mercredi 5 mai 2021

La sorcière des marais - Karine Guiton

Un court et beau roman, un peu lent, un peu trop triste pour moi.
Tex, le chat de Zoé, a disparu. Elle ne peut se résoudre à ne plus le revoir, aussi, quand Mirabella, que l'on dit sorcière, peut lui permettre de le retrouver, elle n'hésite pas à braver dangers et peurs.

Un voyage étonnant en barque dans le marais, un marais qui est aux portes de son village et que pourtant elle connait si mal. Elle y découvre toute une vie animale qu'elle était loin de soupçonner, mais aussi quelques personnages ou autres assez inquiétants.
Heureusement, un peu de légèreté est introduite par le fait qu'elle comprend ce que disent les animaux, notamment le canard, si drôle.
Elle va y apprendre qu'il vaut mieux éviter de se fier aux apparences, et que l'amour et la bienveillance peuvent se trouver partout, et chez tout le monde.
Hélas, revoir son chat ne veut pas dire, comme elle l'espérait, repartir avec lui.

Entre conte, rêve, récit initiatique et découverte du marais, Zoé va grandir un peu plus vite que prévu. 
Je me demande ce que les enfants comprendront, ou supposeront, de ce Royaume des chats.
Vont-ils y voir le paradis des chats qui nous ont quittés ?  ou s'attrister que la reine le retienne prisonnier ?

C'est une très belle histoire et j'ai aimé faire ce chemin avec Zoé, Mirabella, Miramar le géant, Germain le canard à la langue bien pendue, et Pirati le cochon.
Mais je ne suis pas certaine d'oser le conseiller aux enfants de mon entourage.
Et si j'aime beaucoup la couverture, qui représente bien personnages et lieux, il me semble qu'elle laisse attendre un roman plus léger, plus drôle qu'il ne l'est.

Extraits :

Quand le repas a été enfin terminé, le géant a léché consciencieusement nos quatre assiettes, les a essuyées avec un torchon à carreaux douteux, et les a rangées sous l’évier, près de la poubelle en déclarant d’un air satisfait : 
– Lavage écologique !
J’ai réprimé un haut-le-cœur et lui ai souri bêtement. Puis il a ouvert l’armoire, en a sorti des draps qu’il a étalés sur le sol et recouverts d’une couverture : 
– Lit vous. Bonne nuit.
J’étais tellement fatiguée que je me suis immédiatement effondrée. Bizarre, cette couverture. Elle était trouée par endroits et dégageait un parfum d’humus. Je l’ai regardée de plus près : un assemblage de feuilles collées les unes aux autres.

***
La barque avançait lentement le long d’un canal très large et le paysage était mortellement monotone : champs, roseaux, nénuphars, vaches ou chevaux. Coassement de grenouilles de temps en temps. Vols d’oiseaux divers aux plumes blanches, marrons ou grises. Le soleil tapait fort sur mon crâne. J’avais soif. Germain beuglait un coin-coin retentissant dès qu’il apercevait une poule d’eau ou un autre canard, Mirabella dirigeait sa perche sans un mot et moi, à force d’être dans la même position, j’avais des courbatures dans le dos. 
Peu à peu les arbres sont devenus plus nombreux. Plus grands et plus touffus. Puis Mirabella a manœuvré pour engager le bateau dans un canal obscur. La végétation formait une voûte si épaisse au-dessus de l’eau que le soleil a soudain disparu. J’ai frissonné : je n’avais aucune envie d’y aller. Trois mètres plus loin, nous sommes passés sous un pont en ruine. Un grand oiseau gris, au long cou blanc, farfouillait dans la vase. Au lieu de s’envoler lorsqu’il nous a vus (comme j’avais vu faire tous les piafs jusque-là), il a relevé la tête, a ouvert son bec jaune et a déclamé en secouant sa drôle de petite huppe noire : 
- Bienvenue dans le monde de Soumazalans.

Illustration couverture : Grégory Elbaz
Editeur : Didier Jeunesse - 5 mai 2021 - NOUVEAUTÉ
Collection : Mon Marque-Page +
128 pages - 12.90 €

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