mardi 7 septembre 2021

Le tour du monde en 72 jours - Nellie Bly

 Après mon enthousiasme à la lecture de 80 jours autour du monde, de Matthew Goodman, je souhaitais bien entendu découvrir le récit de Nellie Bly. Le temps a passé, et je viens enfin de me décider à le lire.

J'étais contente de voir "l'original" mais je dois avouer être un peu déçue.
Sachant un peu ce qu'était Nellie Bly, son audace pour aller sur le terrain, son courage d'enquêter dans les usines voire à l'asile, je m'attendais à une chronique un peu plus mordante, plus incisive.
J'ai trouvé un gentillet récit de voyage, pas vraiment passionnant. On apprend très peu sur les régions traversées, on la voit porter son petit bagage d'un bateau à l'autre, sans grand intérêt à mon goût.
J'en ai plus appris sur les traversées et les pays lointains en lisant les romans d'Anna Jacobs ou de Sarah Lark qu'ici.
On s'attarde assez peu aussi sur les enjeux, même si elle s'inquiète de temps en temps des délais trop longs qui s'imposent.
Elle passe d'un moyen de transport à l'autre, se fait des amis, les quitte.
Jusqu'à Colombo, elle ne découvre du monde que les hôtels à touristes avec quelques noirs pour mener les embarcations permettant de gagner la terre ferme, et tous les vendeurs qui leur tournent autour.
Elle m'a même paru parfois méprisante vis à vis des gens qui essaient de gagner leur vie, ce qui ne colle pas avec ce qu'on imagine de sa personnalité.
Bizarrement, la seule partie qu'elle détaille vraiment, ce sont les tortures des condamnés à mort et les différentes sortes de mises à mort chinoises. Je m'en serais passé !!

À lire cependant, pour la peinture d'une époque.

Un détail qui m'a amusée : Dans ma lecture précédente, (Swan Hill 2  Au bout du rêve) les voyageurs espèrent que le canal de Suez sera bientôt creusé, pour éviter les pénibles transferts en train.
Et voilà que Nellie peut emprunter ce nouveau canal , qui raccourcit le trajet de façon conséquente.

La rencontre avec Jules Verne et madame est bien entendu un moment intéressant du voyage.

On a aussi, au fil du texte de Nellie Bly, des extraits du journal New York World. Surtout ceux incitant les lecteurs à parier sur sa date de retour.

Il est très dommage qu'il n'y ait pas de carte du trajet, pour suivre Nellie d'un continent à l'autre.

Extraits :

je pensais, paresseuse comme je suis, que, si certains de ces aimables savants qui s'ingénient à imaginer des machines capables de voler consacraient un dixième de leur énergie à faire en sorte que bateaux et trains partent après le déjeuner, ils amélioreraient considérablement le sort de l'humanité.

***
Les touristes les appellent des balanciers, mais les habitants de Ceylan les nomment "catamarans".
[...]
On raconte à Colombo que les catamarans sont utilisés par les pêcheurs depuis la nuit des temps et qu'ils sont tellement sûrs que, de mémoire d'homme, aucun chavirement ne s'est jamais produit.

***
J'ai déjà parlé des routes impeccables de Ceylan. Ce fut le cas dans presque tous les ports d'Orient où je fis escale. À mon grand regret, je n'ai jamais pu déterminer si ces chaussées étaient parfaites grâce à l'absence des transporteurs de bières ou à celle des patrouilleurs de la police de New York.

***
Le garde vint ensuite contrôler nos billets. Il colla une bande de papier sur la fenêtre, sur laquelle je déchiffrai "privé", puis sortit en prenant soin de fermer à clef derrière lui.
"Comment sortirons-nous si le train déraille ? demandai-je, très peu enthousiaste à l'idée d'être comme un animal en cage.
- Les trains anglais ne déraillent jamais, dit sereinement mon accompagnateur.
- Ils sont bien trop lents pour ça, répondis-je en matière de plaisanterie.

***
Il n'est que sur l'océan que l'on peut goûter, bercé par les flots, le paisible repos de la journée ou de la nuit. On dérive, on ne voit rien, on ne sait rien, tous les soucis se sont envolés et la misère du monde semble bien loin.

Titre original : Around the World in Seventy-Two Days (1890)
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Hélène Cohen
Éditeur : Point / Éditions du sous-sol - 2017
Format : 11 x 18 cm ; 204 pages ; 6.70 € 
Cote Dewey  : 910.4









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