Anne de Green Gables bien sûr (j'ai réclamé pendant des années qu'on puisse trouver la série en France, et j'ai été exaucée !!).
Mais j'ai tout autant aimé, voire plus, le nettement moins connu Les vacances de Jane.
Alors, quand j'ai vu apparaitre la traduction d'une nouvelle série, introuvable en France depuis longtemps il me semble, je n'ai pas hésité un instant.
Et je n'ai pas été déçue.
Encore l'Île-du-Prince-Édouard, encore une orpheline, mais Emily ne ressemble à personne, et ce texte est très beau, très poétique. Je me suis vraiment régalée à le lire.
Quand la tendre Emily se retrouve orpheline, elle est prise en charge par des gens de sa famille qui sont terriblement durs avec les enfants, et avec eux-mêmes d'ailleurs.
Rien de ce qui lui permettrait de faire son deuil n'est autorisé, elle doit obéir, changer complètement de vie, se soumettre.
Mais Emily est admirable de volonté, de résilience, de gentillesse et de force de caractère.
Elle veut écrire, elle écrira. même si le papier est rare, les instants permis aussi.
C'est une ode à l'amitié. À la nature aussi.
Lucy Maud Montgomery excelle à nous faire pénétrer dans une merveilleuse nature, sans jamais nous lasser.
Attention, il se passe plein de choses aussi, on découvre la vie d'un temps qui nous est étranger, on suit les aventures de cette fillette, de ses amis, de sa famille, et que d'évènements souvent surprenants.
Un petit bijou ce roman.
Je suis assez surprise qu'on parle si souvent, et avec tant d'éloges, du Vent dans les saules, grand classique de la littérature jeunesse britannique, que j'ai pour ma part trouvé souvent assez ennuyeux.
Et jamais de celui-ci, à peine plus récent (d'une quinzaine d'années) et tellement plus passionnant, tout en nous parlant aussi des beautés de la nature.
Un seul détail m'a un peu gênée : Emily qui adore écrire, s'épanche sur le papier, notamment en écrivant de longues lettres à son père décédé. Pendant une bonne partie du roman, avant qu'elle ne mette la main sur un dictionnaire, son orthographe est assez fantaisiste.
C'est d'abord drôle, mais comme ses courriers sont très longs, et sans distinction de police de caractères par rapport au texte narratif, je trouve un peu dommage de mettre entre les mains des enfants tant de fautes, qu'ils ne reconnaitront pas forcément comme intentionnelles par l'auteur.
J'allais oublier de dire que ce livre, sans doute en hommage au centenaire de la première parution, est un très bel objet : couverture rigide épaisse, bandeau doré, écriture très agréable.
Une belle illustration de couverture, évoquant le côté un brin fantastique, dont je n'ai pas parlé (il y aurait tant à dire sur ce roman, lisez-le !!)
Extraits :
"Heureux le défunt sur qui tombe la pluie."
Et il était moins difficile de voir son père partir sous cette douce et tendre bruine que sous un soleil rieur et étincelant.
***
Car les fées ne demeurent qu'au royaume du bonheur ; n'ayant pas d'âme, elles ne peuvent pénétrer celui du chagrin.
***
Ça ne doit pas être très agréable de s'habituer à vivre, pas plus que ça ne l'est de s'habituer à mourir.
***
après le repas, un invité surprise est arrivé et on n'avait pas de gâteau à lui proposer. C'était affreux ! Ce n'était jamais arrivé dans toute l'histoire de New Moon.
***
Il n'y a aucun fantôme sur le domaine Wyther. N'est-ce pas Caroline ? Ce ne serait pas hygiénique.
***
écrire des histoires était une toute autre affaire, qui horrifiait Elizabeth. La fiction, sous n'importe quelle forme, avait quelque chose d'abominable.
Titre original : Emily of New Moon (1923)
Nouvelle traduction de Laure-Lyn Boisseau-Axmann
(Une autre traduction est parue en 1983 sous le titre : Emily de la Nouvelle Lune I et II)
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture (16 février 2024)
Collection : Monsieur Toussaint Laventure - 430 pages - 18.50 €
Format : 14 x 20 cm - Couverture cartonnée
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