Curieusement, je n'avais jamais lu cet auteur, (sauf "Une si belle école" qui est assez différent de ses thèmes habituels) alors que je voyais passer si souvent ses romans en prêt à la bibliothèque.
C'est donc une belle occasion de me plonger dans la totalité sans temps mort !
Tome 1 : La Rivière Espérance
Une décennie en Périgord, de 1832 à 1843, sur les pas de Benjamin et Marie, et de leurs familles.Dès le début, c'est par les yeux de Benjamin, 13 ans, qui fait sa première descente de la rivière, que nous découvrons la Dordogne et ses alentours.
Beaucoup de poésie dans ces superbes paysages. Qui donne envie de retourner visiter, et de faire enfin la descente en gabarre que je n'ai jamais réussi à faire.
Mais nous suivons aussi la vie des femmes, qui attendent sans cesse que les hommes reviennent de la rivière, rivière qui occupe toutes les pensées des hommes et leurs désirs.
Je comprends que tant de lecteurs soient sous le charme : de la poésie, de beaux paysages, des personnages attachants.
Peu à peu, Benjamin et Marie grandissent, et au-delà de leur vie, de leur émois et de leurs problèmes, c'est toute la vie de ces années-là qui nous est décrite.
Les échanges de bois et de sel, la dure contrainte de la rivière et de la météo, le tirage au sort pour le service militaire, les années d’éloignement et la dureté de la Marine, le contraste entre la grande ville, la vallée, et les montagnes ...
Une série à lire quand on a du temps, ce qui n'est hélas pas mon cas.
Certains passages sont comme des vacances au fil de la Dordogne, à laisser s’écouler. Je l'ai lu un peu trop dans l'urgence, comme toutes mes lectures, et du coup, j'ai trouvé parfois un peu longuet.
Mais dans l’ensemble, j'ai beaucoup aimé suivre Benjamin, et Marie, si douce et si forte, et leur entourage, avec des personnalités affirmées et bien décrites.
J'ai appris beaucoup sur une époque et une région que je connaissais mal.
Et je suis heureuse de pouvoir enchaîner rapidement sur la suite de leur histoire. (Je m'étais promis d'intercaler d'autres livres entre deux tomes, mais j'ai du mal à résister, j'ai déjà commencé la suite !!)
Extraits :
Nous le savons, nous, les hommes, que nous ressemblons aux rivières, car ni elles ni nous ne pouvons retourner en arrière et remonter le temps
(Préface)
***
- Tu comprends, Donadieu, si je bois, c'est parce que j'aime les arbres plus que moi-même, et que toute ma vie je n'ai fait que les couper.
***
Pour 20 francs, on pouvait se faire conduire au pied du Sancy en chaise à porteurs. Pour 4 francs, on pouvait louer des chevaux de selle et partir en randonnée une journée entière.
***
Il leur expliqua dans sa langue proche du patois du Quercy qu'il fallait monter encore avant de trouver la source au confluent de deux rus minuscules : la Dore et la Dogne.
Première édition : 1990
Prix La Vie-Terre de France 1990
351 pages.
Résumé Babelio
Tome 2 Le Royaume du fleuve
Ce tome commence cinq ans après la fin du précédent, soit en 1848.
Il se termine vers 1854.
Il est encore plus centré autour de la personnalité de Marie, si forte malgré ses doutes, si déterminée.
Si dans le tome 1, l'Histoire (avec un grand H) et la politique, apparaissaient, mais très rarement, ici, ça prend une grande importance : désir de voir revenir la République, l'adoption du suffrage universel, les discussions politiques, le coup d'État...
Benjamin, sous l'influence de son ami Pierre, s'engage dans la lutte contre Louis-Napoléon.
D'abord, ça semble peu dangereux, même si les conséquences affectent injustement Marie : interdiction par exemple d’ouvrir l'école qu’elle voulait, puis même de travailler dans l'actuelle.
Et ensuite, leur vie va être profondément chamboulée, et leur survie même menacée.
Puis, Marie elle aussi se trouve impliquée directement.
J’ai préféré ce tome, il m'a paru plus varié quoique toujours aussi agréable dans les descriptions de la Dordogne. Aussi bien quand Marie est à Souillac que quand elle vogue sur la rivière.
Je suis un peu surprise que les enfants aient si peu d’importance pour elle. Il en est question de loin en loin pour les garder, mais ils ne sont jamais au centre des préoccupations.
J'ai beaucoup aimé voir Marie accéder enfin à son rêve : conduire sur la Dordogne. On sent comme elle est dans son élément une fois aux commandes de la gabare.
A la fois fière d’avoir pu se faire une place dans un monde exclusivement masculin, mais surtout si heureuse de sentir la rivière sous son bateau, de voguer dans les paysages qui la font rêver.
