samedi 16 novembre 2019

Taille 42 - Malika Ferdjoukh et Charles Pollak

Joli coup de coeur pour ce roman jeunesse. Je ne comprends pas comment il avait pu m’échapper, et pourquoi on en a si peu entendu parler.
La vie d'un petit garçon juif en France sous l'occupation, racontée par ce petit garçon, au plus près de ses sensations et impressions, et écrite avec la belle plume de Malika Ferdjoukh.

Charles Pollak était un vieux monsieur (il avait 11 ans en 1939 au début de la guerre) quand il a rencontré Malika Ferdjoukh, et lui a confié ses souvenirs d'enfance.
Ils nous permettent ainsi de vivre au coeur de cette famille juive ces temps si difficiles.
C'est étonnamment frais, agréable à lire, plein d'humour malgré le contexte tragique.

D'abord, la jeunesse de ses parents, leur départ de Hogrie pour Paris. La venue des grands-parents pour quelques mois, depuis leur lointaine campagne;
Puis dès avant la guerre, des exemples terrifiants d'antisémitisme, envers de pauvres enfants à qui on n'a vraiment rien à reprocher.

Avec la déclaration de guerre, toute l'école de Charly est envoyé loin de Paris, pour les mettre à l'abri.
Il rejoint ensuite ses parents, aide son père tailleur.
Quand ils doivent tous quitter Paris, ils vont vivre dans une campagne française où ils vont essayer de se faire aussi discrets que possible. Se fondre dans la masse des catholiques, sans cacher aux soldats que le père parle allemand. Exercice périlleux, mais parfois bien utile.

C'est extraordinaire d'humanité, de simplicité, ça se lit très facilement et on y apprend énormément.
Une lecture qui devrait être conseillée à tous les enfants qui étudient cette période (et aux autres !)

Extraits :


Mais le violon, c'est rarement gai, même quand c'est gai.

***
À un soldat vert qui se plaignait que le "gai Paris" ne soit pas bien gai, une Parisienne répondit :
- Vous auriez dû venir quand vous n'étiez pas là !

***
- Les pommes, c'est comme les humains, soupira Eliane entre deux bouchées. Plein de variétés pour une seule espèce.

***
Une fois, j'avais demandé à mon père pourquoi on était juifs.
- Parce qu'on est les enfants d'Abraham, d'Isaac et de Jacob.
Réponse qui n'avait guère éclairé mon jeune cerveau. Ce que je voulais savoir et que j'avais tant de peine à formuler, c'est pourquoi tant de gens avaient l'air de trouver que c'était mal. Je ne voyais pas comment apou en taillant des gilets, ma mère en faisant du bortsch, mon frère et moi en allant à l'école et en jouant aux billes, non je ne voyais pas comment ça nous rendait responsables d'une guerre ou de quoi que ce soit.

***
[Au prêtre qui suggérait à son père de venir un peu prier à l'église]
- On n'est pas de très bons chrétiens, répondit-il humblement.
(On ne pouvait pas lui reprocher de mentir.)

***
De droite, de gauche, sans un mot, le village nous regardait passer avec une curiosité bienveillante. On était une nouveauté. C'est qu'il ne se montrait pas beaucoup d'étrangers dans les parages !... A part les Allemands, bien sûr, mais eux, c'était un peu comme un eczéma, on attendait que ça parte.

Éditeur : L'école des loisirs 2007
Collection : Médium (264 pages) 10,00 €
Résumé Babelio

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