Tant de monde en a déjà parlé, que je n'ajouterais que quelques commentaires personnels.
Je me suis forcée à le lire, presque à contrecœur car le sujet me perturbe énormément, et suivre l'évolution de cette relation horrible, en sachant qu'on n'y peut rien et comment ça va se terminer, m'a été très difficile.
Le roman, qui égrène cette relation hautement toxique mois après mois sur une année scolaire, est entrecoupé de témoignages, devant la police peut-on supposer, des personnes qui ont gravité autour d'Orlane et Sarah.
D'où le titre, car aucune n'a rien vu venir. Alors que bien entendu, en tant que lecteur, c'est très facile de se dire qu'on voit venir la chute !
Il me semble que ce livre serait surtout à faire lire aux adultes, car on voit bien ici comme ils sont tous passé "à côté" de l'essentiel. Famille comme collège.
Il s'agit d'un roman important mais deux choses m'ont gênée.
L'une semble un petit détail de rien du tout, une phrase de quelques mots, probablement passée inaperçue de tous les commentaires, parce que le sujet ici, c'est le harcèlement.
Sarah, "celle qui harcèle", est diabétique.
Son diabète a été découvert il y a peu, elle le vit très mal, et a décidé de le cacher à tous, même à ses amies, car pour elle, la fille que tout le monde admire, qui décide pour tous et règne sur son petit monde, c'est vraiment honteux de devoir avoir en permanence ce dispositif médical sur elle.
Ce qui nous permet un aperçu intéressant de la vie et des risques de ces malades.
Mais... à un moment, un garçon, qu'elle pense aimer, va découvrir brutalement son secret.
Et là, c'est l'horreur. Car il réagit immédiatement comme Sarah le craignait, la quittant sur des paroles très méprisantes. Les jeunes diabétiques, dont beaucoup vivent ça du mieux possible et ne cachent pas leur maladie (ce qui en fait est quasi impossible vu les contraintes) vont donc à cette lecture rejoindre le camp de Sarah, penser qu'ils sont des êtres à part qui ne pourront jamais se dévoiler. Alors que tout est fait pour tenter de les rassurer au jour le jour, de leur dire que ce n'est qu'une maladie, qu'il faut l'accepter et non la cacher pour pouvoir vivre.
Pour moi, cette petite phrase du garçon est atroce de conséquences.
L'autre chose est plus évidente puisque c'est le sujet central : On voit bien, et on sait, combien le rôle des adultes est difficile dans ces cas. Mais à aucun moment on n'insiste sur le fait qu'il faut absolument se faire aider, qu'il faut parler. Il ne reste donc pas beaucoup de portes de sorties pour ces enfants.
À part la pire.
Extraits :
- Qui t'a dit que je te détestais ? On s'amuse, c'est tout. Y a pas de quoi en faire un drame !
***
Je sais ce que vous cherchez, avec vos questions. Vos insinuations. Vous avez besoin de trouver un coupable. Alors je vais vous dire ce que je pense : personne n'est innocent, dans ce qui s'est passé avant hier. Personne.
Éditeur : Syros - 1 février 2024 - 297 p. - 15.95 €
Ce roman est la réédition, adaptée et remaniée, d'un précédent paru sous le titre "Raisons obscures" destiné aux adultes. Je trouvais justement qu'il serait utile surtout lu par les adultes. Mais apparemment, il n'avait pas eu le même retentissement.
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