mercredi 26 mai 2021

De père en fille - Mitali Perkins

 
Ayant la chance de découvrir bientôt le nouveau roman de Mitali Perkins, j'en profite pour partager ici une lecture bien plus ancienne, un court roman que j'avais beaucoup apprécié.

Naima voudrait tant aider son père qui conduit un rickshaw, et a du mal à nourrir sa famille.
Surtout le jour où pour tenter de l'aider, elle abîme le rickshaw tout neuf.
Mais elle est fille, donc ne peut pas travailler, tout juste décorer la maison. Et c'est elle la plus habile pour les alpanas (motifs décorant la maison)
 
Finalement, avec l'aide de son grand copain, qu'elle ne peut voir qu'en cachette à présent qu'elle est grande, elle se déguise en garçon pour aller proposer ses services au nouvel atelier de réparation (en échange de la réparation de leur rickshaw)
Et surprise, une femme dirige l'atelier ! Et lui donne sa chance.
 
J'ai aimé que cette histoire soit très légère, facile à lire, par sa longueur et son vocabulaire, mais surtout parce que le texte ne comporte rien de terrible ni choquant, ce qui permet de le proposer aux plus jeunes comme aux petits lecteurs. Mais très intéressante, on y voit bien les conditions de vie au Bangladesh, et la vie des filles, le poids des traditions.

Avec à la fin quelques explications sur les micro-crédits.

Depuis, j'ai lu et beaucoup apprécié En attendant New York.
Et je suis impatiente de découvrir  Ranee, Tara, Sonia, Chantal, Anna (Cinq femmes, trois générations, une grande histoire d'amour) qui parait début juin et semble en quelque sorte un peu la suite.

Extraits :

 Excusez-moi, je cherche l'atelier de réparation d'Hassan. C'est bien ici ? S'enquit-elle du ton de voix le plus grave possible.
-  Que veux-tu ? Tu ne vois donc pas que je suis occupée? [...]
- Le rickshaw de mon père a besoin de réparations, répondit-elle. Je suis venue voir si je pouvais offrir mon travail en paiement.

***
- Quand tu seras plus grande, Mère et nos tantes te demanderont à toi aussi de ne plus parler aux garçons. Elles disent que ce n'est pas convenable.
- A l'école, j'aime jouer avec tout le monde, répondit Rashida, les filles et les garçons.
"Ma pauvre, tu n'iras bientôt plus à l'école", songea Naïma.
Seul Saleem savait combien elle-même aurait aimé continuer à y aller. Toutefois, les revenus de ses parents ne leur permettaient pas de payer les frais de scolarité pour deux enfants. Naïma avait eu droit à trois années d'étude. Puis le tour de Rashida était venu.

***
- Toi, tu aides ton père ! explosa-t-elle. Pourquoi n'ai-je pas le droit d'aider le mien ?
Saleem haussa les épaules.
- Tu es une fille. les filles restent à la maison et travaillent avec leur mère. Les garçons gagnent de l'argent en travaillant pour leur père. C'est comme ça.
- Pourquoi ? Ce n'est pas comme ça partout, Saleem.

***
Leur mère avait raison. Tout ce à quoi une fille avait accès, c'était la cuisine, le ménage, le linge, la décoration. Rien de ce qui était rémunéré ne leur était autorisé.

Traduit de l'américain par Catherine Guillet
Éditeur : Flammarion - Castor poche (2008)
Collection : Histoires d'ailleurs (dès 9 ans) - 80 pages
Lu en  mars 2009.


 



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