Un roman pour jouer à se faire peur, et qui s'avère très écolo et responsable !
Et surtout, très plaisant à lire.
Saviez-vous que sous vos lits se cachent des Cracmonstres, qui peuvent devenir plutôt méchants s'ils ne trouvent pas leur nourriture en quantité suffisante.
Et où habitent-ils avant de profiter de la nuit pour s’introduire dans votre chambre ?
Dans le Lossuos, curieux monde souterrain mouvant et inversé.
(Je me demande combien de temps mettront les enfants à comprendre le jeu de mot ? Voire combien le découvriront)
Lucy, 11 ans, est une fillette pleine de bon sens, de gentillesse mais aussi de débrouillardise. Il faut dire que son papa a disparu subitement il y a plusieurs années, sans aucun indice.
Aussi, quand sa mère s’évapore à son tour, elle n'a pas d'autre solution que se lancer à sa recherche et affronter les monstres.
Des monstres à la fois sales, épouvantables, inquiétants, et aussi parfois émouvants.
Ça pue, ça pète et ça se roule dans les ordures. Autant dire que ça risque de beaucoup plaire aux jeunes lecteurs !
Une aventure vraiement inattendue, inquiétante et pleine d'humour.
Car ce n'est pas que la maman de Lucy qui a disparu, mais tous les adultes de la ville.
Alors, en un premier temps, les enfants ont bien d’autres préoccupations que les rechercher.
Quelle belle vie sans se faire gronder ou rappeler ce qu'il faut faire. La ville va vite se retrouver dans un drôle d'état.
On suit donc en parallèle les grosses bêtises des enfants livrés à eux-même, et le courage de Lucy pour faire face aux monstres.
Le côté inquiétant de l'histoire est atténué par des commentaires du narrateur, qui interpelle de façon familière et amusante le lecteur, coupant le rythme de ce qui pourrait angoisser. Commentaires en italique pour faciliter la compréhension.
Il y aussi beaucoup d'humour, entre les monstres parfois étonnants, la conduite des enfants livrés à eux-même, et aussi les jeux sur les noms de famille, tous adaptés à la profession.
On va voir naître une belle amitié entre Lucy et le garçon de la classe toujours tenu à l'écart, qui n’arrivait jamais à se faire des copains, parce que "différent".
Et une belle conclusion très écologique donc.
Les illustrations monochromes sont adorables, les enfants comme les monstres, horribles mais pas tant que ça ! Et des ombres inquiétantes qui se profilent au fil des pages.
On a aussi en 2e de couv' un plan très (in)utile qui n'est pas du Lossuos, et d’ailleurs, vous n'êtes pas ici.
Comme le précédent, le Noëlosaure, ce volume est superbe, titres et tranche dorés, comme la poudre de sommeil qui le parsème.
Je dois avouer cependant une légère déception : j’avais trouvé le Noëlosaure vraiment extraordinaire, mon roman enfants préféré de l'année, et du coup, celui-ci m'a un peu moins enthousiasmée.
Je pense que je l'aurais franchement apprécié si je n'avais pas attendu, de l'auteur du précédent, le même énorme coup de coeur.
Il faut le lire sans a priori !
Qui l'a lu ? Ramettes
Extraits :
- C'est c'que j'dis ! aboya Lagrogne, toujours aussi bougon. Les histoires sont magiques ! Elles glissent d'nouvelles idées dans la caboche. Elles font voir l'monde d'une façon différente.
***
Ce jour-là - le jour où tout a commencé - douze enfants se coincèrent la main dans un bocal à biscuits, sept autres eurent de la pâte à modeler coincée dans les narines, et une petite fille trouva même le moyen de se peindre en violet - jusque dans le nombril !
***
Personne ne disait rien. Les adultes étaient partis. Pour toujours.
Les enfants étaient livrés à eux-mêmes.
Sans adultes pour les surveiller.
Sans adultes pour leur dire ce qu'il fallait faire.
Sans adultes pour les empêcher de faire ce qu'ils voulaient.
Illustré par Shane Devries
Traduit de l'anglais (Grande-Bretagne) par Éric Betsch
Titre original : The Creakers (2017)
Michel Lafon 14/11/2019 NOUVEAUTÉ 14.95 €
16 x 20 cm - 334 pages
Résumé Babelio
superbe chronique ! Tu donnes envie !
RépondreSupprimerMerci ! C'est curieux parce que j'étais un peu déçue, du coup, je n'avais pas l’impression de donner envie.
RépondreSupprimerComme d'habitude la tienne me parait mieux !