mardi 25 août 2020

Âge tendre - Clémentine Beauvais

Mon énorme coup de coeur de l'année !! Difficile d'en parler, tant ça remue de choses.
Des souvenirs, de la réflexion, de la tendresse, un bijou.

Je partais un peu méfiante, d'abord parce que j'ai adoré certains livres de l'autrice (Les petites reines évidemment, et aussi des collectifs) mais beaucoup moins aimé certains autres pourtant de très bons romans.
Mais surtout parce qu'une maison de retraite pour vieux désorientés, c'est quelque chose qui m'est difficile à lire. Les visites à mon entourage dans ce contexte m'ont toujours été extrêmement pénibles, et vu mon âge et ma situation à présent, c'est encore plus dur.
Mais l'autrice a réussi une performance extraordinaire, ne pas éluder les choses sombres tout en nous faisant sourire sans cesse.

Nous sommes dans un futur très proche, juste quelques infimes différences : la France a une Présidente de la République (peut-être Clémentine Beauvais pourrait-elle se présenter ? On y gagnerait certainement) et le service civique, enfin obligatoire, est prévu entre les classes de 3e et de 2e (une pensée pour l'aînée de mes petites-filles qui devrait commencer cette semaine !)
Ce qui n'a pas changé, c'est que l'Éducation Nationale, chargée des affectations, passe outre les voeux et semble choisir ce qui risque d'être le plus catastrophique.

Car pour Valentin, presque aussi inapte à la vie en société que les vieux dont il va s'occuper, être affecté dans un lieu qui génère un maximum d'angoisse pour lui ne semble pas la meilleure solution.
Impression : très négative.

Déjà, rien que la cohabitation avec d'autres jeunes dans la même situation lui pose problème, le second degré et l'humour sont souvent hors de sa portée, il a besoin d'habitudes et de repères pour se rassurer.

Il s'attache rapidement à certains résidents, au point de ne pas pouvoir annoncer que, non, Françoise Hardy ne viendra pas chanter pour eux. Et le voilà embarqué dans un défi qui le dépasse.

Au départ, curieusement, c'est son inaptitude à vivre normalement qui nous fait sourire, avec son classement des choses de positives à très négatives, et sa façon d'aborder tout problème et toute personne. Et peu à peu, la tendresse prend le dessus. On s'attache à Valentin, aussi bien qu'aux personnes autour de lui. Au point que j'ai été constamment inquiète de voir arriver pour lui la fin de cette période hors du commun (oui, l'empathie me perdra ;-) )
Peu à peu, Valentin grandit dans sa tête, même si le seul petit bémol de ma lecture a été qu'il m'a constamment semblé qu'on parlait d'un garçon bien plus âgé qu'un jeune sortant de 3e. Mais peut-être est-ce le fait de son caractère ?

Bien entendu, cette plongée dans les années 60, celles de mon adolescence, m'a particulièrement intéressée, souvent amusée et parfois émue. Et pas uniquement à cause de Françoise Hardy.

Confronter les ressentis de Valentin et de Sola sur les familles recomposées est un moment fort, qui fait réfléchir. Chacun avec son vécu et son caractères, si différents. Difficile d'arriver à un point de vue commun.

Et un joli aperçu de la Côte d'Opale, avec un petit passage par Audresselles même si jamais nommé !

Les bandes-son de tous les Exprim' sont intéressantes, mais forcément, celle-ci me parle particulièrement. (J'avoue que musicalement parlant, je suis un peu restée bloquée à ces années-là !!)
Françoise Hardy, ce sont pas mal de souvenirs de jeunesse pour moi, mais je ne connaissais de La maison où j'ai grandi, que la mélodie, dans ma tête pendant toute cette lecture.
J'ai découvert les paroles, auxquelles je ne m'étais jamais attachée, et vraiment, ça m'a touchée au coeur, je ne peux l'évoquer à présent sans une forte émotion.

Je vous parle de l’histoire, et de mon ressenti, mais j’aurais voulu savoir faire passer combien ce roman est exceptionnel, et va certainement émouvoir et faire sourire chaque lecteur.
D'ailleurs, si mon avis est celui d'un adulte qui a vécu cette époque, vous pourrez voir dans la chronique de l'Ado accro aux livres que ce roman touche au coeur toutes les générations.
Un vrai Prix Chronos en puissance ! (J’espère)

Qui en parle ? 
L'Ado accro aux livres
L'éternel ado
Maman Fouine

Extraits :

Pour passer en Belgique, il ne faut rien faire de spécial, juste continuer à avancer.

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si on les voyait, j'aurais honte de n'avoir aucun cadeau, mais en même temps l'idée de leur offrir un cadeau était extrêmement déplaisante.
Finalement je leur ai acheté une bougie parfumée au maroilles.

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Et en effet, Françoise Hardy n'a rien à voir avec la politique. D'ailleurs, j'ai essayé de chercher des chansons un peu politiques pour que ça colle avec le thème du jour, mais je n'ai pas trouvé. Tout est sur l'amour, le temps, la perte des choses, etc. Ainsi l'on voit que Françoise Hardy transcende le quotidien et les petits débats mesquins pour s'élever dans l'universel.

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Parfois, je me dis que ces conversations servent plus à moi qu'à eux, mais en fait je n'en sais rien. On n'en sait rien. Peut-être que loin quelque part dans leur cerveau tout rongé, il y a mes mots qui viennent mettre des petites caresses. La recherche ne montre rien de très concluant à ce sujet, c'est difficile de dire ce qui les émeut ou pas, les touche, reste, part.

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La maison où j'ai grandi

Quand je me tourne vers mes souvenirs
Je revois la maison où j'ai grandi
Il me revient des tas de choses
Je vois des roses dans un jardin
Là où vivaient des arbres maintenant la ville est là
Et la maison, les fleurs que j'aimais tant
N'existent plus
Ils savaient rire, tous mes amis
Ils savaient si bien partager mes jeux
Mais tout doit finir pourtant dans la vie
Et j'ai dû partir, les larmes aux yeux
Mes amis me demandaient
Pourquoi pleurer?
Découvrir le monde vaut mieux que rester
Tu trouveras toutes les choses qu'ici on ne voit pas
Toute une ville qui s'endort la nuit dans la lumière
Quand j'ai quitté ce coin de mon enfance
Je savais déjà que j'y laissais mon cœur
Tous mes amis, oui, enviaient ma chance
Mais moi, je pense encore à leur bonheur
À l'insouciance qui les faisaient rire
Et il me semble que je m'entends leur dire
Je reviendrai un jour, un beau matin parmi vos rires
Oui je prendrai un jour le premier train du souvenir
Le temps a passé et me revoilà
Cherchant en vain la maison que j'aimais
Où sont les pierres et où sont les roses
Toutes ces choses auxquelles je tenais?
D'elles et de mes amis plus une trace
D'autres gens, d'autres maisons ont volé leurs places
Là où vivaient des arbres maintenant la ville est là
Et la maison, où est-elle, la maison où j'ai grandi?
Je ne sais pas où est ma maison
La maison où j'ai grandi
Où est ma maison?
qui sait où est ma maison ?
Ma maison, où est ma maison ?

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