mardi 18 mai 2021

Bal tragique à Windsor - S.J. Bennett (Sa Majesté mène l'enquête - tome 1)


Une très sympathique incursion dans la vie de la Reine, de son entourage et de son personnel.
Quelle est la part de fiction et de réalité ? J'ignore le niveau de documentation de l'autrice, mais c'est bien agréable. On sent son attachement à la famille royale, et particulièrement à "Lillibet". Ici pas de polémique (ça change !). La  Reine est présentée à la fois comme très affable, à l'écoute et proche du petit monde qui gravite autour d'elle, et aussi joliment intelligente et débrouillarde.
Le regretté Philip intervient aussi avec beaucoup d'humour (le roman se passe en 2016)
Je suis fort perplexe sur le fait d'utiliser des personnes vivantes, et connues, comme personnages de fiction. Faire dire à Sa Majesté des phrases qu'elle n'aurait peut-être jamais prononcées, la faire agir à l'initiative de l'auteur, est-ce réellement acceptable ? (Je suppose qu'elle n'a pas eu un droit de relecture avant la parution ?) Mais je reconnais que je me suis beaucoup amusée à suivre ses aventures et à entrer de plain-pied dans l'intimité des habitants et invités de Windsor, et découvrir le château de l'intérieur. Il est vrai aussi que la Reine semble n'avoir que des qualités !

Le personnage de Rozie est intéressant, et j'espère que dans les épisodes suivants, il sera un peu plus "fouillé" car si son rôle est important, on ne sait finalement pas grand chose sur elle.

Je n'ai par contre pas été vraiment emportée par le côté policier. 
Il est possible que je l'aie lu à une période où je n'étais pas suffisamment concentrée, j'avais un peu de mal à suivre l'enquête. D'autant plus que souvent, les chapitres nous laissent sur une découverte qui n'est pas partagée avec le lecteur. J'étais parfois un peu perdue, mais la fin est bien expliquée.
J'ai aussi été un peu déçue car on comprend bien que la Reine se doit de faire preuve de beaucoup de diplomatie, qu'elle ne peut ni agir elle-même, ni montrer que c'est elle qui comprend. Mais j'avais cru, à certaines phrases, qu'elle saurait tout de même se "venger" un peu de l'enquêteur qui a par ses erreurs beaucoup compliqué l'affaire, et qu'il ne s'en tirerait pas avec les honneurs, mais c'est l'inverse.

A la fin, un arbre généalogique de la famille, pas indispensable pour suivre le roman, mais agréable de situer les proches dont parle la reine (dommage qu'en numérique, je ne m'en suis aperçue qu'après ma lecture !!)

Au final, un roman que j'ai lu avec plaisir, surtout pour l'ambiance.

P.S. : Après avoir terminé ma chronique, je jette un coup d'oeil aux autres, c'est toujours intéressant de voir les différents points de vue. Et je suis très surprise de lire combien apprécient que ambiance et personnages soient extrêmement justes, que l'autrice les décrive sans erreur. Y a-t-il donc tant de lecteurs qui vivent dans l'intimité de la maison Windsor ? 

Extraits :

Depuis la flaque boueuse dans laquelle elle était en train de se rouler, la plus vieille des dorgis leva des yeux penauds sur sa maîtresse. Puis elle revint auprès du groupe et s’ébroua énergiquement, juste devant le pantalon de Humphreys. La reine dissimula son approbation avec beaucoup de sang-froid.
- Je suis sincèrement désolée.
- Ne vous en faites pas pour ça, Madame.
Il tenta d’essuyer les éclaboussures, mais ses mollets étaient trempés.

***
Quoi que lui demande la patronne, elle le ferait. Et elle savait que la plupart des membres de la Maison royale réagiraient de la même façon. Ce n’était pas lié à ce qu’elle était mais à qui elle était. C’était un être humain hors du commun à qui l’on avait confié une mission quasi impossible. Elle l’avait acceptée et, sans jamais se plaindre, elle la remplissait brillamment depuis une époque où la plupart de ses sujets n’étaient même pas encore nés. Tous ceux qui travaillaient auprès d’elle l’adoraient. Elle les terrifiait tous, bien sûr, mais ils ne l’en adoraient que davantage.

***
Les chiens, eux, savaient. Comme Candy, ce matin. Les corgis avaient détesté Vladimir Poutine au premier regard et cherché à lui mordre les chevilles lors d’une visite officielle. Même le chien guide d’un ministre aveugle s’était mis à aboyer. Les chiens ont un tel instinct. D’ailleurs, Poutine avait su utiliser cela à son avantage. Il savait qu’Angela Merkel avait peur des chiens. Était-ce parce qu’elle avait grandi en Allemagne de l’Est ? se demandait la reine. Y étaient-ils plus souvent élevés comme chiens de garde que comme animaux de compagnie ? En tout cas, fort de cette information, il s’était débrouillé pour que la chancelière se retrouve face à deux bergers allemands agressifs quand elle était venue visiter le Kremlin. Pauvre femme. Cela démontrait la petitesse de cet homme. La reine n’était pas toujours d’accord avec la politique d’Angela Merkel, mais elle l’appréciait. Elle avait réussi à rester à la barre d’une grande démocratie pendant toute une décennie. C’était une femme dans un monde d’hommes - ce qu’elle aussi avait vécu à ses  propres débuts. Et, à en juger par les photos de rassemblements de chefs d’État, cela n’avait guère changé : le tailleur-pantalon de Merkel était seul dans un océan de costumes. Bien qu’elle ne partage pas les goûts très teutons de la chancelière en matière de mode, la reine savait parfaitement ce que cela faisait.

Titre original : The Windsor Knot (2020)
Traduit de l’anglais par Mickey Gaboriaud
Éditeur : Presses de la Cité - 6 mai 2021 - NOUVEAUTÉ
280 pages - 14.90 €
Lu en numérique via NetGalley

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