D'abord, on remercie l'auteur, s'il nous voit d'où il est, pour avoir continué, aveugle, à imaginer et dicter les aventures de Montalbano. Qu'est-ce qu'il va nous manquer à présent.
Et merci aussi à Serge Quadruppani, l'excellent traducteur, qui doit se sentir bien orphelin.
Au delà du langage sicilien, et du vocabulaire si drôle de Catarella, il y a ici beaucoup d'humour.
Impressionnant de penser que ce vieil homme, qui ne pouvait même pas se relire, ait eu tant d'humour sur les petits détails.
L'épisode où Montalbano fait tous les magasins pour se vêtir et se changer de pied en cap est irrésistible de drôlerie, juste par quelques petites notes.
Comme dans les autres épisodes, on a une enquête policière sérieuse et bien menée, mais aussi un fond à caractère social. Ici, fermeture d'usine, chômage, le triste monde qu'on laisse aux jeunes générations sans travail.
Il sera aussi beaucoup question de théâtre. Les textes, la façon de recruter les bons acteurs...
Mais sa relation avec sa lointaine amoureuse semble s'effilocher un peu plus à chaque tome. Résisteront-il à l'éloignement ?
L'enquête est originale : Deux morts, qui se ressemblent, l'un "officiel" pour lequel on appelle la police. L'autre "officieux", rencontré par Augello, au cours d'une de ses mésaventures nocturnes, et qu'il ne peut donc déclarer. Il faudra bien pourtant que quelqu'un le trouve !
L'auteur semble avoir mis beaucoup de lui-même dans ce roman il me semble. Lorsqu'il s'attriste de la situation dramatique qu'on laisse aux nouvelles générations. Mais aussi parce que son Montalbano vieillit doucement. Plus aussi dynamique qu'avant, plus vite fatigué. Et même prêt à abandonner sa bienheureuse solitude pour de beaux yeux qui passent par là.
Mais il se régale et il nous régale toujours avec les bons petits plats qui nous donnent aussi faim qu'à lui !
Je crois que je vais me replonger dans la liste des romans de la série, j'espère en avoir raté quelques uns et qu'il m'en reste à découvrir ! Et peut-être regarder un des films, pour revoir la belle plage de Marinella !!
Extraits :
Montalbano pinsa qu'il n'avait pas la moindre idée de la manière d'arésoudre la situation mais il se sentait en dette envers ces deux jeunes auxquels il laissait un monde de merde.
***
Et ça, c'était de l'amour, peut-être ?
Il n'avait pas de doute : oui, c'était de l'amour. Vieux, usé comme un vêtement trop longtemps porté, avec quelques pertuis çà et là, recousu tant bien que mal, fatigué, mais c'était toujours de l'amour.
***
Putain, mais comment était-il possible que dans un pays qui conservait la plus grosse partie des beautés de la terre, on ne soit pas capable d'organiser un tourisme qui donne à manger à tout le monde au lieu qu'on y végète comme des pauvres fous ?
Titre original : ? (Catalanotti ?)
Traduit de l'italien par l'excellent Serge Quadruppani
Éditeur : Fleuve éditions - 14 août 2024
Collection : Fleuve noir ; 288 pages ; 20.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie
Version numérique : 13.99 €
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