jeudi 2 janvier 2025

Le vent dans les saules - Kenneth Grahame


Un grand classique jeunesse britannique, dans une superbe édition illustrée par Thierry Prugne.
Je voulais le lire depuis des lustres car il en est souvent question dans les romans jeunesse actuels.
J'ai découvert après l'avoir emprunté que c'était une version abrégée. 
Habituellement, j'évite les versions non intégrales, je pense que les auteurs méritent qu'on lise ce qu'ils ont écrit, pas un résumé !
Ici c'est un peu différent, le traducteur a supprimé certains chapitres, correspondant à des digressions. Et vu le poids du livre et la densité du texte, ça me convient !!

Le début (environ la première moitié) est une belle histoire poétique et tendre, de beaux paysages, des animaux libres qui courent la campagne et la rivière. Bucolique et charmant, avec un vocabulaire plutôt soutenu, un beau langage.

Ensuite, quand Crapaud entre en scène, je l'ai trouvé tellement stupide que c'en est fatigant.
Des vantardises à n'en plus finir, chaque fois il promet de s'améliorer. Ses amis naïvement essaient d'y croire, alors qu'il est incapable de ne pas retomber dans ses travers, même quand il en est réduit aux pires extrémités, il se juge encore supérieur et intelligent.
Je m'aperçois que j'ai beaucoup de mal avec les personnages stupides, je n'arrive pas à relire Pinocchio pour la même raison. (Je crains d'avoir le même problème dans la vraie vie, la bêtise m'insupporte !!)
Taupe n'est guère plus maligne, j'ai eu un peu de mal à accrocher, même si l'histoire est belle et poétique.

C'est un très beau livre, grand format cartonné, de belles illustrations. Mais je ne vais guère le conseiller autour de moi je crains, à part aux très bons lecteurs intéressés par la nature.
Pour les parents qui cherchent de beaux livres, avec un vocabulaire soutenu, n'hésitez pas !
(J'ai même trouvé un mot que je ne connaissais pas j'avoue, et c'est assez rare ! : "Mes amis, j'ai le plaisir de vous annoncer que Crapaud est venu à résipiscence". Ça ne gêne pas la lecture puisqu'on en comprend le sens)

Les illustrations sont de Thibault Prugne, créateur, entre autres de l'adorable série "Renard..." dans sa maison d'édition Margot.
Il a aussi illustré des jeux, dont "Le tour du monde en 80 jours" chez Purple Brain.

Extraits :

Là, tout n'était que tremblements et frissonnements, lueurs et étincelles, bruissements et remous, chuchotements et bouillonnements. Mr Taupe en resta ensorcelé, transporté, fasciné. Il se mit à trotter le long de la rivière comme un petit enfant trottine au côté d'un adulte qui l'envoûte par des histoires passionnantes; et quand, enfin las, il s'assit sur la berge, la rivière continua à lui susurrer les plus belles histoires du monde, venues des entrailles mêmes de la terre et qu'elle irait ensuite répéter à la mer insatiable.

***
Il n'avait de sa vie jamais vu de cours d'eau - espèce de gros animal luisant et sinueux toujours en fuite, gloussant, se saisissant de choses avec un glouglou et les recrachant un peu plus loin dans un gargouillis, pour se jeter aussitôt sur d'autres camarades de jeu qui se libéraient en s’ébrouant de son emprise pour se retrouver de nouveau captifs. Là, tout n'était que tremblements et frissonnements, lueurs et étincelles, bruissements et remous, chuchotements et bouillonnements.

***
- Il ne reste plus qu'une chose à faire, reprit Mr Blaireau, pleinement content de lui. Crapaud, je vous demande en toute solennité de répéter devant nos amis ce que vous avez pleinement reconnu en ma présence dans le fumoir il y a un instant. En premier lieu que vous regrettez ce que vous avez fait, et que vous comprenez la folie de tout cela...
Il y eut un long silence. Mr Crapaud regardait désespérément de tous côtés, tandis que les autres attendaient, graves et silencieux. Enfin, il parla.
- Eh bien non ! lança-t-il d'un air buté et avec la dernière énergie, je ne regrette rien du tout. Et ce n’était pas de la folie, non plus. C'était du panache !

***
Lorsqu'ils arrivèrent dans l'allée du Manoir Crapaud, ils virent, comme Blaireau s'y attendait, une nouvelle auto toute brillante, de grande taille, rouge vif (la couleur favorite de Crapaud) qui attendait devant le perron. Au moment où ils se trouvèrent devant la porte, celle-ci s'ouvrit toute grande et M. Crapaud, affublé de grosses lunettes, d'une casquette, de guêtres, d'un énorme manteau, descendit les marches en se pavanant; il était en train d'enfiler d'énormes gants à crispin.

***








Éditeur : Albin Michel - 3 novembre 2021
Images de Thibault Prugne
Texte de Kenneth Grahame
Traduit de l'anglais par Gérard Joulié et abrégé
Titre original : The Wind in the Willows (1908)
Format : 23 x 31 cm - 137 pages - 24.90 €

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