière d’égyptologue. Il fut le premier archéologue professionnel à entreprendre des fouilles à Tell al-Amarna, et j’ai pris la liberté d’attribuer certaines de ses découvertes – aussi bien que ses idées « avancées » touchant la méthodologie – à mes archéologues fictifs. Et c’est Petrie qui appliqua au dallage découvert par lui le traitement que je décris ici. À l’exception de quelques différences du même ordre, je me suis efforcée de dépeindre le stade auquel étaient parvenues les recherches archéologiques à la fin du XIXe siècle ainsi que l’Égypte de cette époque en puisant des détails dans des récits de voyage alors publiés. Pour ajouter à la vraisemblance de cette histoire, j’ai orthographié les noms des lieux et des pharaons comme ils l’étaient alors, ainsi que certains mots comme dahabieh. Par exemple, le nom du pharaon hérétique s’écrivait jadis Khuenaten, mais de nos jours les savants préfèrent l’orthographier Akhenaton tout comme Usertsen est devenu Senousret.


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