mardi 11 mai 2021

Fleurs de feu - Sarah Lark

Sarah Lark est sans doute une de mes autrices préférées en littérature adulte.
J'aime ces romans qui font voyager, dans le temps et dans l'espace, qui nous emmènent aux confins du monde, il y a un ou deux siècles. Et quand c'est avec l'écriture de cette autrice, je ne peux simplement pas les lâcher.
Celui-ci est d'autant plus intéressant que, tout en étant très prenant à lire, il retrace des épisodes historiques réels. Ce dont je ne me suis aperçue qu'en lisant la postface, tant c'est un vrai roman qui se lit d'un trait.

1837 - Ida et Karl vivent pauvrement dans le Mecklembourg, et tous deux doivent à leur grand regret quitter l'école. Lui pour subvenir aux besoins de sa famille, elle parce que fille.
Quand le père d'Ida, écoutant l'enthousiasme d'un envoyé de la New Zealand Company, décide d'émigrer avec toute sa famille et même son village, Karl, simple journalier bien trop pauvre, ne peut se résoudre à laisser partir Ida, et ruse pour se joindre au voyage. Avec ceux qui partent dans l'espoir d'être enfin propriétaires de terres, alors qu'ici, impossible même aux plus travailleurs.

Au début, je me suis dit : Quel courage ces gens qui s'embarquent pour les antipodes ou presque, sans savoir du tout de quoi pourra être fait leur quotidien, quelle terre, quels animaux vont-ils trouver, quels "sauvages" ? ... La plupart n'ont rien lu, aucune notion sur le pays.
Et puis, je me suis aperçue que ce n'est pas vraiment du courage, plutôt de l'absurdité.
Car ils pensent reformer là-bas leur village, leur civilisation, leur religion ; vivre comme dans la vieille Europe.

Leur chemin croise celui de Cat, qui bien que née là, en Nouvelle-Zélande, n'a ni nom, ni famille. Et d'autres personnages hauts en couleurs.
Les aventures et les chassés-croisés sont multiples, mais surtout nous pénétrons sur les territoires des Maoris, et nous faisons connaissance "de l'intérieur".

Plus encore que dans d'autres romans, les graves méfaits d'une religion extrémiste sont ici mis en exergue. Des religieux très durs pour les autres, mais qui s'autorisent tous les débordements. Et surtout, aucun droit pour les femmes, qui ne doivent qu'accepter sans se plaindre, sans jamais dénoncer les violences sous peine d'être elles-mêmes accusées.

J'ai lu tout ce livre comme un roman passionnant, (et facile à lire) au plus près des populations maoris, et de leurs difficiles relations avec les Pakehas.
Avant de découvrir dans la postface qu'il se base sur un grand nombre de faits réels, même si les personnages principaux sont fictifs, et si les faits ont été romancés pour certains. J'avais pourtant déjà entendu parler du massacre de Wairau notamment, mais j'étais si plongée dans le roman que je n'ai pas réalisé la part d'historique qu'on retrouve ici.

Vers la fin du roman, il commence à être question du besoin croissant de tondeurs de moutons sur le territoire. Et ça m'a renvoyée à ma lecture aussi passionnante du Patriarche, un siècle plus tard.

Comme chaque fois, un grand regret : qu'il n'y ait pas une carte des lieux. Plus encore ici, car j'avais souvent du mal à suivre les pérégrinations des personnages, proches, lointains ? Difficile de savoir quand ils se rapprochaient, quand au contraire ils étaient à l'opposé de cet immense territoire.  
C'est mon seul reproche. 

Extraits :

Les histoires de Cat donnèrent un visage vivant de la Nouvelle-Zélande aux deux adolescents qui ne tardèrent pas à nommer les arbres et les rochers qu’ils rencontraient chemin faisant et à imaginer comment leurs esprits avaient bien pu venir les habiter. Les entendre amusait Cat et Gibson, mais les réactions d’Ida étaient plus mitigées, car elle ne pouvait s’empêcher de penser que son père aurait sévèrement réprimandé Cat et Elsbeth pour leurs propos païens. Le dieu avec lequel elle avait grandi manquait totalement d’humour.

***
- Alors, apprends à compter, s’énerva le chef. Jane Fenroy dit que nous devrions tous apprendre, que c’est le plus important dans la vie.
La vieille tohunga secoua la tête d’un air malheureux.
- Non, ariki. Le plus important…
- … ce sont les êtres humains ! termina Cat.
- Nous allons bien nous entendre, dit la vieille femme avec gravité.

Traduit de l'allemand par ?
Titre original : Die Zeit der Feuerblüten 2013)
Éditeur : l'Archipel (12/05/2021) NOUVEAUTÉ
600 pages - 24.00 €
Résumé Babelio

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