Un roman merveilleux à lire absolument.
Mais une lecture très émouvante, qui m'a bouleversée !
Car ce roman est double.
D'une part, il nous permet de découvrir Thérèse Papillon, merveilleuse infirmière qui, après avoir servi au péril de sa vie pendant la première guerre mondiale, ne put supporter de voir en temps de paix les enfants mourir de la tuberculose, en raison de mauvaises conditions de vie.
C'est sa bataille acharnée pour ouvrir un préventorium, dans la période d'après-guerre où tout manquait, qui nous est contée ici.
Une personnalité exceptionnelle au service d'une belle cause, qu'elle défend avec tant d'ardeur que les barrières cèdent et qu'elle parvient à ses fins. Même plus tard face à l'occupation allemande.
J'ignorais tout d'elle et de l'Abbaye de Valloires (que je regrette fort de n'avoir jamais visité), et rien que pour cela, ce livre est à lire absolument. Même s'il s'agit d'une œuvre de fiction où l'autrice passe d'une narration à la troisième personne à des extraits du Carnet de bord de Mlle Papillon. Carnets créés aussi de toute pièce, mais qui permettent d'approcher ses doutes et ses probables remises en question, au lieu de la voir trop sûre d'elle face à ce qu'elle réussit à force de volonté.
J'avais souhaité lire ce roman pour la découvrir, et je n'ai pas été déçue, une bien belle histoire, très bien contée. On se passionne pour cette aventure.
Mais, par un jeu d'écriture que je vous laisse découvrir, ce roman nous fait aussi entrer de plain-pied dans le quotidien actuel des infirmières en service néonatologie intensive, service des grands prématurés.
Au plus près de la vie de Gabrielle, qui a de plus en plus de mal à oublier, quand elle quitte l’hôpital, ses petits prémas et son travail, réussites et échecs. Et à vivre une vie normale.
Cette intrusion au cœur du service m’a énormément émue.
Peut-être parce que nous l’avons vécu deux fois, de l’extérieur mais dans ma famille très proche, un solide gaillard à présent, une qui nous a hélas quitté aussitôt.
Mais je pense que même sans cela, vivre ainsi de l’intérieur, à travers les yeux et le cœur de cette infirmière qui voudrait tellement tous les sauver, malgré les limites de la science et de l’humain, c’est poignant.
Après cette lecture, il est certain qu’on ne pensera plus pareil quand on nous parlera d’une naissance prématurée.
Une superbe ode au dévouement des infirmières, et j'y ai découvert aussi le programme NIDCAP, dont je n'avais jamais entendu parler. Je me demande combien de service de néonat. le mettent en pratique.
Un roman qui m’a donc souvent laissée en larmes, mais superbe, et tellement bien écrit.
Une autrice que je ne connaissais pas, mais dont je vais chercher à lire les autres romans.
Vous pouvez la découvrir en regardant cette vidéo, très émouvante aussi :
https://www.youtube.com/watch?v=cvY7RnGog_8&list=PL5x35nQ1aXL8E90UeuPpaLbUVOoSeMB4w&index=1
Extraits :
[Incipit]
- Un vingt-cinq arrive ! Qui prend ?
Cette phrase, nous la redoutons toutes.
[...]
- Garçon ou fille ?
Ce n'est pas une question anodine. Ce n'est pas la même question que celle formulée avec impatience à l'annonce d'une grossesse. Ici, on veut savoir parce que le sexe est un facteur important. Les filles tiennent mieux que les garçons. Les bébés noirs tiennent mieux que les bébés blancs. Placez un prématuré blanc à côté d'une prématurée noire et la différence sera le plus souvent majeure. Soudain, les lois de la nature privilégient le sexe faible, la couleur de peau qui a subi tant d'injustices.
***
Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'une maman doit aller bien pour qu'un bébé évolue avec satisfaction. Donner cette responsabilité à une femme éprouvée est aussi cruel qu'inefficace.
***
Ici rien n'est à acquis. Chaque victoire, aussi petite soit-elle, a le goût de cette lutte quotidienne, produit d'une alliance atypique, un enfant qui veut vivre, une mère et un père qui veulent aimer, une infirmière qui veut aider. Ceux qui quelques jours auparavant ne se connaissaient pas s'unissent désormais dans un seul but, devenu plus important que tout autre.
***
En nous privant des hommes, la guerre nous a pourvues d'un droit d'initiative, d'une détermination nouvelle, d'une liberté inespérée.
***
Aussi loin qu’il se souvienne , il s’est toujours senti grand. Il a quatre ans, l’âge des hommes.
Tu es un homme, lui répète souvent sa mère. Même si la mort de son père le prive d’un exemple concret, il est convaincu qu’il en est un.
***
Les années d'expérience nous prodiguent une connaissance qui ne se trouve dans aucun livre.
Éditeur : Robert Laffont - 15 octobre 2020 - NOUVEAUTÉ
266 pages - 18.00 €
Version numérique : 12.99 €
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