mardi 9 janvier 2018

Liberté(s) - Marie-Sabine Roger

Ce recueil comprend trois romans :
 - Le quatrième soupirail
- Et tu te soumettras à la loi de ton père
- Une poignée d'argile

J'avais lu les deux premiers,  mais je souhaitais depuis un bon moment relire le second, car je savais l'avoir apprécié, mais je mélangeais un peu avec un autre roman sur un thème voisin.
J'ai profité quand j'ai trouvé ce recueil dans la bibliothèque, d’autant que lire Marie-Sabine Roger est toujours un moment précieux.

Editions Thierry Magnier 2013
Résumé Babelio

Le quatrième soupirail

Je n'ai pas relu Le Quatrième soupirail. La très touchante histoire d'un fils qui tente de communiquer avec son père, prisonnier dans une dictature d'Amérique latine. Poésie, résistance ... mais aussi torture, je n'ai pas eu le courage de me replonger dans le texte, même si je sais qu'il en vaut la peine.

Extraits :

- Salut Edwin. Voici Pablo. Je t'en ai déjà parlé, c'est le fils de Liberto Ruiz.
Les regards ont changé, imperceptiblement. Teintés d’une estime qui ne m'était pas destinée, mais s'adressait à ton fantôme.
Être ton fils est respectable. J'en suis fier.

***
Aujourd'hui je n'avais plus honte à éprouver de l'émotion. Grandir, est-ce que c'était cela : Accepter d'éprouver ce genre d'émotions ?

Résumé Babelio

Et tu te soumettras à la loi de ton père


Un court livre saisissant.
La narratrice s'adresse à son père, un rigoriste religieux qui gâche la vie de toute la famille. Le pire visage de la religion, si on peut encore parler de religion.
Elle en a peur : première phrase : "Je te crains" mais voudrait arriver à l'aimer. Est-elle si mauvaise qu'elle ne puisse aimer son père ? Peu à peu, on la sent se détacher, et passer de l'inquiétude à la haine. Pour cet homme qui prône une religion pure et dure, mais qui ne pratique rien. Aucune empathie avec les autres, aucune gentillesse, un grand racisme, et une seule ligne de conduite : que tous paraissent irréprochables.
Que lui importe qu'il les détruise tous.
Aucune bienveillance envers le petit frère handicapé, qui ne grandira jamais, que la mère porte à bout de bras dans tous les sens du terme, en oubliant souvent de montrer de la bienveillance pour la fillette, si préoccupée et épuisée qu'elle est par le petit. Les grands ont fui la maison.
Les mots de la bible qu'il cite sans cesse ne comprennent pas hélas "Bienheureux les simples d'esprit..."  (Je sais, la phrase n'existe pas ainsi, mais qu'on aimerait la lui entendre prononcer !)
La narratrice n'a aucune liberté, aucun droit que celui de se taire et de visiter les malades. Ne pas aider la voisine en danger de mort, ne parler à personne.

De courts chapitres très hachés où on sent toute la tension de cette vie glacée.
Un roman dur, mais qui se lit d'une traite.

Extraits :

Lire, c'est un travail, une méditation. C'est une élévation de l'âme.
Ce n'est pas un loisir. Les loisirs sont futiles. Ils sont bons pour les fainéants, les personnes âgées et les jeunes enfants.
Les inutiles.

***

La vie n'est qu'un fleuve d'acide, grâce auquel tu entretiens tes plaies.

***

Pourtant, j'aimerais que tu m'aimes, et je fais des efforts, tout le temps, pour me conformer au modèle du Père.

***


Une poignée d'argile

Un beau texte aussi, à peine plus léger, mais qui souffre d'être lu après le précédent.
Une fillette encore, élevé là aussi dans un monde de non-dits, et dans la crainte du qu'en-dira-t-on.
Elle, elle aimait son père, mais il est parti. D'abord disparu inexplicablement, puis elle comprend que tous les scénarios qu’elle s'est faits sont faux, il est parti, l'a abandonnée.
Il y aura cependant plus d'espoir dans celui-ci, grâce à un voisin qui lui fait découvrir le travail de l'argile. Et surtout, qui lui apprend à voir la beauté en toute chose.

Extraits :

Le talent, ça ne veut rien dire.Ce qui compte, c'est l'émotion.

***

Ne cherche surtout pas la perfection parce que la perfection n'a aucun intérêt. Elle est... comment dire? Elle est neutre. C'est ça: neutre! Pas de saveur, pas d'odeur, pas de charme. La perfection, ce n'est qu'une accumulation de critères moyens. Ni trop grand ni trop petit. Ni trop gros ni trop maigre. Ni trop blanc ni trop noir... C'est le contraire de la vie et de l'art. Parce que l'art, c'est dans l'inattendu, la gaucherie, l'erreur. C'est ce qui nous bouscule et nous enthousiasme. C'est ce qui nous saisit. La beauté, l'émotion, ça naît souvent de mariages hasardeux. Ou d'erreurs ou de dérapages. Mais jamais de la perfection...

Résumé Babelio

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire