samedi 2 mai 2020

Quatre aveux pour un seul crime - Gina LaManna

Un roman original, surprenant, et que j'ai dévoré.

Ça commence comme un roman léger entre copines, presque de la chick litt.
Et parallèlement, roman policier aussi, puisqu’il y a un mort, et une enquête, (le titre le laisse supposer !)
Ça continue en plongeant dans la vie de ces femmes, et la légèreté du début fait peu à peu place à pas mal de tristesse et d'émotion, à mesure qu'on découvre leur passé.
Ça passe par un bref moment d'intense frayeur.
Et, ça pourrait être terminé, mais voilà ce qu'on n’avait pas forcément vu venir.

Bref, un petit  bijou, à la construction très originale, mais tout en légèreté.

Je m'étais inquiétée, avant de le commencer, de savoir s'il s'agissait d'un polar pas trop sombre, ou d'un roman policier aux détails gore (ce que j'évite férocement !)
Finalement, je l'ai commencé sans trop savoir où j'allais, et j'ai vite accroché.
Je vois seulement maintenant qu'il est classé Cosy Mystery, mais s'il en a le charme, c'est bien plus profond que ça.



Côté policier, on est quasiment dans l’inverse du Crime dans l'Orient-Express : un meurtre, on sait très vite qu'un homme a été tué, mais on ignore qui sur la quasi totalité du roman. Quatre personnes s'accusent, séparément, en précisant qu’elles étaient seules.
Entre deux chapitres, un compte-rendu strict d'interrogatoire, par l'inspecteur Ramone, qui interroge une seule personne à la fois, et la questionne sur une seule autre personne.
Et qui doit bien s'arracher les cheveux, puisque chaque femme interrogée essaie de le persuader qu’elle est coupable, et elle seule.

Si on exclut ces interrogatoires, le roman est tout d'abord une histoire très sympathique et souriante, plutôt légère :
Un hôtel de grand luxe, des femmes très diverses qui s'y retrouvent pour un mariage.  Quatre d'entre elles sont des amies d'avant, un peu perdues de vue. Quelques autres se joignent à elles, et ça papote très féminin, chacune a ses (gros) problèmes.
J'ai souvent pensé, au début, à l'ambiance de D'ici là, porte-toi bien, de Carène Ponte, quasi huis clos dans un environnement luxueux, des femmes d'origine et de milieux assez différents, qui arrivent avec leurs problèmes.
Et peu à peu, leurs vies se précisent, et ce n'est pas toujours celles qu'on envie qui ont la plus facile.
Une mère de famille, heureuse en ménage (quoique l'homme soit assez inconséquent), mais aux prises avec une fille adolescente qu'elle ne sait trop comment gérer.
Une femme chic et riche que toutes envient, mais qui ne peut réaliser son rêve, avoir un enfant.
Une autre qui vit seule, et qui se demande un peu ce qu’elle est venue faire à ce mariage.
La 4e copine de fac, c'est la future mariée, étonnamment absente de l'histoire.
Ce mariage, c’est une pleine semaine de fêtes, mais les mariés sont bien peu présents pour leurs amis.
A ces "copines/fâchées" s'ajoute une femme âgée mais en pleine découverte de l'amour après ses quatre mariages, et une toute jeune femme, seule avec un bébé.

L'inspecteur chargé de l'enquête, n'interroge que des femmes, et il est si peu bavard qu'on n’apprend pas grand chose, même pas le nom de la victime !
De plus, la narration n'est pas linéaire, et on ne découvre que tardivement ce qui s'est passé, alors que l'interrogatoire commence dès le début du livre.
C'est assez intrigant.
Mais surtout, la personnalité des protagonistes se dévoile peu à peu, et l’histoire s'assombrit.

Dans ce roman choral, j'ai apprécié chacune d’entre elles, mais l'ado m'a semblé particulièrement intéressante.

Un roman que je ne saurais où classer, pas si feel good que ça, un peu cosy mystery, un peu roman d'ambiance et de réflexion.
J'ai bien aimé aussi découvrir un brin d'Amérique, ce mariage hors norme dans un complexe luxueux aux portes du désert.
Mais à coup sûr un roman que j'ai aimé lire.
Et que je relirai sous peu, pour le voir différemment à la lumière de la fin.

Extraits :

Qu'il était étrange que ces rides correspondent si peu à la jeunesse qu'elle éprouvait en elle !

***
Ginger avait entendu dire que les adolescents finissaient tôt ou tard par redevenir humains, mais Elsie n'avait que quinze ans.

***
cette Phoebe ne me parait pas très maline. Ce n'est pas le genre d'amie avec qui je voudrais passer mon temps.
- Je suis au lycée, je vous rappelle, dit tristement Elsie. On  est tous "pas très malins".

Titre original : Pretty Guilty Women
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Eric Betsch
Éditeur : Michel Lafon (6/02/2020)
395 pages - 19.95 €
En version numérique :  13.99 € (6.99 € actuellement)
Lu en numérique
Résumé Babelio

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