lundi 23 juillet 2018

Broadway Limited - Malika Ferdjoukh - T1 Un dîner avec Cary Grant

Si vous aimez New York, les vieux films américains, la musique du milieu du siècle dernier, le jazz, vous allez dévorer ce bouquin.

1948, les Français sont encore marqués par la guerre qui vient de se terminer. Jocelyn, jeune homme un peu naïf, ne rêve que d'Amérique, et le voici qui débarque à New York.
Heureusement, il a une recommandation pour une pension de famille.
Sauf que ... que l'on prononce son prénom à l'anglaise ou à la française, il est bien un garçon, espèce strictement interdite dans la pension Giboulée.

Avec un peu de chance, et quelques dons, il va cependant pouvoir rester en marge de ce gynécée, et découvrir un monde de jeunes filles qui rêvent toutes d'être girls, danseuses, chanteuses ou comédiennes.

Le roman suit les premiers pas de Jocelyn dans ce monde étrange pour lui, mais aussi la vie de chacune des jeunes filles de la pension. Toutes attachantes, toutes avec la volonté farouche de s'en sortir, mais avec des passés parfois lourds et tous différents.
Il ne se passe pas énormément d'action au fil des presque 600 pages, mais on ne s'ennuie pas une seconde en si bonne compagnie.
De l'humour, de la tendresse, des personnages intéressants et sympathiques. Quelques retours en arrière, tout aussi intéressants, pour découvrir ce qui est arrivés à certaines, qui les a amenées jusque là.
Et surtout, une ébouriffante plongée dans le New York du milieu du 20e siècle.

Ici la ville n'est pas un simple décor, mais une partie importante de l’histoire. A chaque instant, on sait précisément où on est, on peut imaginer les quartiers d'il y a quelques décennies.

Et à chaque pas ou presque, on rencontre des personnes mythiques mais qui ont réellement existé, et pas seulement Cary Grant !
Chaque titre de chapitre semble être tiré d'une chanson (américaine). Dommage que ma nullité en anglais, et en chansons, ne m'ait pas permis d'apprécier totalement (et de traduire)

Joli coup de coeur pour ce roman étonnant.
Il vient de reparaître en version poche (mais les poche de l'École des Loisirs, c'est quand même plus de dix euros)
Je regrette cependant, depuis le temps que je voulais le lire, de ne pas avoir attendu encore quelques mois. En effet, le deuxième volume devrait paraître en novembre. Comme il s'agit d'un roman choral avec beaucoup de personnages, tous aussi intéressants, j'ai eu parfois un peu de mal à me souvenir précisément de chacun, et donc, il faudra que je me replonge dans le tome 1. Mais heureusement tous sont présentés en préambule.

Seul bémol, je reste perplexe sur la parution de ce roman en collection jeunesse.
Je l'ai, vous l'avez compris, beaucoup aimé. Mais je ne me vois pas le proposer aux ado autour de moi, ni à la bibliothèque. A part quelques rares mordus de films anciens, et des années 50, mais je n'en connais guère. Je le proposerai plus volontiers aux fans (adultes) de New York.

Extraits :

Il se sentait la peau de Christophe Colomb et d'Amerigo Vespucci. L'impression d'être dans le courant, en plein milieu, de vivre l'inédit du monde; et cet inédit ne pouvait se produire qu'ici, à New York, il en avait maintenant la certitude.

***
« - C'est bien, la vie en France ? Demanda-t-il à brûle-pourpoint, et d'une façon qui désarçonna quelque peu Jocelyn. 
- Eh bien... pas mal. Quand ce n'est pas la guerre. Pourquoi ? 
- J'aimerais bien voir comment c'est, un pays où les Noirs peuvent manger dans les mêmes restaurants que les Blancs. 
Jocelyn réfléchit. 
- Ce serait plutôt une question d'addition, dit-il. Si tu peux payer, pas de problème. Mais comme la plupart des Noirs là-bas sont aussi pauvres qu'ici, on n'en voit pas énormément au restaurants, en fait.

***
- Me remercier, Jo ? De quoi ?
- Grâce à toi, je suis désormais payé pour faire quatre heures par jour ce que ma mère m'a toujours interdit de faire : lorgner les jambes des filles.

***
Chic avait toujours eu une vague crainte des livres. Elle était une fille sportive, élevée à l'orange de Californie, pour qui les livres étaient de sombres pièges d'où un personnage pouvait décamper à tout instant, railleur ou menaçant. "Quoi ? grognerait d'Artagnan, tu ne me connais pas ?" "Hein ? l'accableraient Hamlet, Jean Valjean, Tom Sawyer, ou Jerusha Abbott, tu ne nous as jamais vus ?"


L'École des Loisirs 2015 - 582 pages
Résumé Babelio

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