Je dois avouer que son premier accostage m'a rappelé le passage de mon permis bateau, et m'a fait revivre des émotions oubliées !
La fin est très émouvante.
Et toujours cet enchantement des paysages du Périgord.
Extraits :
Allons ! Il fallait oublier les chimères, les voyages, et se contenter de mettre au monde des enfants, les aimer, les élever, puisqu'il était dans la nature des femmes qu'il en fût ainsi.
***
Empêcher un homme de se battre pour ses idées, c'est le plus sûr moyen de le perdre. Tu comprends ?
Première édition : 1991
Prix littéraire du Rotary International 1991
273 pages
Résumé Babelio
Tome 3 L'Âme de la vallée
Ce dernier tome, qui court de 1861 à 1871, est celui de la fin du trafic des gabares, vaincues par l'arrivée du chemin de fer.
J'ai pris de plus en plus de plaisir à lire cette série ; je ne sais si c'est parce que c'est plus varié, ou parce que je m'attache à Marie et la famille.
On découvre aussi ici le Haut-Pays, si proche et si lointain, une Dordogne si différente, les arbres et les bois.
Benjamin se rebelle contre le chemin de fer, qui détruit le monde qu'il connait. Mais il doit se résoudre à changer de vie, à s'exiler. Quitter Souillac est un déchirement, et encore plus pour Marie.
Mais la vie continue, et il faut s'y adapter.
Extraits :
A l'exemple des autres marchands, il construisait ses gabares en bois pauvre : hêtre, aulne ou bouleau, et les vendait comme bois de chauffage à l'arrivée, à Souillac.
***
Après une courte nuit à l'auberge, il fallut repartir à pied après avoir vendu les gabares comme bois de chauffage.
- Comptez que, pour la première fois, vous mettrez sept ou huit jours pour remonter, avaient dit les vieux. Nous, on en mettra dix.
***
Elle venait de comprendre que seul le souvenir du bonheur peut rendre quelquefois heureux les vivants.
Première édition : 1993
270 pages
Résumé Babelio
Le Royaume de la rivière Espérance (Trilogie)
J'aime beaucoup ces gros volumes d'Omnibus, qui nous promettent des heures de lectures et permettent de suivre une longue histoire sans en perdre le fil. Cumulant un grand nombre de pages et un format plutôt pratique.J'avais déjà chroniqué celui de Françoise Bourdin, et lu il y a bien plus longtemps l'excellent autrice trop méconnue Germaine Beaumont.
On a ici une intéressante préface de l’auteur, qui nous parle de "sa" rivière.
Suivie d'une carte de la Dordogne et de la Gironde.
Et à la fin, un arbre généalogique (bien pratique pour ceux qui manquent de mémoire comme moi !)
Je n'ai pas parlé du merveilleux personnages d'Elina, toujours positive, toujours présente pour enfants et petits-enfants, et surtout pour Marie, qu’elle a toujours considéré comme sa fille.
C'est finalement, à côté de Marie, le personnage qu'on retrouve tout au long de la saga, et qui donne une légèreté et un sourire à l'ensemble.
Je regrette de n’avoir lu cette trilogie que à présent que je ne voyage plus, car même si je connais un peu les lieux, j'aurais tellement aimé les revoir avec les yeux de Marie et Benjamin (Non seulement le Périgord, mais jusqu'à la côte, Talmont, Meschers ..., et aussi le Haut-Pays.)
Et en plus de tous ces paysages dans lesquels on voyage avec délices, on plonge dans la vie d'une époque où les nouvelles mettaient des jours à arriver, où on marchait pendant parfois une semaine, où le chemin de halage servait à remonter la rivière à l'aide des bœufs, mais aussi à remonter à pieds si nécessaire.
Je ne le verrai plus du même oeil si j'ai l'occasion d'en parcourir de nouveau !
J'ai donc beaucoup aimé cette série, même si je pense que ça aurait pu être un peu plus court.
Beaucoup de poésie dans les paysages et les descriptions, mais un peu répétitif parfois.
Trilogie écrite à Brive de 1988 à 1992.
Éditeur : Omnibus - 16/05/2019
3 romans ; 928 pages ; 28.00 €
Préface de l'auteur
Résumé Babelio
Photos d'une époque plus récente, un siècle et demi après les voyages de Benjamin et Marie.
Gabare sur la Dordogne à Bergerac |
La Dordogne, vue de Beynac |
La Roque-Gageac |
La Dordogne vue de Domme |
Le Haut-Pays, aux sources de la Dordogne |
Beynac et Cazenac |
Une gabare (ou gabarre) |
Chemin de halage (mais au bord du Lot) |
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