dimanche 16 janvier 2022

Comme un oiseau dans les nuages – Sandrine Kao

Un très beau roman à deux voix, sur les secrets de famille, mais aussi des pages d’histoire (souvent méconnue pour nous).

Nous faisons la connaissance d’Anna-Mei, jeune lycéenne de seize ans, alors qu’elle se retrouve en service psychiatrique.
On va peu à peu découvrir ce qui l’a amené là, et pourquoi elle a soudain craqué, alors qu’elle s’interroge elle-même pour comprendre ce qui lui arrive.

C’est sa grand-mère asiatique qui l’a élevée, et, pour l’aider, elle l’amène consulter une thérapeute en médecine traditionnelle chinoise. Qui va essentiellement conseiller de dévoiler à Anna-Mei ce qui s’est passé avant sa naissance, les heurs et malheurs de ses ancêtres, proches ou plus lointains (malheurs surtout).
Sa mère est morte quand elle était très jeune, on ne lui en parle jamais. C’est le côté asiatique de sa famille, et sa grand-mère a préféré taire ses souvenirs les plus durs. Pour protéger sa petite-fille, mais aussi peut-être elle-même ?
Elles vont donc s’enfoncer dans les souvenirs à tour de rôle, Anna-Mei n’ayant accepté de parler de ce qui l’a conduite à cette crise que si sa grand-mère parlait aussi.
Au fil des chapitres et sans ordre chronologique, elle fait connaissance avec sa famille proche ou lointaine dans le temps. Grâce à un arbre généalogique au début, on peut suivre les liens de famille, les dates, et même les noms, pas toujours évidents à distinguer pour moi.
Nous découvrons avec elle un pan de l’histoire de la Chine et de Taïwan. Et c’est rarement rose !
Le confinement est en toile de fond, il participe à l’histoire sans prendre trop d’importance. Ce n’est pas le sujet principal, juste abordé par petites touches dans leur quotidien.
Il n’y a pas que la médecine traditionnelle chinoise qui incite à se pencher sur le passé pour dénouer les difficultés et maladies du présent. C’est une réflexion intéressante et à creuser. On devrait toujours le faire avant de perdre ceux qui peuvent nous en parler.

Dit comme ça, on ne se rend pas trop compte combien ce livre est passionnant. Un texte que je vous recommande, grâce aussi à l’écriture de Sandrine Kao, que j’avais déjà beaucoup aimé dans Un lapin peut changer une vie.
Entre secrets de famille, ou plutôt non-dits, et la grande Histoire, des personnages avec qui nos aimerions faire encore un bout de chemin. 

Mention spéciale à la très belle couverture.

Qui en parle ? Ramettes

Extraits :

le mot "fou" en chinois se compose de la clé signifiant la maladie et du caractère "vent". Comme si la folie était une maladie dans laquelle le vent dérangeait l'esprit...

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L'amour ne tient pas plus longtemps que les fleurs sur les branches d'un cerisier : il suffit d'un coup de vent, et pof...

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Mes origines, je n'en faisais pas tellement cas, ça se limitait au chinois que tu essayais de m'apprendre... Maintenant, je comprends qu'elles font partie de moi, qu'elles me définissent tout autant que mes passions et mes envies. Elles sont ma force. Mon histoire. Et disent qui je suis réellement.

***
 Peut-être que le fait de raconter a cette vertu de mettre en lumière ce qui ne va pas, et de l'expulser de soi ?

Couverture : Françoise Maurel
Éditeur : Syros - 6 janvier 2022
282 pages - 16.95 €








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