jeudi 13 janvier 2022

De l'importance de savoir rebondir – Laura Zimmermann

Un roman que je voulais lire depuis longtemps. Il est en effet très intéressant, et grâce à l’humour toujours présent, et à une écriture fluide et agréable, il se lit vraiment bien.
Greer a une poitrine beaucoup trop encombrante pour sa corpulence, et ça induit une double conséquence : 
D’une part, elle souffre du harcèlement incessant, et elle doit se cacher derrière des vêtements immenses pour se sentir un peu tranquille.
D’autre part, il lui est quasiment impossible de trouver des vêtements et sous-vêtements adaptés et un minimum confortable. Que ce soit un soutien-gorge au quotidien, une tenue pour le sport, une robe habillée, tout s’avère quasiment insoluble.

Le côté harcèlement est d’autant plus intéressant qu’il peut s’adapter à beaucoup d’autres cas. Toute particularité physique attire le regard et les sarcasmes. Mais au fil des pages, on voit bien que c’est aussi le regard qu’on porte sur soi-même qui importe. Certaines à peine mieux loties que Greer s’assument, et ça fait toute la différence.
L’autre côté m’a retenue parce que je n’avais jamais pensé que le sujet pouvait être si compliqué. Bien sûr, je sais depuis longtemps que mes jambes bien trop courtes me posent problème pour m’habiller, mais même si c’est un peu compliqué (quand on ne sait pas coudre), une solution est toujours trouvable. Les difficultés auxquelles se heurtent Greer sont d’une autre échelle.
Bien entendu, les deux côtés du problème se rejoignent : elle ne trouve rien de correct pour s’habiller, elle voudrait se cacher des regards grivois, sa vie ne tourne plus qu’autour de ce sujet.

Si je comprends que ça l’obnubile, j’ai eu parfois envie de la secouer, non pour lui dire de penser à autre chose, mais pour qu’elle se confie au moins à sa meilleure amie, c’est ça une amie, ça parait incroyable quelle ne parvienne pas à lui parler, vu comme elles sont proches.

J’ai trouvé le personnage de la petite sœur très intéressant et j’ai regretté que Greer ne se détache pas un peu de ses problèmes personnels pour lui venir en aide. J’ai cru longtemps que ce serait une bonne motivation pour cesser de ne penser qu’à elle-même.

Ceci mis à part, j’ai à peu près tout aimé dans ce roman. L’amitié d’abord, si forte et profonde, qui apporte tant d’aide. L’humour et une écriture qui donne envie de ne jamais quitter sa lecture. Une romance tellement mignonne. Le personnage de la couturière, peu présent mais si positif (d’ailleurs, on se demande pourquoi Greer ne retourne pas la voir plus tôt !!)
Une tranche de vie de l’Amérique profonde que j’ai lu volontiers.

J’ai découvert au passage que Brisby et le secret de Nimh, film que nous avions beaucoup aimé avec mes enfants (oui, il y a eu un temps où nous les amenions voir des films !) s’appelait Frisby en version originale (au premier, j’ai cru à une erreur, à la deuxième, j’ai vérifié !!)

Mention spéciale à la traductrice qui n’a pas dû avoir un rôle facile ! (Voir certains jeux de mots !)

Extraits :

Au moins, le lycée sépare les garçons et les filles pour toute activité impliquant des notions d’éducation sexuelle, des maillots de bain ou des sacs de couchage (cf. le stage d’aide humanitaire au camp Planque-ta-Beuh).

***
Il y a un truc qui me dépasse. Dans un monde où l’on produit des images de synthèse tellement réalistes que mon grand-père refuse toujours de croire que ce n’était pas de vrais chimpanzés dressés à combattre à cheval à l’écran, comment se fait-il que Texas Instruments soit infichu de pondre un graphisme où 58008 à l’envers ne ressemble pas au mot « BOOBS » ?

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L’idée qu’une force malveillante s’amuse à dilater le temps tous les jours avant la fin des cours me paraît plus crédible.

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En dessous de la ceinture, je suis en LEGO et au-dessus, en DUPLO.

Titre original : My Eyes Are Up Here (2020)
Traduit de l’anglais (États-Unis) par Marion Roman
Éditeur : Gallimard jeunesse – 18 mars 2021
374 pages – 17.90 €

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