mercredi 25 novembre 2020

Le club des voleurs de pianos T1 Un piano par la fenêtre - Paul Beaupère

Un vrai régal ce roman jeunesse. Choisi au hasard, j'ai tout aimé là-dedans !!

Les hasards de la lecture : il se passe en 1920, comme le début de Mademoiselle Papillon, que je termine juste avant. Mais rien de plus différent que ces deux romans ! 

De l'aventure, des personnages hauts en couleurs, venus des quatre coins du monde, qui se retrouvent dans un semblant d'"ensemble c'est tout" bien sympathique. De la musique, un peu d'Histoire, un brin de steampunk et la rencontre de Gustave Eiffel. Un journaliste qui ne lâche rien, un flic un peu débordé Du suspense, quelques petites frayeurs, et une écriture entraînante qu'on ne peut quitter.

Malgré le titre de la série, il ne s'agit pas vraiment d'un club de voleurs, leur nom est CAP : Club des Amateurs de Piano. Et ils aiment tant la musique qu'ils voudraient que les musiciens les plus prometteurs disposent des meilleurs instruments. Il ne reste plus qu'à les y aider...
Ce qui ne sera pas toujours de tout repos.

Le roman commence vers le milieu de l'histoire, par une triste catastrophe pour un piano et une course-poursuite assez haletante.
Puis retour en arrière pour découvrir et comprendre les personnages qui constituent cette drôle de famille.
Le tout raconté par John, jeune Américain de 12 ans arrivé à Paris avec sa mère... et un piano. Pas vraiment à eux celui-ci !
En quête d'un logement, ils rencontrent et font équipe avec :
Un Russe, qui a traversé l'Europe avec son piano et son cheval, qui pleure quand il est heureux, mais aussi quand il est triste, qui fait pleurer ses élèves qui sont bien contents pourtant ! 
Une jeune Anglaise fille d'un Lord. Elle joue de la trompette,  ne quitte jamais ses talons hauts, et souhaite échapper à un mariage obligé.
Et deux manchots français qui font la paire !! 

Au passage, on apprendra quelques notions essentielles sur la révolution russe, sur la guerre de 14, sur la boxe, sur la musique aussi, voire sur Robin des bois.
On croisera donc M. Eiffel, mais aussi un dirigeable, une expo aéronautique dans le grand Palais, un chauffeur majordome plein de ressource, une mitrailleuse dans un avion de guerre. Bref, on ne s'ennuie pas une seconde !!
On y croise aussi pas mal d'argot parisien, (dont le sens est expliqué) alors, vous courez le risque d'être un peu surpris par le langage de vos chérubins après cette lecture 😊

Une mention spéciale pour les titres de chapitres, pleins d'humour et de clins d'oeil.
Mon préféré est sans doute "Quand Raoul pas content, lui toujours faire comme ça..."

Vivement un autre épisode de ces voleurs hors du commun !

Extraits :

[Quelques titres de chapitres]

Répétitions, tensions, les jours passent, la musique trépasse 
Ça commence mal, ça ne finit pas bien 
Filent les notes, file le temps et arrivent les présents 
Ce n'est pas toujours à César que l'on rend ce qui appartient à César (même si dans cette histoire, personne ne s'appelle César) 
Avoir les yeux plus gros que le ventre et un piano en travers du gosier 
Il n'y a pas loin du zinc au papier, du comptoir au canard 
D'Ouest, d'Est, du Nord, viennent du vent et des ennuis 
Commissaire, colère, tout s'accélère... 
Révélation, disparition, préparation, il est 4 heures, Paris s'éveille 

***
- Tu vois, mon petit John, en France, c'est connu, tout finit toujours en musique ! Alors cette nuit, c'était évident, cela devait se terminer au violon ! 
- Mais, Raoul, il n'y avait pas de violon ! 
- Non, mais « au violon », c'est une expression qui signifie « en prison » ! Allez, bonne nuit fiston. . 
Il est 5 heures, Paris s'éveille, je n'ai pas sommeil. Je m'endors en concluant qu'une langue où violon veut aussi dire prison est une chose au moins aussi étrange qu'un pays où les gens pleurent quand ils sont heureux et rient quand ils sont tristes. 
 
***
La chose est maintenant posée sur la table... Sur son plat, elle se tient droite, noire, assez troublante et même passablement préoccupante. Elle tremble comme un nuage dans le vent et semble pourtant plus lourde et solide qu'un building de ma New York natale. Mon instinct me dit que tout impérial qu'il est, ce « plat » est surtout dangereux. 
- Et clou du spectacle, dit Mary en attrapant une bouteille de whisky, je vais le flamber devant vous. 
La moitié du flacon est versée sur le « gâteau » et, à l'aide d'une allumette, Mary met le feu à son oeuvre. Une immense flamme éclaire tous les visages de reflets bleu orangé et ajoute à la pièce des parfums nouveaux. Puis, quand l'incendie est éteint, Mary se saisit d'un couteau et se prépare à trancher la chose. Au moment où la lame pénètre l'œuvre, un petit « pschiiiit » s'échappe, un jet de gaz sort du gâteau tandis que celui-ci commence à s'affaisser comme un vieux ballon crevé. Une épouvantable odeur nous saute alors au visage juste avant qu'une terrible explosion ne projette des morceaux de pudding un peu partout dans la pièce ! Le royal machin était piégé de l'intérieur. 
Le seul à ne pas être couvert de débris de gâteau, c'est Lucien. De ses quatre années sur le front, il a gardé des habitudes de survie et des bons réflexes; il a juste eu le temps de plonger sous la table. 
- C'est le gaz ! dit-il en ressortant de son abri. Ma chère Mary, il est fort regrettable que vous n'ayez pas ravitaillé nos troupes avec vos desserts ! Avec une arme pareille, la guerre ne se serait pas éternisée. Deux ou trois de ces... enfin, deux ou trois de vos... gâteaux, et les Allemands hissaient le drapeau blanc ! Je crois qu'il convient de déposer la recette de cette chose au bureau de la guerre, puis de la faire interdire, et enfin de demander que vous receviez immédiatement le prix Nobel de la paix ! Une fois l'existence de cette « bombe » connue, plus personne n'osera jamais déclarer une guerre ! Trop dangereux! 
- Il a raison, ajoute Raoul en riant aux éclats. Vous venez, ma chère, d'inventer une arme de dissuasion massive! Vive votre gâteau et vive la paix qu'il nous promet! 
- Et puis pas mauvais ! dit Andreï 

Série : Le club des voleurs de pianos T1
Éditeur : Fleurus ; 11 septembre 2020
287 pages ; 13.90 €
Lu en numérique via NetGalley que je remercie.



4 commentaires:

  1. Merci... Mon Dieu, donnez moi des milliers de lecteurs comme ça!

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    1. Merci Monsieur l'auteur, donnez-nous d'autres romans comme ça ;-)

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    2. J’y travaille, j’y travaille... et vous m’y encouragé drôlement. Merci.

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